Logo-AERES          Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman IREMAM (UMR 6568) Aix-Marseille Université / CNRS VAGUE B (2012-2015) UNITE DE RECHERCHE : DOSSIER UNIQUE PROJET (PARTIE I : PROJET SCIENTIFIQUE)   Juillet 2010 Sommaire    1. Autoanalyse e  l’unité dans son champ de recherchue 2012-2015  Le positionnement de  Les lignes de force de la politique scientifiqQuelques inquiétudes Bilan de l’autoévaluation (Matrice SWOT)  2.  Projet et objectifs scientifiques de l’unité atiques   : pôles disciplinaires et pôles thémen partenariat  L’organisation de la recherche Des variations d’échelle : réseaux et programmes s   Des programmes sur contrat Des réseaux formés autour des revues hébergéesDes réseaux institutionnels  Les services d’accompagnement de la recherche  re  3.  Mise en oeuv e n personnel  Fonctionnement intern moyens eentifique  Évolution des Animation sciPartenariats Financement  4. Projet scientifique détaillé  LES POLES DISCIPLINAIRES  orain »  1. Pôle « Sciences sociales du contemp Axe 1 : Mobilisations, actions collectives, action publique   Axe 2 : Le Maghreb contemporain, un espace temps globalisé  hnicité  ements   Axe 3 : Pluralisation des sociétés, dynamiques de l’etAxe 4 : Mobilités et circulations/Frontières et enfermAxe 5 : Relations internationales et transnationales   tique »  2.  Pôle « Langues, Littérature, Linguisductologie  Axe 1 : Littérature arabe, Traduction, Tra e et Sociolinguistique  Axe 2 : SémitologieAxe 3 : LinguistiquAxe 4 : Épigraphie  e : objets et pratiques »  3. Pôle disciplinaire « Histoire  rchivté  Axe de recherche n° 1 : Du document à l’a Axe de recherche n° 2 : Autour de la proprié Axe de recherche n° 3 : Crédit et société  Axe de recherche n° 4 : Logiques d’empire  Axe de recherche n° 5 : L’islam : doctrines et pratiques  LES PÔLES THÉMATIQUES  1. Anthropologie, Histoire et Images : Images et imaginaires  Axe1 : Immigration, diasporas, migrations sud-sud, figures de mobilités plurielles Axe 2 : Crises humanitaires, crises sociales et  approches anthropologiques de la maladie, perspectives de genre, ONG sud-sud.  2. Pôle de la Recherche urbaine en Algérie  ormes et espaces urbains  Axe 1 : Les processus de fabrication de la ville : f Axe 2 : Vie sociale et modes de vie urbains : la construction de nouvelles urbanités Axe 3 : mutations économiques et urbanisation Axe 4 : de la production des villes à la gestion urbaine : politiques publiques, acteurs urbains et gestion de la ville   et genre dans la cité   3.  Féminités, masculinités. Relations de genreAx e 1 : Genre, sexualités, transgressions et enjeux moraux  Féminités, masculinités, enjeux moraux et éthiques contemporains e des analyses intersectionnelles   (projet MMSH)  Islam et homosexualité au prismGAxe enderMed: Genre, Transgressions et Normes en Méditerranéet  2 : Genre, ethnicité et religion Genre et fondations pieuses (waqfs) dans le Damas Otoman  ue français : enquête sur les enjeux autour de la « diversité  Ethnicité et genre dans le champ politiq féminine » Axe Genre et conversions à l’islam en France   3 : Transformations des relations de genre Transformations du Genre en péninsule arabique et dans la corne de l’Afrique Maternité, paternité : métamorphoses et permanences de la différenciation sexuée   n »  4. Pôle thématique « Colonisation / postcolonisatio Axe 1 : Héritages conflictuels : colonisation, savoirs et imaginaires Axe 2 : De la « situation coloniale » revisitée. Proposition pour une approche socio-historique et anthropologique des pratiques   TEXTES DLANCEMENT DES PROGRAMMS EN PARTENARIATS ET DES CONTRATS  E ELES PROGRAMMES EN PARTENARIATS  1. Programmes transversaux de la MMSH ifférenciation sexuée  Maternité, paternité : métamorphoses et permanences de la dMIMED : Lieux et territoires de la migration en Méditerranée  2. Les réseaux thématiques de recherche  Droits de propriété et appartenance locale dans les sociétés de l’époque moderne Les wa qfs musulmans, chrétiens et juifs du Moyen-Orient des origines à nos jours  LES PROGRAMMES SUR CONTRAT : Réponses déposées aux appels d’offre 2010 1. La « question chinoise » en Méditerranée : enjeux migratoires, logiques commerciales et recompositions urbaines (Med in China)  ANR Les suds aujourd’hui II, 2010 2. Politiques du Mur : séparation / contrôle dans la globalisation (Enigmur)  ANR « Espace et territoire », édition 2010 3. Dynamique du Réseau des Agglomérations et du Système Urbain en Algérie. Métropolisation, Recompositions Territoriales et Sociales (DYRASA)  ANR Les Suds aujourd’hui, II 4. Knowledge, Education and Cultural Production in the Nile Valley. Entangled Histories from Modern Egypt and Sudan  4 ERC starting grant 5.  Représentation, participation et militantisme politique au Maghreb : pouvoirs et sociétés en réseau  PICS Francoespagnol  1. Auto-analyse Le positionnement de l’unité dans son champ de recherche Le dispositif français de recherche sur le monde arabe et musulman a éé créé, pour l’essentiel dans les années 19701. Il s’est développé de manière continue durant deux décennies, avec une forte croissance du nombre des laboratoires (en métropole ou dans le bassin méditerranéen) et une augmentation plus irrégulière du nombre des chercheurs. Dans les années 1980, il s’est, au contraire, sensiblement resserré autour d’un nombre plus réduit de centres de recherche et d’enseignement. Corollairement, les effectifs de chercheurs ou enseignants-chercheurs ont  baissé, les départs en retraite commençant à l’emporter sur les recrutements. Dans le même temps, la distribution s’est plus fortement polarisée autour de quelques gros centres. Si Paris et la région Ile de France conservent une forte centralité, Aix-en-Provence, apparaît, parmi les centres de province qui se maintiennent, comme une seconde métropole, à la fois par la qualité de son département d’Études moyen-orientales et par la présence de l’IREMAM. Cette évolution institutionnelle s’est accompagnée de partages disciplinaires, confortant, à Paris comme en province, des spécialisations locales : ainsi, l’islam médiéval est surtout présent à Paris ; les études ottomanes se partagent entre Paris et, dans une moindre mesure, Strasbourg sur le versant turc, et Aix-en-Provence sur le versant arabe, tandis que les études contemporaines sont désormais marquées par la part croissante qu’y tiennent les Instituts d’Études politques. Partout, quelques disciplines semblent en difficulté : l’islamologie (sans doute en raison du niveau élevé d’érudition qu’elle requiert), les études berbères, ou le  droit musulman, notamment. Dans ce paysage recomposé et en dépit d’une conjoncture partout préoccupante, l’IREMAM conserve une position plutôt favorable. Contrairement à d’autres centres, il a su garder une bonne attractivité : il la doit sans doute à sa taille (ses effectifs se maintiennent autour d’une quarantaine de permanents titulaires), à l’ancienneté et à la richesse de ses collections documentaires, à son dynamisme éditorial. Mais il le doit aussi à son environnement immédiat, au sein d’un campus thématique de recherche (MMSH) dédié au monde méditerranéen, dont le développement se confirme et qui est doublement appuyé par l’Université et par la Région, Outre la visibilité que donne cette structure fédérative de recherche à chacune de ses composantes, ce positionnement, institutionnel et géographique permet aussi de compenser les effets négatifs de l’extrême polarisation évoquée plus haut grâceaux complémentarités offertes par la juxtaposition d’une dizaine de centres de recherche en sciences sociales autour d’un  même objet. Cette configuration favorable a également permis à l’IREMAM d’accompagner efficacement l’accélération donnée, à partir de 2005, au développement du réseau des centres de recherche à l’étranger (UMIFRE), particulièrement nombreux autour de la Méditerranée (une dizaine de centres : Rabat, Tunis, Le Caire / Khartoum, Sanaa, Damas / Beyrouth / Amman, Istanbul, Téhéran). Couplés au réseau des Grandes écoles à l’étranger (Le Caire) et à d’autres institutions de statut divers (Alexandrie, DEAC au Caire), ces instituts partenaires forment un ensemble impressionnant et potentiellement doté d’une forte attractivité internationale. La participation massive des membres de l’IREMAM à l’impulsion qui lui a été donnée (quatorze chercheurs ou enseignants-chercheurs en détachement ou affectation temporaire dans ces centres entre 2005 et 2010) contribue à une très forte intégration de l’IREMAM dans le dispositif de recherche français en Méditerranée.                                                               1 Je m’appuie ici sur les rapports que j’ai présentés au colloque u Centenaire de l’agrégation d’arabe (2006) et aux Premières Assises de l’enseignement de la langue et de la culture arabes (2008).  Elle a, enfin, favorisé l’adaptation de l’Institut à de nouvelles manières de faire de la recherche : désormais, les programmes de recherche se construisent à des échelles variables de partenariats, du plus proche (les autres laboratoires de la MMSH, l’Institut d’Études politiques d’Aix-en-Provence) au plus lointain (les consortiums formés pour répondre aux appels d’offre nationaux ou internationaux). Les résultats du dernier quadriennal, détaillés dans le bilan scientifique, confirment une évolution dont prend acte la nouvelle organisation de la recherche résentée dans ce projet.  p  Les lignes de force de la politique scientifique 20122015 Dans ce projet pour le quadriennal 2012- 2015, on a donc opté pour une organisation interne plus souple et donnant plus de place d’une part aux activités transversales optimsant la nature pluri-disciplinaire du laboratoire, d’autre part aux programmes en réseau, conduits dans des formes variées de partenariats. Ce dispositif permet aux chercheurs d’inscrire librement leurs travaux, d’une part dans des logiques disciplinaires ou thématiques, un même chercheur pouvant s’intégrer à la fois dans un pôle disciplinaire et dans un pôle thématique ; et, d’autre part, de moduler les échelles de leurs interventions, en jouant sur les formes et les niveaux de  mise en réseau de leurs activités.  Il vise aussi à intégrer plus facilement les chercheurs étrangers accueillis à titre temporaire soit en congé sabbatique, soit sur des bourses ou des contrats internationaux (Marie Curie, DAAD, fondations scientifiques), le renforcement de ces formes nouvelles d’accueil international, développées depuis 2008, restant une des priorités de la politique scientifique de l’unité. Les candidatures déjà déposées pour un accueil à l’horizon 2012 confirment le potentiel de l’unité dans ce domaine : les ressources documentaires de la région (médiathèque de la MMSH, CAOM, Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, Bibliothèques Méjanes ou Alcazar, etc.), l’insertion dans le campus de la MMSH, l’adossement à une grande université, la vitalité des réseaux internationaux dans lesquels s’insèrent ses activités de recherche lui donnent incontestablement une psition favorable. La politique d’accueil mise en place en 2008 complète ces atouts, en offrant aux chercheurs accueillis un appui logistique (bureau, poste de travail, connexions, etc.) et un soutien financier, notamment pour des missions dans les centres AM.   de recherche en Méditerranée, par ailleurs partenaires de l’IREMEnfin, cette nouvelle organisation devrait permettre également une plus grande participation des doctorants aux activités scientifiqus du laboratoire. On verra dans le projet scientifique détaillé que la plupart des axes de recherche retenus comportent des séminaires ouverts ax étudiants de master (avec le statut de cours optionnel de spécialité) et de doctorat. La politique de soutien financier du laboratoire à leurs travaux de terrain et à leur participation dans des dgétaire.  congrès internationaux reste également l’un des priorités fortes de la politique buPour le reste, la programmation scientifique continuera de s’appuyer sur les réponses aux appels d’offre : les bonnes performances de l’unité lors du quadriennal précédent devraient se confirmer à l’horizon 2012. Cinq projets ont déjà été déposés sur les appels 2010 et deux autres sont en préparation. Même si tous ne sont pas retenus, les contrats de recherche devraient se ec le  6 maintenir avmême turn-over que précédemment. Amorcée en 2008, la réorganisation des services techniques d’appui à la recherche devra se maintenir. Le renforcement de l’équipe d’ITA permet d’afficher trois champs d’action prioritaires qui constitueront les grands chantiers e la période 2012-2015 : dans le domaine des publications, la poursuite du passage à l’édition électronique d’une part, du conventionnement des collections publiées en co-édition chez les éditeurs privés, d’autre part ; dans le domaine documentaire, la poursuite de la numérisation et de la mise en ligne  des fonds patrimoniaux (archives scientifiques et iconothèque) ; enfin, en matière de communication et de valorisation, après la refonte du site web et la mise en place d’un service de presse, c’est le développement d’une lettre d’information et le développement de portails  dédiés qui feront l’essentiel de la programmation 2012-2015. Cette réorganisation s’appuie sur une politique de formation poursuivie depuis plusieurs années (avec le soutien de la Délégation Provence du CNRS) dans des métiers en évolution rapide (édition électronique, communication, echnologies et usages du web, outil vidéo…).  t  uin Quelqes quiétudes Dans ces perspectives, les faiblesses et les inquiétudes tiennent essentiellement au ralentissement du recrutement. Il affecte aussi bien le personnel de recherche (le dernier recrutement de chercheur permanent date de 2006) que le personnel technique, où l’on reste un peu en dessous du simple renouvellement. Cette érosion lente des ressources humaines menace plus directement les disciplines les moins représentées statistiquement (y compris au niveau national) comme l’islamologie, l’économie ou le droit. Si l’IREMAM est loin d’avoir le monopole de ces faiblesses, il risque, si une telle situation se prolongeait, de voir s’amoindrir ce qui fait une large part de sa qualité : la pluri-disciplinarité de ses approches. Bien au-delà du seul horizon de l’unité, c’est aussi, avec l’effacement des disciplines d’érudition, une vision u universaliste de la connaissance qi se trouve menacée. Enfin, le corollaire inquiétant de la baisse du recrutement est le vieillissement progressif des cadres. Depuis quelques années, on s’efforce d’y remédier en jouant à la fois sur l’accueil international et sur les recrutements temporaires de post-docs rendus possibles par les contrats de recherche. Si ces deux aspects de la politique de gestion doivent être reconduits à l’horizon du quadriennal 2012-2015, ils ne pourront à eux seuls compenser les dommages provoqués par le sous-recrutement.     Bilan de l’autoévaluation Matrice SWOT        Positif  Négatif   Origine interne  rces  Fo Faiblesses nent  Taille de l'unité  Faiblesse du recrutement permamologie  Pluridisciplinarité  Affaiblissement de l'islae   Visibilité dans le champ ttractivité internationale  Absence de l’économiffacement du droit  A       Origine externe  Opportunités Environnement local (MMSH)  Menaces  Vieillissement des cadres Disparition des disciplines 'érudition  Environnement régional (UMIFRE)  d   Insertion internationale Centralité des questions méditerranéennes            2. Projet et objectifs scientifiques de l’unité L’organisation de la recherche : pôle disciplinaires et pôles thématiques La rédaction de ces prospectives pour 2012-2015 a été l’occasion d’une importante refonte de la structuration interne du laboratoire. Les activités de recherche s’y développeront désormais selon un croisement entre des pôles disciplinaires et des pôles thématiues, les uns et les autres développant leurs propres axes de recherche et contribuant, le cas échéant, à des programmes sur contrats ou à des réseaux thématiques de recherche. Cette nouvelle  organisation répond à une double nécessité : — Les pôles disciplinaires visent à maintenir un affichage disciplinaire assez fort pour offrir aux jeunes chercheurs de l’unitél’environnement méthodologique et le référencement théorique ont ils ont besoin. Ils sont étroitement liés aux enseignements de Master et aux séminaires de  d recherche ou de formation doctorale.   — Les pôles thématiques permettent, au contraire, de regrouper autour d’objets partagés ou de thématiques transversales des chercheurs relevant de disciplines différentes. Ils sont eux aussi couplés à des séminaires de master ou de formation doctorale et permettent d’optimiser le  caractère pluridisciplinaire de l’unité. Le tramage de ces deux formes d’organisation interne de la recherche permet aux membres de l’unité de s’insérer souplement dan des activités collectives. Pour le quadriennal 2012-2015,  on a retenu trois pôles disciplinaires : «ot cot —  Sciences sciales du monde contemporain », qui s’appuie suroutsur la sciene pliique, la sociologie, l’anthropologie et la géographie ; — « Langues, littératures, linguistique », qui regroupe toutes les disciplines de la langue, rientales, anciennes et  appliquées à l’ensemble des langues du département d’Études moyen-oodernes ; « Histoire : objets et pratiques », qui réunit historiens et islamologues ;  m—    et quatre pôles thématiques:  — « Anthropologie, histoire, image », qui prolonge et élargit un programme transversal de l’IREMAM ; — « Pôle de la Recherche urbaine en Algérie », lancé lui aussi comme programme transversal de llement plus large et déjà  l’unité en 2008, mais qui désormais constitue un réseau institutionneghreb ;  genre et genre dans la cité »  en passe de s’étendre à l’ensemble du Ma— « Masculinités, féminités : relations de Cs — «oloniations / post-colonisations » Les deux premiers entérinent l’élargissement de projets lancés comme programmes transversaux au cours du quadriennal précédent(2008 et 2009 respectivement) ; les deux utres, au contraire, relèvent de thématiques émergentes.  a       partenariats Des variations d’échelle : réseauxet programmes en  Au-delà du périmètre de l’institut, les activités se déploient dans des partenariats de plus en versifiés.  plus di—Les Programmes transversaux de la MMSH répondent à des appels d’offre lancés à partir de 2009 pour renforcer les synergies entr les laboratoires membres. L’IREMAM est associé à deux d’entre  eux :  « Migrations en Méditerranée » (MiMED) « Paternité, maternité : métamorphoses et permanences de la différenciation sexuée » Ils seront l’un et l’autre achevés avant le début du prochain quadriennal, mais on peut gager que cette politique de partage des objets de recherche au sein de l’USR se maintiendra etqu’elle ra une paricipation régulière de l’ susciteIREMAM.  —Les Réseaux de recherche thématiques associent, autour d’un même objet, des membres de l’IREMAM et des chercheurs appartenant à d’autres institutions nationales ou internationales. Ils viseeux réseaux nt souvent à compenser les effets de la forte polarisation évoquée plus haut. D  de ce type ont été retenus pour le projet 2012-2015 : « Droits de propriété et appartenance locale dans les sociétés de l’époque moderne » « Un phénomène de société : les waqfs chez les musulmans, les chrétiens et les juifs du Moyen-Orient des origines à nos jours »  Des programmes sur contrats Au moment de la rédaction de ce projet, il est bien évidemment impossible de dire avec précision ce que seront les contrats de recherche souscrits par l’IREMAM à l’hoizon 2012-2015. Tout au plus peut-on évoquer les réponses déjà déposées aux appels d’offre en cours et des projets encore en préparation qui seront soumis en 201 ou 2012. Qu’ils soient ou non retenus, ces projets contribueront à structurer l’activité scientifique de l’IREMAM dans les années qui viennent. Cinq projets ont été déposés en 2010, deux autres sont en cours d’élaboration.  Appels d’offre ANR   Trois projets ont été déposés en 2010 et sont en cours d’examen :  — erciales et rec La « question chinoise » en Méditerranée : enjeux migratoires, logiques comm ompositions urbaines (Med’in China) — « Politiques du Mur : séparation / contrôle dans la globalisation » (Enigmur) — « Dynamique du réseau des agglomérations et du système urbain en Algérie. Métropolisation,  recompositions territoriales et sociales (DYRASA) Deux autres projets seront soumis en 2011, dont les textes ne sont pas assez avancés pour être  donnés ici mais que l’on peut déjà mentionner : — « KinShiP Processing System and Linguistic Analysis. Le vocabulaire de la parenté dans les  langues chamito-sémitique », à soumettre dans le cadre d’un appel franco-allemand (Aix-en-Provence / Bayreuth) —« Transgressions des normes sexuelles dans les sociétés musulmanes », à soumettre dans le cadre d’un appel d’offres franco-britannique (Aix-en-Provence / Nottingham)    ERC Starting Grant — « Knowledge, Education and Cultural Production in the Nile Valley. Entangled Histories from Modern Egypt and Sudan » (Götz Nordbruch)  PICS(CNRS) francoespagnol  — « Représentation, participation et militantisme politique au Maghreb : pouvoirs et sociétés en  réseau » (IREMAM / IESA, CSIC). On en trouvera la présentation détaillée en annexe, après la présentation des pôles et des programmes.  Des réseaux formés autour des revues hébergées Les revues et publications hébergées par l’IREMAM sont toutes dotées de comités e lecture indépendants extérieurs à l’institution et largement internationaux par leur composition. Autour de ces titres se forment des réseaux, ouverts et mobiles, de contributeurs et d’évaluateurs qui participent très fortement à la structuration de la communauté scientifique autour d’un hamp. Depuis deux ans, la mise en place de la programmation des trois titres hébergés par l’IREMAM s’est accompagnée de l’organisation de rencontres utour de journées d’étude qui permettent d’en réunir les membres. À ce titre, les revues et publications hébergées contribuent à l’animation de la vie scientifique de l’unité et tendent à faire naître autur d’elle de véritables pôles thématiques.   bservatoire du Maghreb contemporain   : Éric Gobe  •L'Année du Maghreb, oResponsable scientifiquection : Sabine Partou Secrétaire de rédache Revue propre du CNRS, L’Année du Maghreb, publiée par CNRS Editions, paraît chaque année au mois de novembre de l’année de référence indiquée sur la couverture. La publication, qui a reconquis l’ancienne visibilité de L’Annuaire de l’Afrique du Nord, comprend des chroniques ainsi que des dossiers thématiques (de 180 à 200 pages). Après le dossier de L’Année du n, les  Maghreb 2010, portant sur « Sexe et sexualités au Maghreb », coordonné par F. Pouillothèmes retenus pour les trois dossiers suivants sont : s (Année  - Le Sahara contemporain, dans une optique pluridisciplinaire, coordonné par D. Casajudu Maghreb 2011) ; ordonné par Mohamedozy (Année du  - Les politiques religieuses des États du Maghreb, co TMaghreb 2012) ;  - Le Maghreb sans l’Europe, coordonné par A. Mahiou (Année du Maghreb 2013). La publication peut compter actuellement sur plusieurs dizaines de collaborateurs réguliers ou occasionnels, ce qui potentialise considérablement nos propres forces de recherche sur le Maghreb. Par ailleurs, nous avons le souci que la publication soit autonome sur le plan scientifique et notamment que son conseil de rédaction « fonctionne selon des normes internationales », pour reprendre la formule de l’AERES. Dans le même temps, le rédacteur en chef s’appuie, pour diverses tâches (chroniques, relectures et corrections d’articles…) sur un  noyau de chercheurs de l’IREMAM spécialistes du Maghreb, et d’ITA. Pour le prochain quadriennal, nous avons l’intention de renforcer la collaboration avec les partenaires maghrébins et européens, ainsi évidemment qu’avec les IFRE au Maghreb (IRMC de unis et CJB de Rabat), dans le but notamment de mobiliser les jeunes chercheurs affiliés à ces entres.  Tc   Musulmans et de la Méditerranée   çois Siino  • La Revue des MondesDirecteur adjoint : FranRr 11  Secrétaire de rédaction : Danièle ouvie La Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée est une publication de sciences humaines et sociales qui préente, dans des livraisons thématiques, des études sur l’ensemble du monde musulman. La REMMM publie deux numéros thématiques annuels d’environ 320  pages dans deux séries : « Histoire » et « Mondes contemporains ». Ainsi, tout en étant un forum des sciences sociales et humaines (histoire, science politique, anthropologie, sociologie, géographie...), la REMMM assume de façon équilibrée sa double vocation de revue historique et d’observatoire du temps présent. Dans chacune de ses livraisons, sur un thème donné, des spécialistes de l’Inde musulmane, des mondes iranien, et ottoman, des Balkans, de l’islam africain, en plus des collaborateurs habituels de la REMMM sur le Maghreb et le Machreq, apportent leur contribution chacun dans un article. Le responsable du numéro écrit pour sa part une introduction synthétique et fait alors le point, relevant, notamment, pour le thème traité, éléments structuraux et discontinuités. En plus du thème, chaque volume propose des études libres, des comptes-rendus critiques d’ouvrages concernant le champ de la REMMM (Lectures), un signalement d’ouvrages et périodiques venant de paraître (Signalements bibliographiques) ainsi qu’une sélection de ressources élec troniques (Bibenligne).  La REMMM et l’évaluation par les pairs. Aujourd’hui hébergée par l’Institut de Recherches et d’Etudes sur le Monde Arabe et Musulman, la REMMM s’est dotée depuis plusieurs années d’instances scientifiques indépendantes. Les projets de thématiques qui lui sont proposés sont systématiquement soumis à l’approbation d’un Comité scientifique internaional. Tous les articles publiés par la REMMM sont évalués anonymement par deux lecteurs extérieurs au Comité de rédaction de la revu, qu’il s’agisse de contributions aux dossiers ou de propositions spontanées. Ces procédures d’évaluation, conformes aux standards internationaux, lui valent de figurer dans la liste de revues reconnues par l’AERES. Elle est considérée comme revue de rang "A" par le CNRS et bénéficie de son label scientifique. Elle reçoit également le soutien de l’Université de Provence qui l’édite depuis début 2008 (Publications de l’Université de Provence).   La REMMM en ligne. La version numérique de la revue est accessible en intégralité par l’un ou l’autre des deux portails Revues.org ou Persée. Le contenu disponible sur chacun des portails est interrogeable par les sommaires des numéros et en mode plein texte par moteu de recherche (du n°1 au n°85-86 sur Persée ; à partir du n°87-88 sur Revues.org). La REMMM est désorma is publiée en ligne avec une barrière mobile de 3 ans.  Diffusion. La revue est diffusée par abonnements ainsi qu’en vente au numéro en librairie. Elle intéresse en premier lieu les spécialistes du monde arabe et musulman à l’échelle nationale et internationale (nombreuses institutions étrangères abonnées), mais aussi un public cultivé plus large à la recherche d’informations approfondies et d’une vision non essentialiste de cette ire géographique.   iècle (I. Grangaud et N. Michel)   Programmation thématique à l’horizon 2010  2010-1 : L'identification. Des débuts de l'islam au XIXème se-Abdallah)   2010-2 : Féminismes islamiques (S. Latt 2011-1 : Historiographie des débuts de l'islam (A.Borrut)   2011-2 : La mer et le sacré (Ch. Picard)  2012-1 : Enseignement supérieur, mondialisation et pouvoirs dans le monde arabe (V. Romani) 012-2 : L'ibâdisme au Maghreb : lieux et enjeux de mémoire (C. Aillet – proposition en cours ’évaluation).  2d      lem Chaker  • L’Encyclopédie berbèreDirecteur scientifique : Sane Partouche  12  Secrétaire de rédaction : SabiCréée par Gabriel Camps en 1984, l’Encyclopédie berbère est une publication à suite qui a pour objectifs de rassembler, synthétiser et mettre à disposition les savoirs sur les Berbères, considérables mais jusque là extrêmement dispersés et fragmentés entre des champs académiques très étanches. Elle couvre principalement les sciences historiques (toutes époques), l’ethnologie et l’anthropologie, la linguistique, la littérature et la géographie. Depuis 1984, 28 fascicules (de 160 pages en moyenne) sont parus, – soit 4 250 pages imprimées. – contenant environ 1 100 notices – rédigées par environ 120 auteurs distincts. Publiée, jusqu’au  fascicule XXVIII-XXIX (2008), par l’éditeur aixois EDISUD, elle est, depuis 2009 (fascicule XXX, du lettre M), publiée chez l’éiter Peeters (Louvain/Paris). L’Encyclopédie Berbère est soutenue par l’IREMAM (CNRS, Aix-en-Provence) et l’INALCO. Depuis 2008, elle bénéficie également du soutien de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (AIBL, Institut de France) et du Réseau Interuniversitaire pour l’Afrique du Nord  Antique et Médiéval (EPHE). Paraissant au rythme d’un fascicule par an, elle devrait compter encore une dizaine de volumes. Au-delà, le projet est à l’étude d’une publication de volumes thématiques, regroupant autour d’un objet des notices (éventuellement actualisées pour l’occasion) dissociées par le classement alphabétique. Les réunions (annuelles) du comité scientifique sont désormais couplées à des journées d’études.  Des réseaux institutionnels  Enfin l’IREMAM est appelé à faire partie de plusieurs réseaux institutionnels élaborés à l’occasio de ce quadriennal. Le premier est un projet de structure fédérative, remembrant le e   dispositif régional de recherche dans ldomaine des sciences de l’éducation ; les deux autressont des projets de formations européennes co-diplômantes.   1. StructureFédérative d’Études et de Recherches en Éducation de Provence (SFERE-Provence), projet porté par l’IUFM d’Aix-en-Provence (resp. J. Ginestié)  2. Doctorat Erasmus d’études urbaines, projet HEurMed (Hautes Etudes urbaines en régions Méditerranéennes) porté par l’Université Paul Cézanne (resp. D. Pinson) 3. Master européen d’études berbères, projet porté par l’Université de Provence (resp. S.  Chaker) es trois projets font l’objet d’une demande de reconnaissance au titre du quadriennal 2012-015.  C2  Les services d’accompagnement de la recherche Leur réorganisation s’est amorcée dès 2008. Dans ce domaine, le quadriennal à venir s’inscrira dans la continuité des politiques actuelles, ouvrant simplement de nouveaux chantiers dans les projets en cours. Le renforcement de l’équipe technique, évoqué dans le bilan, ouvre dans ces  domaines des perspectives renouvelées.  L’IREMAM est, dans son champ de compétence, un pôle éditorial de référence. Il héberge deux revues (L’Année du Maghreb, revue propre du CNRS, et la Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée), en soutient une troisième (Turcica, publié par le Centre d’Histoire du Domaine turc, EHESS), accueille et soutient l’Encyclopédie berbère. Enfin, il publie des ouvrages (4 à 6 par an en moyenne) en co-édition avec des éditeurs du secteur privé. L’appui apporté par l’unité à ce secteur est surtout celui de ses personnels (une chercheuse chargée de la coordination du service des publications et deux assistantes d’édition à plein-temps, de niveau AI, qui assurent la préparation des manuscrits, la relecture des épreuves, l’élaboration  des conventions avec le  13service SPV, la diffusion de l’information).  À l’horizon 2012-2015, la priorité sera mise sur le passage à l’édition électronique. Durant l’année 2010, la numérisation de l’Annuaire de l’Afrique du Nord (arrêté en 2003) a été achevée : cette immense somme documentaire est désormais accessible sur un site web dynamique élaboré en collaboration avec la Médiathèqe et le service informatique de l’IREMAM (http://aan.mmsh.univ-aix.fr/Pages/default.aspx). Les deux revues, REMMM et Année du  Maghreb, sont, elles, accessibles en texte intégral avec une barrière mobile de trois ans, sur le site de Revues.org (http://remmm.revues.org/ et http://anneemaghreb.revues.org/). L’Encyclopédie berbère devrait les rejoindre dans le courant de l’année 2011. Au-delà, c’est la mise en ligne du catalogue ancien qui sera lancée,  soit quelques 143 titres publiés avant la mise en place des collections actuelles. Cette opération sera conduite en collaboration avec le CLEO (Marseille), dans le cadre d’une politique concertée et qui dépasse le seul cadre de l’unité. Des formules nouvelles de mise à disposition du public sont à l’étude (édition à la carte,  notamment).  Intégrées depuis dix ans à la Médiathèque de la MMSH, les collections de l’IREMAM constituent un  pôle documentaire de premier ordre (l’un des meilleurs au monde sur l’Afrique du nord), labélisé par la BNF (pôle associé). L’IREMAM apporte un soutien actif au fonctionnement de ce service mutualisé (affectation de trois ITA à plein-temps, budget annuel de 15000 euros pour les acquisitions en langues orientales, missions pour les foires du livre dans le monde arabe, vacations pour le catalogage en arabe). En coopération étroite avec les personnels de la MMSH, le laboratoire a lancé depuis 2009 une politique active de numérisation des fonds patrimoniaux : grâce à une collaboration avec le Centre Interrégional de conservation du livre d’Arles et dans le cadre d’un projet méditerraéen (ManuMed) soutenu par la communauté européenne et la région PACA, il a entrepris la mise en ligne d’une collection rarissime de t manuscrits berbères reçue en legs : les trente premiers itres sont accessibles sur le site du projet : http://www.e-corpus.org/ http://www.e- La numérisation de la collection complète (plus de 200 titres) devrait être achevée dans le courant de 2012. En 2010, on regroupé les premiers manuscrits dans une « Bibliothèque virtuelle des documents patrimoniaux berbères, permettant un accès plus direct à la collection et qui offre aussi d’autres collections berbères, publiques ou privées : corpus.org/fre/virtualcollections/etudes_berberes/index.htmlCette première réalisation devrait se compléter de la numérisation des archives scientifiques liées à ce legs (Fonds Arsène Roux), plus complexe car nécessitant un catalogage plus fin que celui actuellement disponible (réalisé au niveau du seul dossier quand le passage à la mise en ligne requiert une indexation au niveau du document). Pour réaliser cette deuxième phase du projet, des conventions ont été signées avec l’IRCAM (Institut Amazighe de Rabat), la Bibliothèque royale du Maroc et le CNRPAH (Musée du Bardo) d’Alger, de façon à constituer un  comité scientifique d’experts capables d’encadrer  la réfection du catalogue. Dans le cadre du même partenariat euro-régional, et avec l’appui technique et financier de la BNF, on a également entrepris de numériser une collection d’ouvrages anciens sur le droit musulman également accessibles sur www.e-corpus.org que l’on envisage également de produire en DvD (« 50 titres rares sur le droit musulman »). Cela pourrait être le premier titre d’une collection de projets comparables  qui pourront  conduits sur d’autres segments des onds cieux de nos collections.  les plus anciens et les plus préEnfin, dans le domaine de la valorisation et de la communication, les orientations nouvelles mises en place depuis la réfection du site web de l’unité (www.iremam.univ-provence.fr mis en ligne en septembre 2009) devront se renforcer : parmi les chantiers prévus figurent le lancement d’une lettre d’information électronique et la publication d’une plaquette triingue (français, anglais, arabe) dès la validation du quadriennal. Le succès rencontré par le stand de l’IREMAM (seul laboratoire représenté) lors du dernier Congrès mondial des études sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord) a fait la démonstration de la nécessité et de l’efficacité de ses produits de communications. Dans le domaine plus spécifique de la valorisation, les perspectives les plus intéressantes devraient venir d’un projet de convention entre France 5, le CNRS audiovisuel et l’IREMAM, en marge des activités (de réalisation documentaire notamment) du pôle « Anthropologie, Histoire, Image ».  3. Mise en oeuvre Pour la mise en oeuvre de ce projet, l’IREMAM dispose des outils nécessaires, mais qui restent ous la menace d’une réduction de ses effectifs et de ses moyens.  s  Fonctionnement interne Longtemps dominés très fortement par les personnels CNRS, les effectifs de l’IREMAM sont désormais partagés de manière paritaire entre l’Université et le CNRS, au moins en ce concerne les personnels d’enseignement et de recherche (13/13 pour les personnels présents dans l’unité en juillet 2010, 5/5 pour les personnels en affectation temporaire dans les UMIFRE), la distribution des effectifs ITA / BIATOS restant quant à elle très déséquilibrée (9.5 pour le CNRS /1, en CDD, pour l’Université). Pour acter cette situation nouvelle, la direction a proposé la nomination d’une directrice-adjointe et suggéré que le pilotage de l’unité soit désormais assuré par un tandem Universté / CNRS. La proposition de nommer à ce poste Mme Homa Lessan-Pezechki (MCF, Dpt d’études moyen-orientales) a été validée par le conseil de laboratoire en 2009 et entérinée par les tutelles au début de l’année 2010. Cette solution permet de parachever l’intégration entre les deux tutelles principales. Le décalage entre les dates de nomination de la directrice (2008) et de son adjointe (2010) devrait, en outre, faciliter le cas  échéant le renouvellement de l’équipe dirigeante et assurer la continuité de la gestion.  Les deux directrices bénéficient du concours d’une assistante de direction, chargée des relations internationales. L’équipe administrative se complète d’une gestionnaire-comptable et d’un secrétariat chargé de toutes les formes d’accueil (Masters, doctorats, stagiaires de recherche en court et long séjour) ainsi que du service interne. Enfin, comme toutes les UMRs de grande taille, l’IREMAM a un conseil de laboratoire qui se réunit trois fois par an et l’Institut se réunit en assemblée générale au moins un fois par an. Ces deux instances ont été consultées à six reprises pour la préparation de ce rapport, dans des réunions échelonnées entre le 17 novembre 2009 et le 22 juin 2010.     Évolutiondes moyens en personnel L’IREMAM devrait retrouver, sur ce terrain, une situation rééquilibrée en 2012 : dans les échanges avec le réseau des UMIFRE  en Méditerranée, il y a aura désormais plus de retours que de départs ; mais il reste d’une nécessité absolue de procéder à de nouveaux recrutements, si l’on veut maintenir le dynamisme acquis depuis 2005, notamment dans le réseau méditerranéen. En clair, si l’IREMAM lui-même n’est plus réalimenté, il ne pourra plus jouer le rôle d’appui qui est actuellement le sien auprès des centres de recherche en Méditerranée. De même, si l’équipe d’ITA vient d’être renouvelée et rajeunie grâce à quelques renouvellements de poste, ses effectifs vont s’éroder au cours du prochain quadriennal (à la documentation notamment) et on ne pourra maintenir le même dynamisme si les départs en retraite annoncés à compter de 2013 ne sont pas compensés par de remplacements.  15 Animation scientifique Depuis 2008, la coordination scientifique, confiée à un ingénieur de recherche (F. Siino), fonctionne en coopération étroite avec le service de communication (Anne Debray-Décory) dont les compétences élargies  (site web, communication et manifestations scientifiques groupées sous une même responsabilité) permettent une diffusion beaucoup plus efficace de l’information scientifique. Cette configuration a permis le lancement et le pilotage de deux formes régulières d’animation proposées par l’unité : les Rencontresdébats de l’IREMAM et l’IREMAM accueille.  En offrant plus de pôles transversaux que de pôles disciplinaires, la nouvelle configuration interne portée à ce projet devrait encore améliorer la situation et offrir une meilleure synergie de compétences.  Partenariats Établis à des niveaux très variables et pour des actions diverses (recherche, documentation, édition, etc.) les partenariats sont désormais au coeur même du fonctionnement institutionnel de l’IREMAM. Ils font l’objet d’une politique systématique de conventionnements et régulièrement soumis à l’approbation du Service partenarat/valorisation de la délégation régionale. Depuis 2008, on a entrepris le renouvellement et la mise à jour de toutes les conventions existantes selon des formulaires stables. Cet effort sera poursuivi dans le  quadriennal 2012-2015. Les partenariats en cours concernent à la fois des projets de coopération scientifique, souvent liés à des programmes de recherche (y compris sur contrats), des projets éditoriaux et des actions a ponctuelles de formation (ccueil en stage). Les principaux partenaires sont :  • La MMSH et au-delà, le réseau des MSH (Pôle de la recherche urbaine, Archives scientifiques) • Les centres de recherche français à l’étranger et tout particulièrement l’IFPO (co-édition, cartographie, contrats de recherche), le CEFAS (Archives du Yémen) et le CEAlex avec l’IRMC (Pôle de la  (Alexandrie ottomane et moderne). Un accord est en projet • recherche urbaine) Les centres de recherche de l’EHESS, particulièrement l’IISMM  res), le CREAD (Alger) et le  • L’IRCAM (Rabat) et le CNPRAH (Alger) (archives berbèCRASC (Programmes de recherche) L’état des conventions de co-édition a été donné dans le Bilan.  Financement Maintenues à niveau constant depuis plus de huit ans, les ressources propres sont désormais légèrement insuffisantes, du fait du retour progressif des chercheurs en détachement temporaire, avec des départs désormais inférieurs aux retours, et du développement de l’accueil international de longue durée, qui nécessite un soutien logistique formalisé par les conventions d’accueil (bureau, informatique, budget de fonctionnement). Les ressources contractuelles sont, par définition, impossibles à estimer précisément. La bonne réactivité des chercheurs aux appels d’offre laisse espérer que la recherche sur contrats se maintiendra à son niveauactuel  pour le quadriennal à venir.  En revanche, il faudra impérativement former et recruter, sur CDD pris sur les contrats, un ou une gestionnaire dédié(e) à cette part de la gestion, une seule personne ne pouvant pas réellement suffire aux besoins de l’unité.   Conclusion L’adéquation entre les ressources et le projet semble donc, en l’état actuel, satisfaisante, si l’on excepte les inquiétudes déjà évoquées sur le renouvellement des effectifs : l’IREMAM a les moyens de mettre en oeuvre sa politique scientifique. A l’heure de la rédaction de ce projet, quelques incertitudes subsistent encore, en raison notamment de la très grande mobilité de ses membres. On a ainsi préféré ne pas désigner dès maintenant tous les responsables des pôles ou des axes de recherche et attendre que deschercheurs actuellement en poste à l’étranger, mais qui rejoindront l’unité avant 2012 et ont confirmé leur participation à ce projet, puissent se prononcer sur leur éventuelle implication dans le pilotage des activités de recherche. Ces précisions de détail n’affectent pas l’architecture générale du projet  4. Projet détaillé LES POLES DISCIPLINAIRES  1.  POLE « SCIENCES SOCIALES DU CONTEMPORAIN » La constitution de ce pôle « sciences sociales du contemporain » repose sur le constat que l’aire géographique du monde arabe (Proche-Orient et Maghreb) et musulman présente une spécificité due à des éléments communs (culturels, politiques...) et surtout des séquences historiques partagées (colonisations, indépendances, développement et ouvertures économiques...), sans exclusion de particularités sous-régionales. Mais elle tient aussi compte des « projections » actuelles de cette région dans la mondialisation avec des logiques régionales diversifiées (fortes interactions du Maghreb avec l’Europe et l’Afrique, migrations proche-orientales dans le monde, mais aussi immigrations plus récentes vers le monde arabe). Se rassemblent ici des chercheurs de l’IREMAM actuellement engagés sur des problématiques en du X sciences sociales sur la période contemporaine, du début Xème siècle à nos jours.  Ils se réunissent autour de programmes de recherches répartis en cinq axes problématiques décrits ci-dessous, ainsi que dans le cadre d’un séminaire « sciences sociales du contemporain » qui vise à discuter de la façon dont nos objets et terrains, pensés de façon comparative, peuvent nourrir de façon originale la réflexion sur les méthodes, les paradigmes et  l’analyse en sciences sociales.  Le groupe des chercheurs de l’IREMAM réunis dans ce pôle entend d’une part lier étroitement activités de recherche et formatin à la recherche. Ses chercheurs sont impliqués à différents titres dans des enseignements à l’université de Provence, et de façon plus systématique encore à l’IEP d’Aix-en-Provence. Certains sont associés au master de politique comparée qui sera relancé sous une forme nouvelle à la rentrée 2010-2011 à l’IEP d’Aix-en-Provence, l’IREMAM étant laboratoire d’accueil. Une partie d’entre eux préparent des habilitations à diriger des recherches, à soutenir au cours du quadriennal à venir. Une évolution qui implique un approfondissement des dynamiques de formation à la recherche lancées antérieurement, en relation avec le réseau des centres français de recherche à l’étranger - IFRE et écoles françaises -, dans lesquels plusieurs des chercheurs ont eu l’occasion de travailler. Il est ainsi prévu d’impliquer davantage les étudiants de master dans le travail des équipes de chercheurs confirmés, en les mobilisant sur des actions ponctuelles de terrain définies par chaque programme et à la faveur de leur participation reuise aux séminaires, colloques et réunions scientifiques organisées par ces programmes. Par ailleurs, un séminaire commun avec le CHERPA (IEP, Aix-en-Provence) (« Entrepreneurs de cause, expertises, organisation et décision politique ») sera mis en place dès septembre 2010 pour fédérer une collaboration institutionnelle autour de la recherche et de l’enseignemet, dans une perspective comparatiste  (responsable pour le CHERPA : Christophe Traïni). D’autre part, la plupart des chercheurs sont fortement impliqués dans des activités éditoriales, autre point fort du pôle. L’Année du Maghreb (rédacteur en chef : Eric Gobe), conçue comme un observatoire permanent, donne une large visibilité et structure la recherche en sciences politiques et en sciences sociales sur le Maghreb contemporai sous la forme de thèmes, de réseaux pérennes, et de dossiers thématiques. La participation de plusieurs chercheurs (François Siino, directeur adjoint série Monde contemporain, Cédric Parizot membre du comité de rédaction) à la REMMM ancre le souci éditorial du pôle qui s’exprime également dans la participation d’autres chercheurs à des comités derédaction de revue de sciences sociales (Myriam Catusse, Politique africaine).   Plusieurs axes de réflexion se structurent dont le synopsis est présenté infra. A travers différents terrains de recherche et dans le cadre d’activités où les chercheurs collaborent, ils dessinent, au début de cette décennie 2010, des questionnements nouveaux et en essor, ou la reformulation de questionnements plus anciens, tant de la part des acteurs politiques de ces sociétés que de la part des chercheurs qui s’y intéressent du dedans et du dehor. Au-delà de la dimension individuelle des travaux menés dans ce pôle, l’ensemble de ces axes de recherche, avancés ou en friche, sont construits en articulation avec les autres équipes de sciences sociales de la MMSH, et en partenariat avec des institutions de recherche françaises et étrangères. Ils affichent le souci de construire à l’international des espaces de recherche critiques et transdisciplinaires.  Responsable du pôle : à choisir.   Chercheurs et enseignantschercheurs Iremam :  A. Bensaâd, B. Botiveau, M. Catusse, V. Geisser, E. Gobe, J.-R Henry (émérite), S. Latte Abdallah, F. Lorcerie, A. Mahiou (émérite), C. Parizot, E. Picard (émérite), F. Siino.   Post doctorants et associés : Driss Abbassi, Omar Baghzouz, Michael Béchir-Ayari, Florence Bergeaud-Blacker, François Burgat, Chérif Driss, Gérard Groc, Thibaut Jaulin, Loïc Le Pape, Stéphane Pa pi, Nicole Saïd Mohammed, Ozan Serdaroglu. Doctorants : Katrine Benkaaba, Rémi Caucanas, Emilio Dabed, Samy Dorlian, Marie-Christine Debenedetti, Fabrice Dhume, Hakim Fakhet, Arnaud Garcette, Nofret Hernandez-Vilchis, Bruno Lefort, Marie Leray, Shaimaa Magued, Yildiz Nicharapova, Marine Poirier, Duygu Tanriverdi, Victoria Veguilla.    Axe 1 : Mobilisations, actions collectives, action publique (coordination : Myriam Catusse)Cet axe se propose de questionner le politique dans la région, avec de nouveaux objets et problématiques mais dans le prolongement de travaux de l’ancien quadriennal dont les expressions colectives les plus significatives furent la publication de l’ouvrage La politique dans le monde arabe, dirigé par E. Picard ou de l’ouvrage Autoritarismes démocratiques et démocraties autoritaires : Convergences NordSud dirigé par Olivier Dabène,  Vincent Geisser, Gilles  Massardier, et Michel Camau. Appuyées sur des programme de recherche collectifs menés dans le cadre de partenariats multilatéraux organisés dans des cadrestels que ANR, Tempus ou, prochainement, Ecos-Nord financés, et en étroite articulation notamment avec l’équipe d’enseignants et de chercheurs du CHERPA (IEP d’Aix en Provence), les recherches qui y sont menées s’emploient à travailler les articulations entre la construction et la prise en charge de prolèmes publics, entre actions collectives et actions publiques. Cette entrée permet de prendre quelques distances avec une littérature qui canonise un partage du monde entre « démocraties » et « autoritarismes », entre « sociétés développées » et « sociétés non développées », et entre sciences du gouvernement du « Nord » et du « Sud », pour comparer et penser le changement politique. Elle s’emploie à examiner les réalités sociales et politiques de nos terrains autrement qu’à travers la mesure de l’écart à un norme ou au prisme d’une lecture linéaire de l’histoire. Plusieurs entrées croisent les approches et les objets de la réflexion : les dynamiques de mobilisations sont appréhendées tant sur les scènes classiques de l’action collective (les élections (Catusse), les partis politiques (B.Lefort, M. Leray), les espaces associatifs (Lepape), professionnels (Gobe) ou protestataires) que dans leur articulation à l’action publique (Catusse) et la production d’identités collectives et personnelles, dans l’expérience migratoire (Botiveau, Salcedo Fidalgo), à l’interstice d’espaces du religieux et du politique (Lepape), dans des revendications territorialisées (M. Leray) ou encore dans les représentations et pratiques genrées de l’ordre social (Latte Abdallah, Bergeaud-Blackler, Geisser).  - Le développement : fabrique de l’action publique dans le monde arabe ? (M. Catusse) dans le cadre de l’ANR « les Suds ».  - Catusse), avec l’Institut français du  Elections, incertitudes et violences politiques (M. - proche orient. -  (L. L Associations et société civile en Algérie (L. Lepape) Sociologie des rapports entre religions et politiqueepape) - logie des genres et des sexualités (S. Latte Abdallah/ F.   Féminités/Masculinités. Socio- Bergeaud-Blackler). Ethnicité et genre (V. Geisser) - dentités migrantes en Amérique latine. Les « Palestiniens » de Colombie (B. Botiveau, H. niversité Externado de Bogota.    ISalcedo Fidalgo), avec l’U-   Axe 2 : Le Maghreb contemporain, un espace temps globalisé (coordination : Eric Gobe) L’IREMAM possède une riche tradition de recherches sur le Maghreb contemporain, initiée avec  la création de l’Annuaire de l’Afrique du Nord et ininterrompue depuis quelque 50 ans.  Cet objet de recherches n’a pas seulement donné à Aix une image, il nous a aussi apporté une échelle d’analyse (le Maghreb et ses espaces d’échanges, incluant l’Europe). Pour ce quadriennal, nous avons dissocié l’axe Maghreb de l’axe Immigration, pluralisation des sociétés (notamment européennes), et nous l’avons repensé en fonction des nouveaux enjeux de recherches régionaux (globalisation, transnationalisation, individualisme transméditerranéen, etc.). Cet axe s’appuie sur le rôle structurant de L’Année du Maghreb dans la recherche en sciences sociales sur le Maghreb contemporin (voir le Pôle éditorial). Il inclut des opérations de recherche ciblées, menées dans le même esprit.  - Opérations de recherches ciblées sur le Maghreb contemporain Outre les dossiers de L’Année du Maghreb, nous poursuivons des opérations de recherches ciblées sur des questions sociétales ou politiques relatives au Maghreb contempoain, dans une perspective pluri-disciplinaire. Six programmes sont inscrits pour la prochaine période quadriennale :  - Séminaire et ouvrage sur l’Algérie. Avec l’aval de l’éditeur Karthala, nous préparons pour 2012 un ouvrage collectif de référence sur l’Algérie. Les contributions seront préparées à travers un séminaire de 18 mois en 2010-2011 et 2011-2012, dont les thèmes successifs, travaédi pour la publicatione ills autour ’un ou deux nvités, suivront le synopsischoisi . Le séminaire est confié à Ali Bnsaâd. - Programme Mauritanie : Diverses publications récentes (livraison de la revue MaghrebMachrek,  contributions régulières dans l’Année du Maghreb) ont amorcé un programme de travail au long cours sur cet Etat pour lequel l’IREMAM n’avait pas jusqu’ici développé de compétene, programme  poursuivre dans les prochaines années (Ali Bensaâd).   qui va se- Avocats maghrébins entre État autoritaire et marché (E. Gobe)  - Politiques d’éducation de formation et de jeunesse au Maghreb (F. Lorcerie). - Les manuels scolaires au Maghreb, approche historique et comparatiste (Driss Abbassi, en collaboration avec le groupe d recherche qui s’est mis en place à la MSH  e de Montpellier) - Le nouveau système migratoire maghrébin  Ce programme, à dominante géographique étudie les circulations migratoires traversant le Sahara et le Maghreb avec, pour une part, la visée de l'Europe, et leurs conséquences sociales et spatiales. Même si une part importante des circulations transsahariennes se projette sur l’Europe (mobilise de nombreux partenariats inter-laboratoires et transversaux MMSH).  Axe 3 : Pluralisation des sociétés, dynamiques de l’ethnicité (coordination : Françoise  Lorcerie et Vincent Geisser) Cet axe est centré sur les effets sociaux et politiques induits par les processus migratoires et les mobilités transnationales dans des sociétés qui s’identifient (et parfois peinent à le faire) comme nationales, – qu’il s’agisse des sociétés du nord dans lesquelles se sont implantées des populations de référence musulmane, ou de sociétés du sud dans lesquelles arrivent, passent, s’installent parfois (dans un provisoire qui dure) des migrants. L’axe s’inscrit dans la continuité de travaux menés précédemment dans le laboratoire, qui ont donné lieu à diverses publications individuelles et collectives, mais le développement des travaux à l’IREMAM amène à l’autonomiser de sorte à pouvoir mieux prendre en charge les phénomènes cncernés. Deux lignes problématiques sont travaillées dans cet axe : l’attribution d’altérité (othering) et les processus ethniques d’une part ; les échanges transnationaux et la transnationalisation des parc  ours de l’autre. - Concernant la première perspective, les travaux conjoignent le souci de caractériser l’ethnicisation des rapports sociaux dans les sociétés, et le celui de caractériser les réactions des minorisés, leurs constructions identitaires, leus mobilisations et leurs parcours. Quatre programmes se dessinent :   r- Discriminations ethnoraciales,  acton publique et politique   i- La question musulmane en Europe   - Ethnicité et genre, parcours politiqFrance ues de femmes issues de l’immigration maghrébine en   - L’école, son territoire et l’ethnicité : Ce programme est un des ancrages à l’IREMAM de la nouvelle fédération sur l’éducation et la formation, intitulée SFERE Provence, dont l’IREMAM fait partie. Il s’appuie notamment sur l’étude des contextes scolaires urbains de la région, fortement marqués par l’apport des flux migratoires récents, en provenance d’Afrique principalement (Maghreb, Afrique subsaharienne, Comores). Par ailleurs une étude qualitative de prolongement de l’enquête Trajectoires et  Origines (INED-INSEE, 2010) est programmée. - La seconde perspective de l’axe est la transnationalisation des parcours biographiques et des populations entre le Maghreb et lEurope, ainsi qu’entre l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. Elle couvre trois programme s identifiés à ce jour : - Diplômés maghrébins des grandes écoles françaises : élite mondialisée ou fraction dominée des élites dominantes ? Ce projet de recherche s’inscrit pour partie dans le cadre d’une ANR proposée par Etienne Gérard chercheur à l’IRD et Anne-Catherine Wagner professeur de sociologie à Pris I.    a- Le mixte juridique francomaghrébin  - Mobilités, altérités et reconstructions identitaires sur la rive sud de la Méditerranée : le retour du cosmopolitisme ?    Axe 4 : Mobilités et circulations/Frontières et enfermements (coordination : Stéphanie  Latte Abdallah et Cédric Parizot) Cet axe entend réfléchir d’une part sur les formes de mobilités émergentes (de personnes, de savoirs, etc.) et les processus conjoints d’enfermements et d’autre part sur la manière dont ils  20 redéfinissent ou transforment les frontières contemporaines.  Certaines de ces mobilités de personnes et de savoirs sont déjà anciennes comme par exemple celles qui, aux moments des indépendances, ont eu pour cadre la coopération scientifique. Ces circulations géographiques de chercheurs et d’universitaires, notamment entre la France et le Maghreb dessinent aussi des trajectoires intellectuelles poursuivies et élargies à travers le éseau des centres de recherche français à l’étranger. A travers ces trajectoires, ces lieux de socialisation intellectuelle, d’interaction avec les terrains étudiés, il s’agit de réfléchir à la construction des savoirs sur le monde arabe et musulman dans la période post coloniale (François Siino). D’autres mobilités de personnes sont émergentes et pourtant peu étudiées,  engageant parfois des acteurs économiques clefs à l’échelle mondiale, telles celles des Chinois dans l’ensemble de la Méditerranée, tout à la fois sur la rive Nord et la rive Sud. L’étude de ces mobilités de travail renouvelle le regard porté sur les migrations dans cet espace, de même que les dynamiques commerciales dans les divers pays concernés (Vincent Geisser, Mickael Bachir  Ayari). D’autres chercheurs s’attachent à des processus de mobilités et d’enfermements dans un contexte conflictuel à travers les échages transfrontaliers qui se sont développés dans les espaces israélo-palestiniens depuis la signature des accords d’Oslo (1993), d’une part entre les Territoires occupés palestiniens et Israël et, d’autre part, entre ces espaces israélo-palestiniens et les pays voisins (programme Mofip, coord : Stéphanie Latte Abdallah, Cédric Parizot) Partant des mobilités, ce programme de recherche analyse la reconfiguration des limites entre les espaces israéliens et palestiniens dans le contextede la restructuration des modalités de l’occupation israélienne et de l’imbrication croissante des espaces israéliens et palestniens, à contrario de l’idée persistante d’une séparation entre deux entités territoriales, sociales,  économiques et politiques. Parallèlement, le programme ANR sur les politiques comparées de séparation par des murs conduites en Europe et au sein de l’espace méditerranen lancé par Evelyne Ritaine (Sciences po Bordeaux/SPIRIT) et opéré en partenariat avec l’IREMAM (ENIGMUR/Politique du Mur : séparation/contrôle dans la globalisation) en charge de la coordination de deux axes (Cédric Parizot et Stéphanie Latte Abdallah) entend réfléchir plus largement sur la période contemporaine marquée par l’intensification des flux d’échanges dans un monde gobalisé, les dispositifs de séparation pour contrôle sont de plus en plus fréquents : blindage des frontières ou des limites territoriales de fait, centres de rétention des étrangers en situation illégale, urbanisme défensif (résidences fermées, enclaves urbaines fortifiées). Une politique de séparation « contrôlante » se décline ainsi en de multiples logiques d’action, dont ce programme étudiera les manifestations territorialisées (politique du Mur). Stéphanie Latte Abdallah travaille sur les processus carcéraux à l’oeuvre, les prisons, et les contestations publiques et militantes de ces carcéralisations de l’espace. Cédric Parizot sur l’économie de la séparation et son impact sur les processus politiques et la résolution du conflit. Arnaud Garcette étudie l’évolution des relations économiques transfrontalières dans le contexte de mise en oeuvre de la e sépaation.  politique israélienne dProjelxe : ts iés à cet a  - migratoires, logiques commerciales et  La question chinoise en Méditerranée : enjeux - recompositions urbaines (V. Geisser, M. Béchir-Ayari) ctll- Circulations et trajectoires intelleuees (F. Siino) Transformations, mobilités et genre dans le Golfe avec le CEFAS (S. Latte Abdallah) - Frontières/Murs/Enfermements et Processus carcéraux dans le cadre du MOFIP (ANR/région PACA) et du projet ANR ENIGMUR avec Science po/SPIRIT (Bordeaux) (C. Parizot/S. Latte Abdallah/Arnaud Garcette)   Axe 5 : Relations internationales et transnationales (Coordination : Gérard Groc et Jean- Robert Henry) Il s’agit de prendre acte, sur le plan des échanges internationaux et transnationaux, des effets de réorganisation et de recomposition qu’impliquent les transformations sociales et politiques enregistrées dans le différents pays de l’aire arabo-musulmane, face aux contraintes de la mondialisation et en rapport aux ouvertures qui en découlent avec d’autres ensembles, entre autres l’Europe.  On étudiera les formes de regroupement ou au contraire de clivage qui s’opèrent, selon des lignes d’intérêt recomposées, qui peuvent autant s’inspirer de la référence à des ensembles anciens qu’au contraire tracer, dans ce processus de mondialisation, des stratégies de rejet ou de discrimination, dessinées à partir de frontières à caractères politique, identitaire, culturel et autres. Il est intéressant de voir comment se construisent de nouveaux réseaux d’une solidarité  reformulée. A partir des revendications nouvelles qui affleurent à l’occasion de cette mutation, il s’agit donc de noter leurs implications sur les repositionnements ou les concertations des politiques menées au niveau au nveau des Etats, d’autres acteurs institutionnels et non institutionnels (civils), en réservant une attention pations.  articulière aux dimensions sociétales de ces implic - Relations méditerranéennes (G. Groc, J.R. Henry, Ali Bensaad, A. Mahiou et F. Siino) Axe de recherche anciennement développé à l’IREMAM, il croise l’analyse des relations interétatiques, celle des représentations et la sociologie des acteurs sur le modèle des ouvrages Politiques méditerranéennes entre logiques éatiques et espace civil (2000) et Mediterranean policies (2009). A côté de la poursuite d’une veille scientifique sur les relations euro- méditerranénennes, mené par un Groupe de travail élargi aux chercheurs intéressés de la MMSH et aux membres de notre réseau extérieur, sont prévues deux opérations problématisées sur l’effet méditerranéen sur le système européen et sur les partenariats non-européens du Maghreb .  - e ruColloque 2012 : Espacs etfrontières de l’Euope a prisme de la Méditerranée (J.R. Henry et G. Groc) Pour cette opération, des contacts sont en cours avec l’Institut Pierre Werner de Luxembourg (organisme tripartite franco-allemand luxembourgeois), Isabel Schäfer (Humbold Universität, Berlin), ainsi qu’avec le Goethe Institut, de Paris, à travers le  Centre franco-allemand de Provence.  - Le Maghreb sans l’Europe : dossier pour L’Année du Maghreb 2013, piloté par Ahmed Mahiou ? Collabo CREAD d’Alger   ration prévue avec le - Turquie Monde arabe (G. Groc, V. Geisser) Dans l’ensemble du monde arabe, la « question turque » acquiert aujourd’hui une dimension nouvelle, non réductible à l’héritage ottoman, qui s’exprime dans les représentations des acteurs sociaux, à partir de la perception d’une success story introduite par la présence du gouvernement AKP marquée par une nouvelle et spectculaire capacité d’initiative. L’objectif de ce séminaire est de réfléchir sur ce phénomène de fascination, non dans une perspective positiviste qui consisterait à mesurer l’écart entre « le modèle » et « la réalité », à confronter le « sens commun » aux « données scientifiques » mais en tentant de dégager les ressorts originaux de cette nouvelle dialogique turco-arabe.  - Savoirs et i maginaires croisés dans l’espace francomaghrébin - mps de la coopération » au Maghreb (J.R.   Achèvement du programme « le teHenry, J.C. Vatin, S. Denis et F. Siino); - o  Exposition, colloque et uvragesur ThéophileJean Delaye illustrateur du Maroc,  temps littéraire et temps historique) (J.-R. Henry)   Représentations de la guerre d’Algérie (Projet ANR avec Paris 3 et divers chercheurs MMSH)   -        2.  POLE « LANGUES, LITTERATURE, LINGUISTIQUE » L’objet principal de recherche de cette équipe est la langue sous ses formes orales, écrites, populaires, littéraires. Par langue on entend ici principalement l’arabe, mais aussi d’autres langues sémitiques et éthio-sémitiques. Les approches pour traiter cet objet langue sont ici très diverses allant de l’analyse et du traitement informatique à l’analye textuelle et littéraire en  passant par l’épigraphie, l’analyse morpho-syntaxique et lexicale ainsi que la sociolinguistique. Les membres de cette équipe sont tous impliqués dans la formation à la recherche (master1, master2 et doctorat du Département des études moyen-orientales) et animent les séminaires sur l’épigraphie, la linguistique arabe et sémitique, ainsi qe la littérature.  u Axe 1. Littérature arabe, Traduction, Traductologie Cet axe s’appuie en premier lieu sur les enseignements de littérature arabe et de traduction en licence et master Les recherches se développent dans trois directions. En littérature arabe classique d’abord, les travaux en cours portent essentiellement sur la poésie ancienne, dans ses aspects textuels et anthropologiques : notamment, la poésie et le vin ; les joutes satiriques entre poètes ; les relations poète/homme de pouvoir (C. Audebert et M. Bakhouch). C. Audebert et M. Bakhouch participent également au projet Balnéorient avec divers travaux sur le h’ammâm. C.  Audebert poursuit par ailleurs des recherches sur la poésie orale yéménite. En littérature moderne, les travaux de R. Jacquemond portent essentiellement sur l’histoire et la sociologie du champ littéraire arabe contemporain. Ils s’insèrent notamment dans le cadre de l’ « Histoire de la littérature arabe moderne », projet collectif dirigé par Boutros Hallaq et Heidi Toelle (Centre d’Etudes arabes, Université de Paris 3) dont le premier volume est paru en  2007 et les deux suivants sont en préparation.  Les activités de traduction littéraire de P. Larcher (poésie ancienne) et R. Jacquemond (prose romanesque moderne) s’accompagnent de recherches traductologiques. P. Larcher s’interroge et est régulièrement interrogé sur les questions de traduction poétique, dans le domaine de la péosie arabe archaïque. R. Jacquemond analyse les flux de traduction et les pratiques traductives de et vers l’arabe dans une optique de sociologie de laculture arabe contemporaine et de ses échanges avec les autres cultures. Ces recherches s’insèrent d’une part dans la structure fédérative de recherche « Transpositions, traduction littéraire, transferts » qui regroupe des enseignants-chercheurs de plusieurs laboratoires de l’université de Provence, d’autre part dans un réseau international informel sur la traductologie arabe qui a donné lieu à plusieurs publications collecives et d’autres sont en préparation, en collaboration notamment avec Samah Selim (Rutgers University).    Axe2.  Sémitologie Cet axe englobe les activités et les projets de recherches centrés sur l’étude des langues sémitiques et même afr-asiatiques et de leur contexte socio-culturel.  La particularité de cet  axe est de s’intéresser tant aux langues vivantes qu’aux langues anciennes.  Du côté des langues anciennes (akkadien, phénicien, ougaritique, cananéen, araméen), cet axe s’intègre dans un réseau de coopération scientifique centré sur l’étude des termes de parenté dans les langues afro-asiatiques. Le centre aixois se charge des langues anciennes, les autres partenaires allemands (Universités de Bayreuth et de Francfort) et russes (Académie des  23 Sciences de Russie, Université Lomonossov de Moscou) s’occupent des langues vivantes. Du côté des langues vivantes, les recherches sont centrées sur les aspects socio-culturels et socio-linguistiques des traductions de la Bible à diverses époques. Le point est mis  particulièrement sur le Haoussa, langue tchadique. Dans ce contexte, les traductions de la Bible ont lieu dans une population essentiellement musulmane, connaissant donc bien le monothéisme. L’intérêt est de voir quelles techniques sont utilisées pour différencier le vocabulaire des deux monothéismes concernées. Ce dernier point a déjà fait l’objet de cinq  publications lors de colloques internationaux, deux devraient suivre prochainement. D’autre part, les découvertes archéologiques des quarante dernières années (Ebla et Tell Beydar étant les plus célèbres) ont fait apparaître de nouvelles langues sémitiques qui, par leurs spécificités, reposent la question de la classification de tout le groupe linguistique. La répartition géographique qui, dans les milieux conservateurs, tient toujours lieu de doxa a, en fait, volé en éclats et ne saurait plus servir de modèle descriptif. C’est pourquoi, il paraît nécessaire de lui substituer une nouvelle approche, fondée sur des critères diachroniques. Or, bon nombre de ces langues n’ont, jusqu’ici, jamais fait l’objet de réelles descriptions ; certaines d’entre elles, n’ont même jamais connu de recherches lexicales sérieuses et restent délibérément fermées à l’étude de la syntaxe. Une des raisons de cette situation tient à la vision quasi religieuse de certains concepts grammaticaux comme la « racine » qui a provoqué l’occultation des phénomènes proprement lexicaux, dans la mesure où ils ne sont pas considérés isolément de la morphologie. De la même manière, l’approche comparatiste s’étant toujours effectuée dans la perspective de la racine triconsonantique, conçue comme un primitif de l’organisation lexicale, il s’ensuit que toute la réflexion reste fondée sur des phénomènes de surface et ignore souvent les vrais processus morphologiues. Dans la mesure où l’écrit reste la seule interface entre les langues sémitiques anciennes et nous, c’est tout d’abord vers l’étude des différents systèmes d’écritures dans leurs relations avec la langue ainsi que leur fonctionement et leurs stratégies d’adaptation à d’autres systèmes phonologiques que R. Mugnaioni souhaite également orienter les activités de cet axe de recherche. Sur cette base, une attention toute particulière doit être portée sur les pratiques orthographiques mises en oeuvre pour la notation des forme les plus anciennes du sémitique au sein de la documentation  cunéiforme mésopotamienne et syrienne des débuts du IIIe millénaire.  Enfin, la collaboration, instaurée en 1997 entre P. Cassuto (hébreu) et P. Larcher (arabe), se poursuit, tant au niveau de l’enseignement que de la recherche. Enseignement, avec l’organisation en commun de l’enseignement de spécialité de master 2 « Linguistique arabe et sémitique », parfois sur des thèmes (Diglossie, Oralité et écriture), et où interviennent l’ensemble des enseignants-chercheurs ou chercheurs locaux et le plus souvent un ou plusieurs invités étrangers. Recherche, avec l’organisation de colloques internationaux sur des thèmes donnés et dont les actes sont publiés (1997 : La sémitologie, aujourd’hui, publié en 2000 ; 2003 La formation des mots dans les langues sémitiques, publié en 2007 ; 2010 Oralité et écriture dans la Bible et le Coran, en cours de publication).    3. Axe Linguistiqueet Sociolinguistique Cet axe thématique a d’abord un très fort ancrage didactique, compte tenu de l’existence de cours de grammaire/linguistique en licence et master 1 et de l’existence d’un séminaire de spécialité en master 2. Il conduit à des recherches en linguistique descriptive et typologique, appliquée à l’arabe (P. Larcher) et au persan (H. Lessan). Le but est de construire des grammaires linguistiques des langues enseignées. P. Larcher a publié une partie du cours de linguistique arabe (Le Système verbal de l’arabe classique) et met en ligne un certain nombre de  d 24 chapitres d’une autre partie (Syntaxee l’arabe classique). C’est, de même, l’existence d’un cours de linguistique arabe entièrement dédié à la sociolinguistique et à l’histoire de la langue qui a condut P. Larcher dans deux nouvelles directions : d’une part, une interprétation linguistique des documents originaux (inscriptions papyri etc) et d’autre part une lecture critique des textes anciens, débouchant sur une histoire des représentations de la langue.  La complexe situation linguistique arabe et les bouleversements sociaux en cours privilégient la sociolinguistique et, en son sein, la sociolinguistique urbaine (C. Miller, A. Bouchrit). Dans la perspective d’A. Bouchrit, les travaux entrepris ne visent pas seulement à rendre compte des fonctionnements intrinsèques des langues et dialectes étudié. L’existence d’entités linguistiques, outre qu’elle met au jour des parentés plus ou moins étroites, est aussi la  manifestation de contacts socio-historiques entre les groupes d’une société donnée.  L’approche sociolinguistique se révèle alors nécessaire si l’on veut rendre compte du fait : 1. que les langues ne sont ni uniformes, ni statiques ; 2. que la variation linguistique observée peut être corrélée à des groupes de locuteurs sociologiquement ‘définis’ ; 3. que les variantes, stigmatisées ou valorisées jouent un rôle déterminant dans l’instauration de normes linguistiques. Elle l’est tout autant lorsque l’on envisage les phénomènes sous l’angle des  rapports entre statut, idéal, représentation(s) et identité(s) linguistique(s). Sous la plupart de ces aspects, la ‘ville’ peut être considérée comme un cadre d’observation privilégiée et les travaux entrepris sont à la base d’un projet visantà dresser un tableau sociolinguistique de la  ville d’Alger où seront pris en compte les divers facteurs entrant en jeu dans lacommunication (notamment énonciatifs et ‘socio-géographico-culturels’). Ces travaux ayant pour objectif de montrer comment la ‘ville’, en tant que creuset d’un type de rapports sociaux et lieu privilégié de contacts interrégionaux et intercommunautaires, favorise l’émergence d’une variété de langue commune (koïnè urbaine) ; tandis que, dans le même temps, des processus ‘identitaires’ (régionaux, sociaux mais aussi personnels) poussent au maintien de spécificités. Sous certains aspects (coexistence de plusieurs dialectes arabes, poids de l’arabe ‘classique’, langue des minorités nationales, langue de l’ancien colon, importance des flux migratoires, rapport à la langue créé par les indépendances nationales, mais aussi histoire de la langue arabe et de sa diffusion), la situation de la ville d’Alger justifient une approche spécifique au domaine arabophone. Sous d’autres, ceux notamment liés à la communication en milieu urbain, sa situation est comparable à celle de bien d’autres grandes villes dans le monde et l’étude de situation comme celle qui prévut à Alger pourrait permettre de mieux comprendre les processus de formation d’usages koïniques résultant de la confrontation d  parlers divers.  C. Miller continue ses recherches en sociolinguistique urbaine du monde arabe en poursuivant la réflexion sur la place des vernaclaires urbains dans les processus de construction identitaire nationale et dans les représentations/perception de la modernité. Comme pour ses travaux précédant, il s’agit de travailler en réseau et d’adopter une démarche comparative pour cerner les convergences et divergences de l’aire rabophone. En quoi, sur le plan des pratiques langagières, les villes/pays du monde arabe participent-ils ou pas d’un ensemble commun ? En quoi partagent-ils ou pas des dynamiques communes à l’ensemble des villes du monde ? Au-delà des revendications idéologiques, plus ou moins patriotiques, qui s’élèvent dans chaque pays, on constate des dynamiques relativement communes liées à l’urbanisation et à l’ouverture économique et médiatique. Elle axe principalement ses travaux a) sur les productions artistiques et les identités urbaines ; b) sur le rôle des nouveaux médias (radios, TV, internet) dans la promotion des vernaculaires urbains et c) les usages linguistiques considérés comme « jeunes ».  Ce dernier axe a fait l’objet d’un programme soutenu par l’AUF. Depuis 2008 ses recherches portent principalement sur le Maroc et s’inscrivent dans des recherches en réseau avec les membres u CREAM-Inalco de Paris (Dominique Caubet, Alexandrine Barontini), L’université de Cadiz (Jordi Aguade), L’IOOP de Saragosse (Angeles Vicente, Christophe Pereira, Paolo Garcia), l’Institut d’Etudes Orientales de l’Université de Vienne Autriche (Stefan  25 Prochazka, Veronika Ritt), etc.  Dans le domaine de la linguistique informatique, C. Audebert poursuit ses travaux avec A. Jaccarini et C. Gaubert. Un site « automates arabes » a été créé, bientôt consultable sur le net ainsi que Kawakib pro, logiciel créé par C. Gaubert.  Par ailleurs un dictionnaire raisonné des  verbes de l’égyptien est en cours d’élaboration, avec une équipe d’informateurs égyptiens et dont l’informatisation est assurée par C. Gaubert.  4. Axe Épigraphie Le programme principal de l’équipe vise plusieurs objectifs, dont le premier est la continuation de la base internationale de données en épigraphie arabe, grâce à "Epimac" logiciel spécifique d’informatisation de l’épigraphie arabe dont la structure scientifique a été élaborée par Solange a Ory, professeur émérite de l’Université de Provence et responsable de la bse de données. Tous les membres de l’équipe contribuent au développement de la base de données de l’épigraphie arabe, en continuant la saisie de nouvelles inscriptions et en approfondissant la recherche sur les inscriptions déjà saisies (enrichissement des 30 thésaurus de la base ; travail sur le dictionnaire de l’épigraphie arabe ; sur les répertoires du décor, de la paléographie, de l’onomastique etc.. ; développement d’une version PC d’EPIMAC). Dans la nouvelle version d’Epimac : Extension du programme en numismatique (avec Roberta Giunta) et de l’ère  géographique (Iran et Afghanistan, également avec Roberta Giunta). Reprise du projet franco-syrien concernant la création d’un musée de l’épigraphie arabe à Bosra en Syrie. Ce musée veut être un exemple de l’évolution de l’écriture arabe dans une petite ville de province qui a le privilège de posséer une belle collection d’inscriptions depuis le 2e siècle jusqu’à l’époque ottomane (ce qui n’est pas le cas des grandes villes).  3. POLE DISCIPLINAIRE « HISTOIRE : OBJETS ET PRATIQUES » Aix-en-Provence abrite depuis une quarantaine d’années un solide noyau d’historiens du monde arabo-musulman, dont le plus grand nombre s’est consacré à l’histoire des sociétés à la fin du Moyen-Âge et à l’époque moderne ou ottomane, jusqu’au premier XXe siècle compris. Ces sociétés ont été abordées en exploitant intensivement la riche documentation archivistique produite par les États ou les tibunaux islamiques, et en croisant ce corpus privilégié avec des sources de toute sorte : voyageurs, archives consulaires, fiction, etc. Les objets d’étude, longtemps définis de manière réaliste (la ville, notamment), ont évolué du fait d’une démarche réflexive de plus en plus affirmée autour de la production des sources, du sens de termes que l’on croyait bien connus, des mécanismes non immédiatement apparents des sociétés concernées. Du coup, tandis que l’histoire proprement sociale, nourrie de comparaisons constantes entre des terrains dispersés dans tout le monde arabo-musulman, se découvrait de nouveaux centres d’intérêt (axes de recherche 1 à 3), l’histoire politique a acquis par contrecoup plus de visibilité, en se déployant à l’échelle plus large des constructions étatiques et  impériales (axe de recherche 4). Outre les axes décrits ci-dessous, ce pôle porte également deux réseaux thématiques, sur l’appartenance locale et sur les waqfs, animés en partenariat avec d’autres institutions (voir ci-dessous les « programmes et réseaux en partenariats »).  26 Axe de recherche n° 1 : Du document à l’archive Cet axe vise à renouveler et élargir un thème de réflexions et de travaux majeur parmi les historiens e l’Iremam depuis une dizaine d’années. Il tient compte de l’enrichissement marqué, dans le champ orientaliste ces dernières décennies, des corpus dont disposent les historiens ainsi que les spécialistes du contemporain, du fait tant de l’ouverture de nouvelles archives que de l’intégration de documents de genre ou de provenance originaux. Avec les Arabes par leurs archives, colloque organisé en 1974 et publié sous la direction de Jacques Berque et Dominique Chevallier en 1976, les historiens dressaient le bilan du renouvellement important de la discipline porté par la mise au jour des documents historques produits par les sociétés elles- mêmes, et en particulier les archives publiques d’époque ottomane et du XIXe siècle. Sur cette base, un large défrichement a été depuis mis en oeuvre, sur les traces des ouvrages fondateurs d’André Raymond, et à sa suite, de nombreux travaux d’historiens aixois notamment, qui se sont fait de longue date une spécialité des registres des tribunaux ottomans, transformant le paysage  de l’histoire économique et sociales des villes depuis le XVIe siècle. Aujourd’hui l’inventaire est à reprendre qui permettra de rendre compte de la diversification apportée par  l’émergence, timide, d’ensembles documentaires entre mains privées, mais aussi des sources audiovisuelles et des nouveaux médias. Dans le même temps, et en phase avec l’évolution générale de la recherche historique, ce que l’on appelle le « retour aux sources », l’objectif de cet axe est de développer une réflexion renouvelée des usages historiens des corpus  articulés à l’analyse de leur histoire.  1.1. On poursuivra ainsi les travaux entamés autour du versant juridique de la documentation notariale et judiciaire, non pas seulement comme source d’histoire économique et sociale telle qu’elle a été fructueusement explorée jusque là mais encre par la relation spécifique  qu’elle noue avec la question de la preuve, qui sera abordée plus particulièrement en lien avec le droit de la propriété (cf Axe de recherche 2) ; et plus largement, avec les revendications qui la sous- tendent. 1.2. On s’interrogera aussi  sur les dimensions sociale et historique de la production de l’écrit dans les sociétés productrices, les enjeux (politiques et juridiques) de sa formalisation et de sa conservation. En ce sens, les sources historiques, loin de n’être qu’un support de l’information historienne, apparaissent comme des productions sociales à part entière dont l’histoire,  constitue un objet historique en soi.  1.3. Il s’agira enfin d’interroger les conditions historiques du passage du document à l’archive, et les effets de ces processus sur le contenu et la portée de la connaissance et de l’analyse historique. Une telle question s’étendra à une diversité de matériaux archivistiques, archives publiques, archives dites privées, archives orales et audiovisuelles, dont on interrogera les spécificités. Elles feront l’objet de réflexions croisées avec les linguistes et spécialistes des littératures de l’aire culturelle considére ; avec les anthropologues, les politologues et les sociologues, qui la créent ou l’utilisent en permanence.  Participants : Grangaud, Gueno, LatteAbdallah,  Marino, Michel, Pascual, Raymond   Axe de recherche n° 2 : Autour de la propriété Cet axe prolonge et redéploie les réflexions et les travaux précédents de l’équipe 3 « Histoire du monde musulman. Religion, Droit, Société » autour des diverses formes de droits sur les biens immobiliers et mobiliers (droits que nous désignerons ici sous le terme, fort imparfait mais temporairement utile, de « propriété »), de leur formulation juridique ou notariale, de leur interprétation ou de leur revendication par les acteurs sociaux ou politiques. L’histoire des sociétés dans le monde musulman ne peut pas se contenter d’exploiter la très riche documentation, normative ou pratique, concernant notamment les transactions foncières ou les successions, comme un matériau primaire au sens évident. Pour mieux la comprendre, il faut impérativement interroger les catégories utilisées dans les sources (2.1.), se demander quels sont les enjeux et les modalités de la mise par écrit (2.2.), enfin reconsidérer les formes de la ransmission (2.3.).  t    2.1. La catégorisation Rien n’est moins simple que la compréhension des catégories utilisées par les juristes, les institutions politiques, le fisc, les acteurs privés ou collectifs, autour des droits sur les biens : yad (possession), milk (propriété), waqf ou habous (fondations), droits éminents, droits de jouissance, occupation, souvent fractionnés, superposés, délégués par bail ou d’autre manière, etc. Ces catégories devraient faire système ; or dans chaque société, à chaque période, elles entrent souvent en discordance selon les acteurs qui les énoncent ; les évolutions historiques ont affecté même leur contenu normatif, et la codification du droit musulman à partir du XIXe siècle (ex. Code foncier ottoman de 1858), puis le remodelage législatif des États modernes, ont bouleversé le vocabulaire. Les historiens de l’Iremam estiment donc urgent d’ouvrir ce vaste  chantier, sans exclusive de période ou de région.  Le but est de comprendre la signification, dans chaque société étudiée, de telle ou telle catégorie. Pour ce faire on pourra suivre l’utilisation d’un même terme, afin de repérer des transformations du sens et des usages, tant à travers les sources normatives (comme les recueils de fatwas ou d’ordres sultaniens ahkâm sultaniyya d’époque ottomane) que les actes de la pratique. On sera sensible à la raréfaction et à la disparition des termes, comme à l’inverse à l’apparition de nouvelles catégories, leur revitalisation ; ainsi qu’aux innovations pratiques et à leur traduction plus ou moins affirmée dans le vocabulaire. Les phénomènes lexicaux ainsi mis en évidence pourront être éclairés par la reconstitution des contextes dans lesquels ils . s’insèrent Plusieurs membres de l’Iremam travaillent spécifiquement sur les fondations en waqf au Maghreb et au Proche-Orient ; cet immense domaine sera privilégié dans la mise en oeuvre du thème 2.1.  2.2. Écrire, décrire La question de la mise par écrit des droits sur la propriété est centrale dans la compréhension des documents disponibes. Elle recoupe les questions de l’axe de recherche 1, « Du document à l’archive » autour de la preuve écrite. Selon que les droits sur la propriété devaient obligatoirement, souvent, rarement ou jamais être mis par écrit, la documentation résultante sera plus ou moins représentative, et son exploitation sérielle aura plus ou moins de sens. Réflexions et travaux entamés par l’ancienne équipe 3 de l’Iremam ont d’ores et déjà montré que les réponses variaient selon ls contextes, à la fois d’élaboration juridique (l’histoire du droit musulman) et politique (la capacité des pouvoirs publics à sécréter leur propre loi, et à imposer des types de document ou des procédures de validation). Ce résultat d’étape ouvre la voie à des confrontations ou des comparaisons ciblées, sur tel ou tel aspect, ou telle période, de  la question. La manière dont les biens sont définis, décrits, délimités, est elle aussi une question éminemment historique. On faisait souvent appel aux voisins, à la collectivité, ou à des experts. Cette mise en oeuvre d’un savoir situé fera l’objet d’interrogations spécifiques. Les réformes des États musulmans au XIXe siècle ou les transformations induites par les puissances coloniales, notamment en vue de faciliter la colonisation foncière, ont-elles marqué une rupture absolue avec les normes t les usages précédents ?   e 28 2.3. Transmettre L’interrogation sur les normes, les formes, l’expression de la transmission, est le pendant nécessaire de celle sur les catégories (2.1.). Toutes les questions développées en 2.1. et 2.2. sur les catégories de la propriété et les conditions de mise par écrit se posent aussi à propos de la transmission des biens. En l’absence de tables cadastrales gravées dans le marbre, les titres de propriété sont le plus souvent des actes de transmission : ils réactivent les droits, les  redistribuent au sein de la société et recomposent donc celle-ci ; ils réalisent la valeur   économique maisaussi symbolique des biens. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le thème est neuf : les actes de transmission, notamment de vente, achat ou bail, ont jusqu’ici été surtout exploités pour les informations qu’ils donnent — sur les biens, leur valeur et leur consistance, les acteurs apparents —, non en tant que tels. Or la transmission elle-même joue un rôle social clé, par le recours multiplié à des  mandataires, ou celui moins fréquent à des prête-noms, plus difficile à détecter.  La capacité à transmettre à ses héritiers ou à des légataires, les règles successorales (qui en droit musulman font l’objet d’une discipline, le ‘ilm alfarâ’id)  et les diverses manières de les contourner ou de les corriger, nous transportent au coeur de la reproduction sociale. À l’inverse, l’absence, les dettes, les conflits, la présence de mineurs parmi les ayants droit, fragilisent cette rôle doit être  transmission et interpellent des institutions dont le précisé. Les fréquentes mentions d’un loyer de référence (ujrat almithl)  laissent supposer l’existence d’un marché locatif. On se demandera s’il est possible d’appréhender plus généralement un nu marché immobilier, et commet l’aborder, en termes qantitatifs (sériels) comme qualitatifs. Les interrogations que nous souhaitons développer dans cet axe de recherche ne sont pas spécifiques à une période, une région ou un type de sources spécifiques : elles se nourriront au contraire de la comparaison entre des situations variées. Les ruptures supposées du XIXe siècle, avec la colonisation de certains territoires, ailleurs la réforme juridique de l’Empire ottoman et de l’Égypte, devront en particulier être interrogées avec vigilance.  Participants : Alleaume, Deguilhem, Belguidoum, Guignard, Grangaud,  Gueno, Marino, Michel,  Raymond  Axe de :t recherche n° 3  Crédit et sociéé  Les recherches en histoire des sociétés ottomanes, engagées depuis de nombreuses années à l’Iremam, ont rencontré à plusieurs reprises des formes variées de prêt et d’avance de capital, numéraire ou autre. Celles-ci ont jusqu’ici servi à nourrir des approches plus globales d’histoire sociale, notamment quantitative, des villes comme des campagnes. La nécessité s’est imposée d’une approche plus fine d’un phénomène redoutablement complexe. On se propose donc de démêler l’écheveau des questions que ne cesse de poser le crédit dans les sociétés pré- modernes et modernes. Les sources privilégiées pour cette étude sont d’essence normative : les registres de tribunaux musulmans depuis le XVIe siècle, les registres de tribunaux civils à partir des réformes de la seconde moitié du XIXe siècle, les formulaires notariés, les traités juridiques et recueils de fatwas, la législation contemporaine. On ne négligera pas les archives consulaires et les récits de voyages, souvent fort précis sur les opérations commerciales dans lesquelles étaient engagés les  étrangers.  Le questionnement de départ vise à restituer l’ensemble des dimensions du crédit : — sa prise en charge partielle par le droit et la pratique notariale et judiciaire, ainsi que les  zones d’ombre qu’elle induit, au premier chef l’intérêt — occulté par le fiqh —, mais aussi le rapport entre crédit, confiance et preuve ;  29 — le paradoxe de la mise par écrit, et donc une forme de publicité, d’opérations de crédit et de financement, alors que pour l’essentiel, les rapports financiers reposent sur le secret ; — les rapports à double sens entre l’économique et le social : dans les sociétés pré-modernes le crédit, en l’absence de banques, traverse toute la société, dont il constitue une des formes, mais bouscule aussi ses hiérarchies reconnues, jusqu’au scandale ; les besoins économiques propres  peuvent ainsi créer des réseaux alternatifs, en décalage avec des représentations sociales porteuses de pérennité ; — les rapports entre le politique et l’économique : les besoins massifs de financement des États, ceux d’échelle variée des waqf-s, etc., agissent puissamment sur l’économie financière, selon des modalités qui doivent être examinées ; influent-ils aussi sur l’élaboration ou la pratique du  droit ? En arrière-plan, on s’interrogera sur la pertinence du concept de capitalisme appliqué au monde musulman, et sur des spécificités éventuelles de ce dernier par rapport au capitalisme financier en voie de constitution dans l’ouest del’Europe à partir de la fin du Moyen Âge.  Participants : Establet, Marino, Michel  ° s Axe de recherche n 4: Logique d’empire  L’histoire politique à l’Iremam touche traditionnellement à des époques variées. Elle a désormais en commun de privilégier l’échelle large des constructions étatiques et impériales ; le prochain quadriennal abordera notamment le sultanat seljuqide de Rûm, l’Empire ottoman et ses successeurs. Rappelons qu’ « Empire » est une traduction imparfaite et contestable de termes politiques renvoyant à la royauté (padishah ottoman) ou à l’autorité (sultan), et son emploi en français implique des comparaisons à la fois historiques et politiques, avec l’Empire romain comme avec les Empires coloniaux : aussi importe-t-il de préciser les spécificités des  constructions que l’on considère communément comme impériales.  La Méditerranée, zone de contacts d’Empires, continue à intéresser plusieurs historiens de l’Iremam, soit à travers les relations entre États sis sur ses rives nord et sud, soit par les points  privilégiés de rencontre, comme les grands ports. Ces chercheurs privilégient aussi les périodes de transition d’un État à l’autre : édification de l’émirat puis du sultanat ottoman en Anatolie et dans la péninsule balkanique ; passage par conquête du sultanat mamelouk à l’Empire ottoman, qui a « provincialisé » d’un coup le Bilâd al-Shâm et l’Égypte ; construction de l’Égypte autonome à partir de Muhammad ‘Ali ; disparition de  l’Empire ottoman et instauration au Proche-Orient des États mandataires ou indépendants.  — Dans le prolongement du séminaire « Modernités en miroir : l’Égypte et la Turquie de 1750 à nos jours », les langages et les signes de la modernité seront interrogés, en particulier autour des ruptures liées au passage des Empires aux nations. Plusieurs des recherches de cet axe se concentreront sur l’Alexandrie des deux derniers siècles, dont la fière modernité exprimait la rencontre ou la compétition entre les logiques impériales, occidentales et orientales, alors en  oeuvre en Méditerranée. — Les vingt dernières années ont vu de nombreux travaux (autour notamment du regretté Alain Roussillon) sur le thème des réformes (Tanzimat ottomanes), point cardinal de la tentative par les États proche-orientaux de réappropriation de leur histoire au temps des impérialismes. On s’attachera à renouveler la compréhension des ruptures de cette période à partir de la notion de révolution, dans les acceptions de plus en plus larges que les historiens occidentalistes lui attribuent pour ces derniers siècles : révolutions industrielle, agricole, démographique, aux côtés des révolutions politiques, désignées ultérieurement ou revendiquées sur le moment comme telles. Comparaisons et généalogies seront mises en oeuvre  pour étudier la pertinence de cette notion dans le Proche-Orient des XIXe et premier XXe siècles. — Enfin, on s’attachera à la construction de l’État, dans la période qui a suivi immédiatement le démantèlement de l’Empire ottoman et la création de nouvelles entités politiques elles que le Liban, la Syrie ou le Yémen.  La particularité de cet axe sera le rôle croissant qu’y joueront les doctorants, d’ores et déjà  nombreux sur les XIXe et premier XXe siècles au Proche-Orient. Certains aspects de cet axe de recherche se situent aux lisières du pôle thématique « Colonisation / Post-colonisation ».  Participants : Alleaume, Balivet, Honvault, Khoury, Metenier, Michel, Panzac  Axe de recherche n° 5 : L’islam : doctrines et pratiques  Dans les années précédentes, les recherches collectives avait suivi trois orientations : 1) Recherches sur l’histoire de la sainteté et les sources hagiographiques : participation à des publications collectives et direction d’ouvrages, abordant la question sous l’angle de la comparaison entre le christianisme et l’islam (ex. Le saint et la sainteté dans le christianisme et l’islam. Le point de vue des sciences de l’homme (N. Amri et D. Gril éd ;.), MMSH-Maisonneuve et  Larose, Paris 2007). 2) Participation à des colloques et organisation en collaboration de colloques sur l’histoire du  soufisme à l’IFAO : époque mamelouke et ottomane et XIXe s ; 3) Rédaction d’articles sur les fondements scripturaires de la spiritualité en islam dans le cadre d’ouvrage collectifs (ex. participation au Dictionnaire du Coran, A.-M. Amir-Moezzi éd.,  « Bouquins » Laffont, Paris 2007).  En cours : participation à une recherche collective de mystique comparée (judaïsme,  christianisme, islam) dans le Proche-Orient médiéval (IFAO, IFPO, Université de Lecce Italie). Dans le cadre de ce quadriennal, mise en place d’un réseau international de recherche sur la vénération du Prophète, devant se traduire tout d’abord par des séances de travail restreintes puis par une rencontre plus large et une publication. L’idée est née de la convergence d’intérêt de chercheurs travaillant sur l’histoire de la spiritualité en islam, tant du point de vue de l’histoire des doctrines que de celui de ses expressions littéraires et de ses traductions dans l’ordr social. Ce projet est donc destiné à faire converger vers un point d’intérêt commun les travaux d’islamologues, d’historiens, d’anthropologues et de spécialistes de littérature, orale notamment, travailla nt sur les différentes langues de l’aire de l’islam.  Participants IREMAM : Denis Gril, Claude Gilliot, Anne-Sylvie Boisliveau, Mehdi Azaiez  LES POLES THEMATIQUES  1. ANTHROPOLOGIE, HISTOIRE ET IMAGES : Images et imaginaires  Pôle thématique pluridisciplinaire et inter-laboratoires explorant la valeur heuristique des images en sc 31 iences humaines. Sous la responsabilité de Fabienne LE HOUEROU  Historique : Une approche pluridisciplinaire a été mise en place au cours d’un séminaire transversal intitulé « Filmer les Mondes Arabes et Musulman » en 2007. Le programme FMAM qui s’est poursuivi de 2007 à 2010 est une unité de production de films scientifiques sur le monde arabe visnt à la création d’une banque d’images et de rushs consultables par les étudiants et autres chercheurs sur un site collaboratif: « Science and Video » qui publie sur internet les travaux en cours sur l’utilisation des images sur ces terrains. La revue affiliée à  l’université de Provence est reliée aux travaux occasionnés par le séminaire « Images et Sciences Humaines, filmer les suds ». Le programme organisait également un séminaire bi-mensuel qui s’intéressait aux questions épistémologiques relatives aux images et à leurs utilisations dans un dispositif de recerche en Sciences Humaines. Le séminaire en 2007-2008 s’adressait aux étudiants de master 2 comme option. En 2008-2009 le séminaire s’est inscrit dans une a  formation doctorle sanstoutefois se fermer aux étudiants de master2.   Le programme FNAM (Filmer les Mondes Arabes et Musulmans) a exploré plusieurs thématiques : en 2007, au cours d’une Journée d’étude d’explorer le lien entre les affects et la cognition pour le Cinéma d’enquête (qu’il s’agisse de Cinéma anthropologique mais également de films réalisés par des chercheurs en sciences humaines en général). Les émotions esthétiques sont-elles des entraves pour faire des films scientifiques de véritables véhicules didactiques ? Nous avons sollicité des articles sur des expériences cinématographiques où l’enquête est au centre du dispositif de recherchepour un ouvrage collectif paru en 2008 dans la revue « Science And Video ».  En 2010, le séminaire a examiné le cinéma scientifique de femmes dans une approche en « Gender Studies » en s’interrogeant sur l’existence d’un regard de femmes cinéastes sur l’aire méditerranéenne. Cette thématique a donné lieu à  un colloque le 29 mai 2010 objet d’une publication collective « regards de femmes » pour la revue « Science And ideo ». Au cours de cette journée ont été présentés trois films réalisés à l’IREMAM par le rogramme FILMER LES SUDS.  vp  rh Le séminaire de recheche en métodologie  « FILMER LES SUDS » En 2010 le programme FMAM s’est élargi aux autres aires culturelles. En effet de nombreux collègues historiens ou anthropologues nous ont présenté des travaux liés à leurs interrogations sur les mages sur des zones géographiques élargies à l’Asie et à l’Afrique. Ces incursions sur d’autres aires culturelles se sont révélées scientifiquement fécondes en permettant d’effectuer des analyse comparatives. En effet, le séminaire a une vocation essentiellement méthodologique et apprend aux étudiants à utiliser une caméra sur leurs champs d’éudes. Les expériences sur d’autres aires que le monde musulman ont été particulièrement enrichissantes aussi le séminaire s’est il pogressivement dirigé vers des approches méthodologiques libérées de la contrainte géographique pour embrasser des thématiques gobales. Ce séminaire est dirigé à la fois par Fabienne Le Houérou, Randi Deguilhem, Kamel Chachoua et Gilles Remillet. Il réunit des hercheurs en sciences humaines sur différentes aires culturelles et associe Pierre Boccanfuso anthropologue à laMaison de L’Asie, cinéaste qui travaille en Asie du Sud-Est. Le séminaire est ainsi une expérience inter laboratoire  associant l’IRSEA (Institut de Recherches sur le Sud-Est Asiatique)  pour les études asiatiques mais également le Cémaf (Centre d’Etudes des Mondes Africains) pour les études africaines et également le groupe de réflexion animé par Jean Claude Penrad à l’EHESS : Pratiques cinématographiques. Figures de l’islam et de ses mondes. Un séminaire qui s’attache, comme notre groupe de travail, à installer une écriture visuelle dans les discours académiques en amont et en aval de la science. En effet cette approche tatiques.  pluridisciplinaire permet de réunir une équipe travaillant sur plusieurs hémLes deux thématiques présentées ci-dessous insistent sur le concept de coexistences entre groupes sociaux distincts mais également entre  « ethnies » ou communautés exogènes, diasporas. Le rapport avec l’Autre est soumis à une analyse à la fois historique et anthropologique en utilisant la  vidéo  comme outil mthodologique  privilégié sur les « terrains ».  32 1Immigration,  diasporas, migrations sudsud,  figures de mobilités plurielles Cet axe de recherche réunit des chercheurs autour d’un objet multiforme propice aux approches luridisciplinaires.  Cette équipe explore les imaginaires sociaux en interaction en utilisant les images et la méthodologie du film pour analyser es phénomènes migratoires dans leur diversité. Le CEDEJ est étroitement associé à cet axe de recherche sur une thématique de migrations sud-sud explorant les interactions entre Subsahariens et Egyptiens dans des coexistences urbaines.  Ces productions de territoires urbains issus des migrations seront l’objet  d’enquêtes filmées en Egypte avec la participation du CEDEJ dans un programme sur les  migrations.  Sarah Limorté, doctorante à l’IREMAM, explore grâce à l’outil audiovisuel l’émigration arabe au Chili de l’époque Ottomane à l’époque contemporaine. Elle s’interroge sur l’existence réelle d’une « diaspora » palestinienne au Chili et exploite autant les sources écrites que les images. L'émigration des pays du Levant vers le Chili a débuté depuis la fin du XIXème siècle, et les descendants de ces premiers immigrés "Ottomans" ont connu un processus d'intégration remarquable dans la société chilienne. En ce début de XXIème siècle, les troisièmes générations - qui se définissent comme descendants de Palestiniens, Libanais et Syriens -, partent à la découverte de leurs racines et produisent divers comptes rendus de leur rencontre avec la terre des ancêtres. Plusieurs de ces comptes-rendus font appel aux images, allant du diaporama amateur (travaux des élèves du Colegio Arabe de Santiago au retour de leur voyage d'études au Moyen-Orient) au film de fiction (La ultima luna, long métrage de Miguel Littin retrace l'expérience de son grand-père). Ces travaux sont un outil d'analyse exceptionnel pour comprendre le processus de reconstruction de la mémoire qui a cours aujord'hui parmi les descendants de levantins au Chili, et plus particulièrement parmi les descendants de é ieur du Moyen Orient.   Palestiniens, plus grande communaut decette origine à l'extérStéphanie Latte Abdallah décrypte les images divergentes créées par différentessources (humanitaires et internationales, palestiniennes et israéliennes- sources étatiques ou nationales et individuelles) sur les réfugiés palestiniens depuis 1948. Plus largement ce sont les enjeux politiques de ces images, le rôle qui leur a été donné par les différents protagonistes et celui qu’elles ont joué dans l’invisibilité puis dans les fores de leur visibilité des réfugiés et donc de leur présence à l’histoire qui l’intéressent. Son travail s’attache d’une part à analyser des fonds d’archives audiovisuelles peu connus et qui racontent un conflit, et donc deux, voire même plusieurs histoires qui s’ignorent voire qui s’auto-excluent ; d’utiliser des sources visuelles pour faire l’histoire d’une guerre par le regard, par la manière dont il s’est donné à voir. D’autre part, Stéphanie Latte Abdallah travaille l’image même, en réalisant un documentaire de 90 minutes à  partir de ces images d’archives et de sources visuelles actuelles, et de leur mise en perspective par ceux qui les ont faites (photographes, réalisateurs), intitulé Palestiniens. Images réfugiées.  Naili Falestin propose un projet de recherche sur l’évolution des images de la Palestine au 19e et au début du 20e siècle. Il est question d’images au sens propre et au sens figuratif (photos, dessins et littérature). Clichés ou descriptions produits  par des Européens et Américains séjournant en Palestine en tant que missionnaires, chercheurs, voyageurs ou colons. Elle examinera les photos de ces « passeurs de frontières », c'est-à-dire « l'image » qu'ils  souhaitaient montrer d'eux-mêmes ou l’auto-mise en scène de leur présence en Palestine.  Les études sur les migrations africaines à Paris seront portées également par les travaux d’anthropologie visuelle de Damien ottier sur l’incidence religieuse dans les phénomènes migratoires, à travers les recherches qu'il consacre à l'implantation du pentecôtisme et à la résurgence du prophétisme en France au sein d l'espace migratoire africain. Son travail « d’enquête filmée » lui permet de construire sa relation au terrain, d'approfondir son objet d’étude, et au-delà, de restituer un certain nombre de connaissances par le film au terme d'un travail d’accumulation de documents filmés sur la cuture transnationale des réseaux et la vie  33 quotidienne des églises de migrants. Majid Kodmani, doctorant à l’université de Mashach et de Provence, entreprend une étude  sur les aspects  socio-historiques de la migration clandestine des enfants afghans en Iran. Il  utilise largement les images et la méthodologie du film pour étudier ce phénomène migratoire. Il tente de comprendre comment ces enfants déplacés coexistent dans la société iranienne. Il retrace les étapes historiques de cette migration entre deux pays du sud. Deux pays musulmans, l’un Afghanistan (envahi et confronté à des conflits intérieures et extérieurs) et  l’autre, l’Iran,  soumis à des sanctions internationales. Cette étude socio-historique se se trouve dans la mouvance théorique sur les nouvelles logiques sud-sud des phénomènes migratoires  contemporains. Mohammed Diouf, doctorant à l’IREMAM, explore les migrations économiques des mourides (une confrérie d’origine sénégalaise fondée par le Cheikh Bamba)  à Marseille. Le mouridisme  est ainsi étudié dans sa  double composante économique et religieuse. Les rituels de la confrérie seront filmés afin de montrer les imbrications à l’oeuvre d’une vie religieuse étroitement associé à de multiples activités économiques. La manière de célébrer le religieux insiste sur la dimension économique et sur l’éducation religieuse  des enfants la diaspora Les liens avec YOU Tube et l’instrumentalisation des images sur internet seront également explorées dans les lisé.     aspects les plus innovants d’un rituel désormais mondiaBelkacem Ayyache, doctorant à l’IREMAM, explore les coexistences juridiques des pieds noirs d’Algérie avec leurs voisins algériens. Il étudiera les relations de voisinage en filmant un groupe de pieds noirs en « pèlerinage» nostalgique sur les lieux de leur enfance à Alger afin de régler   des problèmes de succession.Pierre Boccanfuso, cinéaste anthropologue, étudie la culture Palawan de façon filmique et travaille, depuis 1994, sur une population autochtone isolée vivant à l’intérieur des terres au sud de l’île Palawan (Philippines). Il étudie les traditions ancestrales et les croyances animistes dans cette communauté mais également  les interactions entre ctte société du sud et les éléments extérieurs. Confrontés aux expériences allogènes, les Palawan doivent faire face aux figures de l’altérité du monde d’aujourd’hui avec la médecine, dite moderne, l’autorité gouvernementale et l’exposition aux dynamiques des mobilités contemporaines avec l’intrusion dans leur univers foretier préservé de missionnaires protestants, de mariages mixtes avec des éléments exogènes (notamment des musulmans) et de contraintes à de nouvelles coexistences. De plus, la menace de l'implantation d'une compagnie minière plane au-dessus des Palawan. Ils se retrouvent face à leur identité, au coeur d’une dualité marquée par leurs traditions ancestrales et ce monde extérieur caractérisé par son attraction, son emprise, ses bienfaits et ses méfaits. Le rôle de la caméra ici participe à la connaissance et le cinéaste tisse son univers de sens grâce à la maîtrise du dialecte alawan, une immersion totale au sein de cette société et une relation de confiance avec les autochtones dans une approche anthropologiue du partage. A travers cette caméra participante, le travail d’écriture audiovisuelle et de réalisation sont abordées les problématiques de l’évolution des Palawan d’un point d vue social, politique,  économique, environnemental et religieux.  Les phénomènes de Thalasso et le tourisme de santé seront l’objet d’un d’une recherche  menée par Fabienne Le Houérou qui s’iterroge sur la hiérarchie des circulations entre le Maghreb et l’Europe et tente de comprendre les sens des circulations Nord-Sud dans la « migration de santé » ou « tourisme de santé » qui sera l’occasion d’un colloque en octobre 2010 sur les mobilités liées à la santé. Un film sur les nouveaux « cosmopolitismes » des cités balnéaires en Tunisie examine la relation touriste/ autochtone et les coexistences singulières autour de l’offre de soin en Thalasso. Un travail collectif sera présenté le 25 et 26 octobre 2010 à Aix-Provence sur les « voyages pluriels » dans l’espace euro-méditerranéen et publié dans la t collection « champs humanitaires » dirigée par Fabienne Le Houérou aux édiions l’Harmattan. Dans le prolongement de ses travaux ethnofilmiques sur l'artisanat de la médina de Fès, Baptiste Buob mène une recherche ethnologique avec une caméra au poing sur le tourisme au Maroc et plus généralement sur le prcessus de valorisation patrimoniale des objets artisanaux. Au niveau filmique, son travail consiste à décrire les moments de rencontre entre étrangers et locaux ainsi que les négociations commerciales et clturelles qui en découlent. Il continue ainsi son travail en faveur d'une pleine intégration de la démarche filmique dans le processus de  34 recherche ethnologique.  Les travaux de Gilles Remillet, chercheur associé, anthropologue et cinéaste, s’attacheront à explorer les univers de l’acupuncture dans le sud de la France et de l’offre thérapeutique en  méditerranée. Il s’agit en particulier d’interroger les modèles de mise en récit des maux dans la relation médecin/malade en acupuncture et de comprendre en quoi consiste le travail de la  relation de soins. Une place centrale est accordée au film (vidéographique) en tant qu’outil d’investigation ethnologique pour la description, l’analyse et la restitution des pratiques thérapeutiques étudiées. Au-delà de l’objet, c’est cette double « narrativité du terrain et du processus de connaissance anthropologique : récits des enquêtés, récits de l’enquêteur » qu’il  s’agira aussi de questionner tant sur le plan méthodologique qu’épistémologique. Mohammed Benhlal poursuivra ses travaux sur deux institutions scolaires marocaines pendant la période coloniale (1916-1956) : le collège  musulman  Moulay Idriss à Fès (1915-195-) et le collège musulman Moulay Youssef (1916-1956) à Rabat. Deux pôles qui ont servi de moules afin de fabriquer les élites d’Etat du Maroc indépendant.  Ce travail  sera finalisé par la publication d’une monographie dans un premier temps, et, dans un second temps par l’édition d’un ouvrage inspiré par une réflexion plus générale sur la genèse du nationalisme marocain  2Crises humanitaires,  crises sociales et  approches anthropologiques de la maladie,  perspectives de genre, ONG sudsud Cet axe engagé par les études sur la crise du Darfour a entrainé une réflexion plus large sur l’avènement de l’hum nitaire dans les sociétés du Nord et du Sud et les relations d’ambivalences qu’elles entrainent. Cet axe humanitaire explore les coexistences sociétales ( allogènes et exogènes) d’une part mais explore également  la maladie, les relations de genre et des études sur les phénomènes d’urgence en général, le jeu des ONG Nord-Sud et Sud-Sud,  enfin l’étude des  relations internationales sous l’influence des relations humanitaires.   Un axe « humanitaire » comprendra plusieurs volets dont des études sur le genre et l’exil « gender, exile and persecutions » avec Françoise Duroch, Chargée de recherches, UREPH, Unité de Recherches sur les Enjeux et les Pratiques Humanitaires, Médecins Sans Frontières, Genève. Enseignante, CERAH, Centre d’Enseignement et de Recherches en Action Humanitaire. Elle travaille sur la figure de l’altérité féminine et les représenttions des victimes de violence sexuelle. Thématique sur laquelle elle coordonne un numéro pour Science And Video à paraître  en 2010.  Une problématique étudiée également par Fabienne Le Houérou dans une étude filmique comparée sur les persécutions des femmes arfouri au Caire et des femmes tibétaines réfugiées en Inde. Les violences faites aux femmes dans les situations de conflits seront l’objet d’analyses du rôle des média et des images dansla construction de la figure victimaire des femmes  35 réfugiées. Lisa Anteby-Yemini, poursuivra une recherche entamée récemment sur les différentes dynamiques d’insertion mais aussi d’exclusion que connaissent ls migrants forcés africains en Israël (en majorité d’Erythrée et du Soudan, mais aussi de Côte d’Ivoire et de la République Démocratique du Congo). Cette nouvelle catégorie de migrants non-juifs qui traversent clandestinement la frontière égyptienne pour demander l’asile en Israël constitue un défi migratoire (ils sont plus de 20 000) mais aussi éthique (certains sont des rescapés du génocide au Darfour), religieux (la plupart des Soudanais sont musulmans) et social (beaucoup ont un statut temporaire qui n’octroie aucun droit social). Pourtant, des communautés soudanaises et érythréennes commencent à se développer, surtout à Tel-Aviv, Eilat et Arad, avec des commerces ethniques, des lieux de prière (églises ou salles de prière musulmanes), des garderies d’enfants, et des associations culturelles et politiques. C’est cette double tendance – à la fois d’intégration dans le tissu urbain israélien et d’exclusion du système de droits sociaux ou de statut permanent – qu’il s’agira d’analyser. Par ailleurs, les dimensions transnationales seront également étudiées à travers les liens forts qui perdurent entre ces « réfugiés » et leur pays d’origine mais aussi avec les pays de transit dans la région, à commencer par l’Egypte. Enfin, une culture « hybride » émerge, où certains migrants qui apprennent l’hébreu et  s’adaptent à un mode de vie israélien évoluent aussi vers une diasporisation de leur identités ines.  africaL’axe « gender » est également source de réflexion pour Randi Deguilhem, historienne, qui s’interroge sur la place des femmes dans la société syrienne au 19e siècle par le biais des femmes qui établissent leurs fndations waqfs (en utilisant des documents juridiques des tribunaux ottomans) et, depuis quelques années pour l’époque contemporaine en explorant les univers du travail et aux formes genrées d’adaptations qu’l occasionne. Son travail à la caméra permet d’entreprendre une analyse « déconstructiviste » des stéréotypes occidentaux des femmes dans le monde arabo-musulman (soit des femmes passives, soit des « extrémistes ») en montrant des réalisations individuelles et des trajectoires d’épanouissement professionnel  m urgeoisie pour les femes de labo et de la moyenne bourgeoisie urbaine.  Jean –Paul Cheylan et Liliane Dumont, proposent un documentaire de 55 minutes en collaboration avec les acteurs et décideurs du développement local et territorial a Maroc sur les femmes tisserandes en explorant la métaphore du tissage sociologique. Le projet de film s’intègre à un travail de recherche sur les patrimoines pluriels (fonciers, humains, artistiques) du  Haut Atlas. Le projet explore les savoirs féminins. Le film documentaire s’intéresse à l'intimité des femmes berbères, leurs fonctionnements, perceptions, aspirations, importance effective dans les fonctionnements sociaux et coordinations collectives, en quelque sorte une approche insérée et empathique de la société féminine (réalisé par des femmes...et des hommes, peut être l'occasion de tenter quelques expériences de vidéo participative (accompagner les femmes dans du tournage réalisé par elles, à propos des sujets qui les  mobilisent). Ces explorations visuelles permettent de complexifier le regard occidental sur la femme dans le monde arabo-musulman. Une collaboration avec le CEDEJ en Egypte permet d’entreprendre des travaux sur  les nouvelles stratégies humanitaires sud-sud   au sein d’un programme sur les migrations des Subsahariens à Alexandrie et au Caire portant également sur les ONG du sud. Les nouvelles stratégies humanitaires endogènes nées d’une critique à l’encontre des ONG occidentales interprétées comme des etreprises « néo-coloniales » imposant un regard  occidental sur l’aide humanitaire.  Fabienne Le Houérou retrace d’un point de vie historique les grandes crises humanitaires du XXe et XXIe  siècles. L’après guerre froide marque la fin de l’équilibre bipolaire. Pendant les années 80 et la décennie 1990 nous assistons à l’émergence de l’humanitaire en tant qu’acteur et outil dans les reations internationales. La multiplication des actions dites humanitaires  ne sont pas une nouvelles, elles existaient depuis le XVIII e siècle et n’ont fait que progresser pour acquérir à la fin du XXe siècle  une visibilité qu laisse présager l’émergence d’une ère nouvelle avec des gestions de crises  qui tendent à supplanter l’action politique interntionale et qui se confondent parfois également en interventions militaires. Ce pôle auquel est attaché Fabrice Weisman (Médecins Sans frontière), spécialiste du Darfour et des questions humanitaires s’appartient à ce groupe de réflexion, il collabore également au séminaire humanitaire dirigé par Rauny Brauman à l’IEP (l’Institut d’Etudes Politiques de Paris) avec lequel nous avons des  liens universitaires féconds. Les méthodes d’enquêtes de l’équipe s’appuient sur une méthodologie originale exploitant des enquêtes filmés comme sources  à art entières ; permettant des approches sur des parcours de vie où l’enquête qualitative et l’observation participante se conjugue à l’analys des archives crites. Cet intérêt pour la polyvalence des sources est un des aspects les plus significatifs de ette équipe.  éc   Chercheurs IREMAM :  Stéphanie Latte Abdallah, chercheur CNRS, historienne NRS, historienne e, anthropologue  36 Randi Deguilhem, Directrice de recherche au CHélène Claudot-Hawad Directrice de RecherchKamel Chachoua, Chercheur CNRS, sociologue  ienne  Fabienne Le Houérou, chercheure CNRS, histor Myriam Laakili, IE, doctorante LAMMES  Sabine Partouche, ITA, responsable éditoriale  Jean Pierre Dahda, chercheur IREMAM, enseignant d’arabe Mohammed Benhlal, ITA, IREMAM, anthropologue/ historien  Saïd Belguidoum, Sociologue, IREMAM, enseignant-chercheur  Chercheurs associés  Marc Lavergne, Directeur du CEDEJ (Egypte), Directeur de Recherche au CNRS. Damien Mottier, sociologue, doctorant, CEIFR, EHESS irs humanitaires (CRASH)  de Conférence Nanterre  Fabrice Weisman, MSF, Centre de réflexion sur l'action et les savotrelle  Gilles Remillet, anthropologue, chercheur associé à l’IREMAM, Maîaison de l’Asie, Marsei Pierre Boccanfuso, anthropologue,  CNRS, M Majid Arrif, anthropologue, MMSH, chercheur associé à l’IREMAM   Lisa Anteby, CNRS, IDEMEC, anthropologueJean-Paul Cheylan, géographe, directeur de recherche, UMR 6012 ESPACE, associé au CIRAD-ES  LARHRA (Laboratoire de Recherche  Naili Palestine, historienne, chercheure associée au  Historique de Rhône-Alpes) à Lyon.  Françoise Duroch, Université de Genève, MSF, sociologue ammes, MMSH  Alain Guillemin, CNRS, sociologue, chercheur au L Doctorants istorienne  Sarah Limorté, doctorante IREMAM, historienne h Maya Ben Ayed,  doctorant Université de Tunis,   Belkacem Ayyache, doctorant IREMAM, historien Mohammed Diouf, doctorant IRMAM,  historien Majid Kodmani, doctorant IREMAM (co-tutelle envisagée entre l’université de Mashad (Iran) et l’université de Provence)  2. POLE DE LA RECHERCHE URBAINE EN ALGERIE Formé en 2008 à l’initiative de l’IREMAM et du CREAD (Alger) et réunissant des chercheurs de plusieurs universités algériennes (Alger, Oran, Constantine, Sétif...), le Pôle de la Recherche Urbaine en Algérie (PRUA) est un réseau de chercheurs appartenant aux différentes disciplines des SHS. Il se fixe comme objectif principal de fédérer, coordonner, animer la recherche urbaine en Algérie. Cette initiative repose sur la volonté délibérée de construire le fait urbain comme objet transversal et de créer une structur pérenne fédérant et impulsant l’activité de recherc he à partir de quatre grandes lignes d’action : • ransversaux,   • La mise en place de programmes de recherche t• L’animation scientifique, La participation aux formations universitaires,   • La création d’une revue spécifique à la recherche urbaine. Sur le versant de la recherche, il se propose de réaliser un bilan du phénomène urbain en Algérie. L’objectif est à la fois de dresser un état des lieux, en tentant de comprendre et de mieux cerner le processus d’urbanisation en Algérie et un état des savoirs, à travers un recensement détaillé et analytique des recherches menées sur la question urbaine ces dernières 40 années. En mettant l’accent sur cette double dimension – l’état des lieux et des savoirs - l’ambition est d’arriver à une meilleure connaissance des processus d’urbanisation et de produire des savoirs nouveaux sur lesdynamiques et les mutations sociales de la société algérienne. Il s’agira également de favoriser les approches transversales aux sciences humaines, de stimuler la recherche urbaine en aidant à identifier les problématiques les plus pertinentes et de produire des travaux et es réflexions utiles aux différents acteurs institutionnels de la question urbaine.  La question urbaine en Algérie, un phénomène central et peu étudié. La question urbaine est au coeur des mutations de la société algérienne. Espace de vie de près de 65 % de la population, l’urbain de par ses effets, est devenu le cadre structurant de l’ensemble de la population. En 45 ans, le phénomène a été massif, rapide et parfois brutal tant les bouleversements dans les modes de vie et les structures sociales ont été profonds. Phénomène particulièrement complexe dans sa genèse, dans ses manifestations comme dans ses effets, l’urbanisation est paradoxalement insuffisamment étudiée et les politiques publiques ont  consisté à produire du bâti sans penser la ville. Pris par l’urgence, les pouvoirs publics n’ont eu de cesse de promouvoir des réponses rapides, partielles et ponctuelles (même si elles sont présentées à travers des dispositifs appelés programmes ou plans urbains) à la forte demande sociale. Les grands programmes de logements, d’équipements, d’infrastructure et depuis peu de « villes nouvelles » sont des illustrations de ces interventions étatiques. Ces politiques publiques de développement urbain, loin d’être des réponses globales aux mutations de la société, reposent sur des logiques technocratiques et sont génératrices de nouvelles contradictions. Cette gestion prioritaire de l’urgence (répondre à la question du logement et des équipements, contenir les effets de l’urbanisation sauvage…) qui caractérise les interventions institutionnelles, fait que seules les logiques de constructions ont prévalu alors que les questions liées à la gestion de la vie quotidienne ontété occultées. Aujourd’hui, sans que la phase de construction soit pour autant achevée, ce qui devient primordiale, c’est la question de la gouvernance des villes et de la mise en oeuvre de véritables approches permettant la maîtrise des nouvaux cadres spatiaux. En clair, le processus d’urbanisation est caractérisé par le passage de la problématique du bâti à  celle de la gestion des villes. La création récente d’un ministère délégué à la ville, témoigne d’un début de prise de conscience de l’acuité d’un phénomène qui devient un centre d’intérêt identifié en tant que te. Elle préfigure peut-être une approche nouvelle de la politique de la ville. La maîtrise du processus urbain, enjeu sociétal central, est d’autant plus difficile à réaliser que le phénomène est peu étudié, donc compris. Le déficit dans le domaine de la production de la connaissance est considérable. Plutôt perçu comme un effet inéluctable du développement économique, de la crise des campagnes et de la poussée démographique, le phénomène urbain intéresse peu les sciences humaines en Algérie qui de ce fait ne l’ont pas construit comme un véritable obet d’étude. Des disciplines comme la sociologie et l’anthropologie sont quasiment absentes de la réflexion. D’autres, telles la géographie et l’urbanisme, restent souvent cantonnées dans des approches monographiques. De manière générale la recherche actuelle est éparse, fragmentaire et/ou cloisonnée. L’accumulation de monographies souvent redondantes, l’absence de coordination permettant de mettre en oeuvre des approches comparatives et de tenter des  synthèses, participent à la faible valorisation des recherches existantes. De fait, la complexité du fait urbain est renforcée par son caractère inachevé. Les villes apparaissent souvent comme des ensembles où se juxtaposent plusieurs tissus, sans articulation véritables, et formant une totalité chaotique et désordonnée [6]. La discontinuité entre les différents tissus de la trame urbaine et la dimension hybride de ces villes toujours « en chantier » attestent de la ville inachevée. Cette profonde transformation spatiale est le corollaire des mutations sociales qui ont marqué l’Algérie depuis l’indépendance L’inachèvement des mutations sociales se reflète et se traduit dans l’organisation spatiale. Ces transformations urbaines sont portées par des dynamiques sociales mises en oeuvre par différents agents et groupes sociaux(État, anciennes et nouvelles élites sociales et politiques, promoteurs immobiliers, citadins modestes…). Progressivement et sous l’impulsion des différentes forces sociales mues par leurs propres stratégies, la ville de demain émerge. Car ces villes inachevées sont aussi des villes en devenir, évoluant au rythme des recompositions  38 sociales qui leur donnent le ton. Villes inachevées et en devenir, les villes algériennes, aux tissus hybrides et mal articulés, reposent sur des logiques que l’on a du mal à identifier. Pourtant la structure urbaine interpelle à plus d’un titre. Les processus de production de l’urbain, du bâti et des espaces, les modes de  vie, les pratiques et les représentations sociales induits par la ville, la construction des territoires urbains, le rapport entre l’espace voulu et l’espace vécu, la relation entre le système urbain et le système économique, la question de la gestion quotidienne des cadres de vie, le rapport espace et environnement, les politiques publiques et leur efficacité, sont autant d’axes d’approche exigeant des réponses pour arriver à mieux cerner les enjeux des processus d’urbanisation. Comprendre l’urbain c’est d’abord définir des axes de recherche pertinents. Saisir la complexité de la question urbaine, c’est s’intéresser aussi bien aux processus de fabrication de la ville, aux modes de vie, à l’économie urbaine, au développement durable et à l’élaboration d’outils de gestion urbaine  Axe 1. Les processus de fabrication de la ville : formes et espaces urbains Comprendre la ville, c’est d’abord s’intéresser aux logiques de sa production. L’identification des acteurs (institutionnels et habitants), l’analyse des tissus et de l’armature urbaine seront au centre de ce t axe.  A- Les logiques et les acteurs de la production de l’espace urbainCe versant portera sur l’analyse des modèles urbains, des conflits et des tensions que les différentes lanée) produisent.  ogiques (urbanisation programmée et urbanisation spontB – à De la ville  l’urbain : étude des aires et des réseauxL’armature urbaine dans l’espace algérien, les hiérarchies et différentes formes de réseaux urbains. Les aires urbaines : les métropoles régionales, les villes de l’intérieur, l’émergence des villes moyen nes et des petites villes.  C – Architecture et espace urbainLe dessin de la ville n’est pas neutre, il porte en lui des desseins sociaux et culturels. L’analyse de la ville comme production architecturale est essentielle.  Axe 2 – Vie sociale et modes de vie urbains : la construction de nouvelles urbanités Cet axe permettra de s’interroger sur les évolutions sociologiques induites par la vill. Il s’agira de comprendre comment les pratiques sociales s’articulent à l’espace urbain, c’est-à-dire aux processus de territorialisation et de différenciation socio-spatiale. On s’intéressera en particulier aux dimensions essentielles que sont les groupes sociaux dans la ville, les recompositions sociales, les structures familiales, les formes d’habitat et les et les modes d’hab iter.  A – Du rural à l’urbain : changement social et l’évolution des modes de vie La recherche intégrera les dimensions sociodémographiques (tendances démographiques de l’évolution des structures familiales), sociologiques (les groupes sociaux dans la ville et la construction des nouvelles identités sociales, la mise en oeuvre de nouvelles formes de lien social), et de la vie quotidienne (évolution des modes de vie, inscription dans l’espace et dans le temps  des pratiques sociales…).  B – De la ville hybride à la ville ségrégée : la différenciation sociale de l’espace.Le processus d’urbanisation est au centre de nouvelles différenciations sociales qui s’inscrivent dans l’espace. L’habitat comme facteur de la distinction sociale propice à la mise en oeuvre de stratégies résidentielles, sa distribution dans la ville, la répartition des équipements, le rapport entre proximités spatiales et les mécanismes de mise à distance sociale seront au centre des interrogations. L’identification des territoires urbains et de leur production (les modes d’appropriation et les pratiques de l’espace, l’étude des quartiers urbains comme lieux de vie sociale et territoire d’appartenance, de référence et d’identification), les fonctions symboliques de l’espace, le rapport entre l’espace domestique et l’espace public, les hiérarchies spatiales, constitueront l’autre versant de cet axe.  C – Les formes de l’urbanité  Quelles sont les façons de vivre et se représenter la ville ? L’étude des formes de l’urbanité devra permettre de comprendre les rapports à l’habiter, à la vie publique et à la sociabilité, point d’articulation entre les sphères du public et du privé.    Axe 3 – mutations économiqueset urbanisation La ville, les réseaux urbains et les aires métropolitaines constituent les nouveaux cadres spatiaux du développement économique. Comment l’urbain est devenu le lieu privilégié de l’activité économique ? Quelle synergie existe-t-il entre appareil de production et cadre urbain ? (Marché du travail, flux pendulaires, mobilités géographique, les bassins d’emploi) Comment émerge une économie urbaine (les services, la distribution, l’organisation transports, l’appareil de formation, les équipements (centraux et de la quotidienneté). Quel rôle joue l’économie informelle dans la ville ? La ville lieu de la concentration des activités, du bâti et des populations renvoie aussi à la question de l’environnement et du développement durable. Qu’en est-il en Algérie ?  Axe 4 – de la production des villes à la gestion urbaine : politiques publiques, acteurs  urbains et gestion de la ville Les politiques urbaines sont des modes de régulation politique, économique, sociale et spatiale. Elles sont au coeur de la gestion des villes. Elles articulent conception globale de la ville et gestion de proximité. Quels sont les modalités existantes et les outils utilisés ? (La décentralisation, les différentes formes de gestion participative, l’intercommunalité). Les villes induisent une gamme de métiers spécifiques liés à leur gestion, leur organisation, leur animation et leur développement. Les métiers classiques comme les nouveaux métiers nécessitent un inventaire détaillé permettant un redéploiement pour les uns t un création pour les autres. C’est aussi la question des nouvelles compétences qui leur sont associées et des formations qu’il faut penser et prendre en chrge.  3.  FEMELATIONS DE GENRE ET GENRE DANS LA CITE   INITES, MASCULINITES. R Responsable : Stéphanie Latte Abdallah Chercheurs IREMAM : Randi Dh, Florence Bergeaud-Blackler (chercheu eguilhem, Vincent Geisser, Stéphanie Latte Abdallare associée) o Doctorants et postdoctorants :  Myriam Laakili, Michela Rmagnoli, Imen Ben Jemia  Ce pole thématique réunit des recherches en sciences humaines sur des questions de genre (féminités/masculinités) surtout sur la période contemporaine dans les mondes arabes et musulmans et dans les communautés musulmanes en Europe. Ces recherches transdisciplinaires engagent des chercheurs et doctorants du laboratoire afin de constituer un groupe de travai pérenne. Il s’appuie sur trois axes principaux, l’un centré sur les sexualités, les questions morales et les transgressions, le second sur la façon dont les problématiques de genre se posent en termes ethniques et religieux dans les représentations etles enjeux publiques et politiques, et enfin le troisième sur la manière dont les relations de genre, entre les sexes, se  40 transforment et se recomposent. Les trois axes du pôle thématique recoupent les préoccupations des participants et ne sont pas nécessairement exclusifs les un des autres. Ce pôle thématique nouveau au sein du laboratoire ne constitue qu’une première formulation des travaux en cours, il sera plus largement développé et précisé au cours des quatre ans à venir en fonction des collaborations qui viendront s’y ajoindre. Il réunit des recherches individuelles qui s’inscrivent pour la plupart dans des travaux plus larges insérés dans des réseaux t des collaborations trans-laboratoires au sein de la MMSH, et avec d’autres laboratoires et universités aux échelles nationale et internationale. La constitution de ce pôle a pour objectif de réfléchir aux dimensions genrées des phénomènes étudiés dans les recherches en curs, mais aussi de fédérer des recherches où la thématique du genre, des féminités et des masculinités est plus centrale dans le but de mettre  en place des programmes de recherche communs. Pour se faire, des réunions préparatoires seront organisées dès la première année pour  réaliser un état des lieux de ces travaux . Ces   réunions aboutiront à la mise en place d’un séminaire commun. Ce pôle se structure aussi autour de la volonté de mieux intégrer recherche et enseignement : à travers le séminaire d’enseignement ouvert à partir du M1 de l’IISMM-EHESS Paris coordonné par Stéphanie Latte Abdallah, auquel participeront plusieurs membres du pôle, le M2 du Master MAMS de l’Université de Provence ainsi que le M2 de l’IEP d’Aix-en-Provence et des programmes engageant des doctorants et alliant recherche et enseignement.  Axe 1 : Gen re, sexualités, transgressions et enjeux moraux Participants : Florence Bergeaud-Blackler, Stéphanie Latte Abdallah, Randi Deguilhem, Michela Romagnoli   Féminités, masculinités, enjeux moraux et éthiques contemporains  Séminaire d’enseignement mensuel IISMM-EHESS, Paris. Débute en octobre 2010. Stéphanie Latte Abdallah Il s’agit de réfléchir aux enjeux moraux et éthiques contemporains qui se posent dans le monde arabe, musulman et dans les communautés arabes ou musulmanes d’Europe ou d’ailleurs, à partir d’une approche en termes de subjectivités et de genre. Une approche dont l’objet est l’élaboration conjointe des féminités et des masculinités, et leurs interactions et liens. Des féminités et des masculinités marquées par l’histoire, les rapports sociaux, le politique et les conflits, et qui sont parfois émergentes, transgressives ou alternatives. A partir de ce postulat, comprenant la notion de genre dans un sens effectivement relationnel, ce qui est rarement le cas, seront analysés une série de pratiques et de discours sociaux, politiques, et évidemment religieux, mettant en jeu des questions morales et éthiques. Parmi les grands thèmes qui seront abordés, on envisagera les sexualités, dont des sexualités marginales (homosexualités, transsexualisme, prostitution) mais aussi les questions éthiques ou morales posées par les avancées scientifiques dans le champ de la procréation et certainsdébats sociétaux (harcèlement sexuel, avortement…etc.). Par ailleurs, un certain nombre de transgressions orales ou religieuses seront évoquées, telles que les conversions, le suicide, ou différentes ormes de criminalités.  mf  Islam et homosexualité au prisme des analyses intersectionnelles   Florenc 41 e BergeaudBlackler L’intersectionnalité des catégories ( au départ pensée par le féminisme pour réfléchir aux imbrications des rapports sociaux de sexe, de classe et de race qui produisent des discriminations spécifiques) et donc des identifications conduit à penser les appartenances religieuses en tant que dimension d’un ensemble plus complexe. Il convient donc de revisiter cette perspective intersectionnelle, de dépasser le tryptique sexe, classe, race, pour élargir l’analyse à d’autres catégories négociées, enchâssées dans des rapports dynamiques (Kergoat in Dorlin, 2009), et de distinguer les intersections politiques et sociales (Jaunait et al. 2008). Le couple islam/homosexualité est le produit d’un discours public de construction d’une singularité, sur l’irréductibilité d’un vécu musulman à la problématique homosexuelle mainstream. Il est question d’analyser la construction de cette double identification à l’islam et à l’identité homosexuelle, repérer les lieux, les formes de mobilisation ainsi que les raisons de l’émergence des groupes de gays et lesbiennes musulmans. La formation et la matérialisation de cette double identification s’opèrent au prix de la mise entre parenthèses d’autres disciminants qui, pour ne pas être explicites, continuent de structurer les relations à l’intérieur du groupe (âge, sexe, milieu social, compétences linguistiques, éducation…etc.) que cette recherche a précisément comme projet de mettre en lumière. Se définir comme homosexuel et musulman est l’aboutissement d’événements dont deux particulièrement intéressants à étudier pou saisir ces clivages : celui de la sortie (du placard, c'est-à-dire d’une socialisation hétérosexuelle subie) i.e. le coming out, et celui de l’identification/socialisation  au groupe de référence, aujourd’hui  institutionnalisé (la très récente émergence du mouvement associatif Gay Muslim). Les recherches / réflexions seront menées dans les sociétés musulmanes ainsi qu’en Europe dans les sociétés d’immigration (France et Belgique). Deux initiatives liées à cette recherche individuelle sont en cours d’élaboration : d’une part avec David Berliner de l’Université Libre de Bruxelles, une demande bourse de recherche Marie Curie Intra-European Fellowships (dépôt août 2010) pour travailler sur les « Associations Gay Muslim en Europe (une comparaison anglo-franco-belge). D’autre part, avec Andrew  Yip de l’Université de Nottingham (Florence Bergeaud-Blackler est visiting fellow at the School of Sociology and Social Policy/University of Nottingham), et Martine Gross du Centre d’É tudes Interdisciplinaires des faits religieux CNRS, une demande d’ANR Open Research Area sur « homosexualities and minorities ».     ed: Genre, T  GenderMransgressions et Normes en Méditerranée (projetMMSH)  Participants IREMAM : Randi Deguilhem (coordination), Stéphanie Latte Abdallah, Florence  Blackler GenderMed est un projet de la MMSH présenté comme un ITN (Initial Training Network) au financement de la Communauté européenne. C’est un projet et un vaste réseau interdisciplinaire engageant de multiples coopérations avec des universités en Europe, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Nord. Il prolonge et renouvelle des coopérations déjà établies par le réseau d’excellence RAMSES 2 (janvier 2006 – mai 2010). Ce projet entend déconstruire les catégories de transgressions et de normes relatives au genre dans le contexte d’un espace méiterranéen moderne et contemporain en pleine mutation à partir de quatre thèmes majeurs qui sont chacun (coordonnés chacun par une université ou une institution de recherche différente de l’espace euro-méditerranéen): genre, mobilité et espaces urbains (la mobilité féminine/les dimensions urbaines des systèmes normatifs) ; genre, marginalité et criminalité (prostitution et pornographie/genre et transgressions) ; genres atypiques et sexualités marginales (transgressions ordinaires/identités, expériences transgenres/féminismes, sexualités, religions) ; pluralisme des normes et construction des catégories (normes de genre, pouvoir et savoir/ genre et crises). Ce projet a pour objectif premier la formation d’étudiants et de jeunes chercheurs sur ces thématiques et leur intégration dan des réseaux et des pratiques de recherche (par le financement de travaux de doctorat et de post-doctorat et la mise en place de séminaires, ateliers, et écoles d’été) mais aussi l’accès à l’expertise et à l’expérience professionnelle (à travers des stages et formations dans des ONG et  des entreprises dans ces domaines). Randi Deguilhem assure la coordination du programme et inscrit ses travaux dans l’axe Genre et transgressions : pratiques, stratégies, représentations dans l’espace Euro-Méditerranéen (16ème-21ème siècle). Stéphanie Latte Abdallah est co-responsable (avec Mathias Morgenstern de l’Université de Tübingen de l’axe Genres atypiques et sexualités marginales). Florence Bergeaud-Blackler et Stéphanie Latte Abdallah participent plus spécifiquement aux travaux du sous-axe Féminismes/sexualités, religions. Ce qui s’inscrit dans le prolongement de leurs recherches individuelles sur les engagements féminins et les féminismes (séculiers, islamiques/Stéphanie Latte Abdallah) et de leurs projets en cours sur les sexualités (Florence Bergeaud-Blackler, Stéphanie Latte Abdallah).     Axe 2 : Genr e, ethnicité et religion Participants : Randi Deguilhem, Vincent Geisser, Myriam Laakili    Genre et fondations pieuses (waqfs) dans le Damas Ottoman   42 Randi Deguilhem Cette recherche, qui s’appuie sur un important fonds empirique provenant des tribunaux de la ville syrienne de Damas à l’époque ottomane, interroge les comportements féminins et masculins au regard des usages des fondations pieuses. Expression personnelle qui s’inscrit souvent mais pas toujours dans des orientations familiales d’un/e fondateur/trice, les fondations waqfs révèlent, entre autres, des priorités sociétales d’un individu de par la  désignation, dans sa charte de fondation de waqf, de bénéficiaires allant recevoir une part des revenus générés par les propriétés appartenant à sa fondation. Sur la base de nombreuses années de travail archivistique et analytique dans la documentation portant sur les waqfs ottomans d Damas (dans des centres d’archives en Syrie, en Turquie et en France) l’accent est plus particulièrement porté sur une analyse genrée des pratiques des fondateurs/trices des waqfs à Damas quant au choix de bénéficiaires, notamment, durant les deux derniers siècles ottomans (entre la fin du 18e siècle au lendemain de la Première Guerre mondiale). A cette fin, des analyses approfondies sont entreprises, tant sur le plan statistique que qualitatif, afin d’étudier des différents usages par les femmes et les hommes du waqf et qui donne la possibilité de soutenir des bénéficiires (des personnes mais aussi des lieux bâtis) spécifiés nommément par le/a constituant/e d’une fondation. Il s’agit de voir si des modèles genrés spécifiques se dégagent. Par la suite, il est envisagé de comparer les résultats provenant du Damas ottoman vec d’autres parties de l’Empire ottoman (pour des communautés musulmanes, chrétiennes et uives – car toutes ces communautés utilisaient le waqf) puis éventuellement à d’autres régions.     aj  Ethnicité et genre dans le champ politique français : enquête sur les enjeux autour de la  « diversité féminine »  Vincent Geisser Cette étude s’articule autour d’une enquête qualitative sur les femmes politiques héritières de l’immigration aricaine, maghrébine et des DOM-TOM. Une telle perspective devrait permettre de capitaliser les acquis des travaux sur les discriminations ethniques et sexistes das les institutions publiques, en croisant l’origine ethnique (réelle ou imaginaire) et le genre des militant(e)s, des élu(e)s et des cadres partisans. En somme, nous partons de l’hypothèse que les modes de valorisation des femmes issues des minorités dites « visibles » (enjeux autour de l’exotisme politique et de la diversité féminine) contiennent en creux des modes de stigmatisation sexistes qui contribuent à instaurer une « double peine » symbolique. Si les discours publics tendent généralement à opposer les femmes comme « modèle d’intégration » aux hommes comme symptomatiques des « échecs de l’intégration », les processus sociopolitiques à l’oeuvre dans le champ politique ne se traduisent pas moins par des discriminations sexistes qi continuent à pénaliser les femmes. L’enquête, qui a débuté, au cours de l’année 2010 et qui devrait se poursuivre jusqu’à fin 2012, concerne une centaine d’élues locales et nationales, de cadres partisans, de militantes des principales formations olitiques (PCF, Les Verts, PS, Modem, UMP…) mais aussi de leaders d’opinion (dirigeantes de ouvements et d’associations).  pm  Genre et conversions à l’islam en France  Laakili Myriam  Dans le cadre de sa thèse en sociologie et d’une enquête de terrain commencé en mai 2009 (entretiens, suivi de trajectoires de convertis), Myriam Laakili entend analyser la façon dont les conversions à l’islam permettent à ces acteurs de redéfinir leurs féminités e leurs masculinités et leurs pratiques dans une société séculière, la société française contemporaine. Il s’agit d’étudier comment ces choix de conversions sont aussi liés à la volonté d’affirmer d’autres identités de genre et denouveaux rôles féminins et masculins via l’apprentissage de l’islam.  Ce faisant, ce travail déconstruira notamment des perceptions communes qui résument par exemple souvent, pour les femmes, les conversions à l’islam à la question des modalités du port du voile.   Axe 3 : Transformations des relations de genre  articipants : Stéphanie Latte Abdallah, Imen Ben Jemia  P  Transformations du Genre en péninsule arabique et dans la corne de l’Afrique  Stéphanie Latte Abdallah  Ce réseau de recherche lancé par le CEFAS (Centre Français d’Archéologie et de Sciences sociales de Sanaa, Michel Tuchscherer) impliquant le pilotage de l’IREMAM réunit des chercheurs en sciences sociales travaillant sur les pays de la péninsule Arabiqu et de la Corne de l’Afrique autour  des « Transformations dans le genre ». Des transformations en cours tant en termes d’objets d’études émergents et d’approches méthodologiques ou théoriques nouvellesque des diverses formes du changement et des mobilités (sociales, géographiques), ou encore de discours ou d’interventions à déconstruire qui défendent une vision du changement ou du progrès social (tel que le développement). Ce projet a aussi comme vocation de mettre en place un espace de débat incluant des chercheurs de différents horizons (de France, d’Europe, du Golfe, du Yémen, de la Corne de l’Afrique et d’ailleurs) et aussi de diverses disciplines (sociologie, anthropologie, sciences politiques, économie, historiens du contemporain) à même de travailler sur les changements survenus depuis le milieu du XXème siècle jusqu’à présent. Il  développe des partenariats avec des centres de recherche et des institutions universitaires, en particulier dans la péninsule Arabique et la Corne de l’Afrique.   La première étape de ce travail est un colloque sur le thème « Transformations dans le genre en péninsule arabique ». Il entend, à partir d’entrées thématiques, faire un état des lieux des recherches encore bien peu nombreuses sur le genre dans les pays du Golfe, de la péninsule Arabique et de la Corne de l’Afrique (au Yémen, au Koweït, en Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis, à Bahrayn, à Oman, au Qatar, en Irak, à Djibouti, en Ethiopie…etc.). Cette problématique interroge les changements sociaux et les mobilités sociales et spatiales, les lieux ou parfois les espaces émergents, alternatifs de ces changements (espaces de travail, du savoir, de sociabilités ancrés dans les villes ou les territoires ou bien virtuels, associations, ONG…etc.) tout en adoptant une approche plus théorique engageant une réflexivité méthodologique sur les présupposés, les pratiques et les concepts employés quand on aborde la question du genre, particulièrement dans cette région du monde. Le colloque se construit autour de cinq axes (un axe méthodologique centré sur des approches interactionniste, relationnelle et biographique/une réflexion critique sur le développement comme langage et interventions visant le changement social/les mobilités sociales : le marché et les espaces du travail, l’articulation entre éducation et capacité d’agir (agency)/ les mobilités spatiales/ les pratiques dans les nouveaux espaces et lieux alternatifs de sociabilité) qui sont une base de réflexion pour e réseau et le programme qui sera lancé à la suite de cette première rencontre organisée pr le EFAS à Sanaa au Yémen à l’automne 2011.  lC  Maternité, paternité : métamorphoses et permanences de la différenciation sexuée  Programme transversal MMSH coordonné pr Laurence Hérault (Université de Provence, IDEMEC)  a  Participants IREMAM :Stéphanie Latte Abdallah  Ce programme lancé en 2009 s’articule autour de deux questions centrales : différenciation sexuée et parentalité/différenciation sexuée et engendrement. Les façons sexuées d’être parent varient évidemment selon les contextes socio-historico-culturels mais elles déterminent habituellement les capacités et les possibilités de relations avec l’enfant à la fois dans lesregistres juridique, économique, émotionnel ou affectif. Pourtant dans certains contextes ou dans certaines situations (économiques, politiques, démographiques, etc.), cette distinction peut se brouiller, être questionnée ou malmenée. On s’attachera ici à comprendre les transformations et les redéfinitions, temporaires ou définitives, qui affectent les rôles paternels et maternels. Quels sont les aspects de la « maternalité » et de la « paternalité » concernés par ces changements ? On s’intéressera également à la manière dont ces transformations sont pensées et vécues par les individus : sont elles initiés, subies ou consenties ? Sont-elles revendiquées, discutées ou controversées ? L’engagement des individus dans la procréation est bien évidemment étroitement lié aux capacités offertes par leur corps. Mais si l’asymétrie  44 biologique est ici très prégnante, elle est cependant diversement vécue et appréhendée selon les contextes historiques et socio-culturels.  On examinera ici la manière dont les conceptions et les pratiques autour de l’engendrement distinguent la maternité et la patrnité. Les capacités des corps (offertes par les corps mais  aussi offertes aux corps), leurs usages, la manière dont ils sont pensés et mobilisés seront ici au centre de l’analyse. On pourra explorer ainsi la façon dont la fécondité et la stérilité, la contraception, sont envisagées et vécues par les hommes et par les femmes. Pour les sociétés contemporaines, on sera particulièrement attentif aux transformations liées à la déliaison sexualité/procréation/gestation (procréation médicalement assistée et grossesse pour autrui). Plusieurs journées thématiques ont été et seront organisées autour des axes de ce programme : Paternité/maternité et technologie de l’engendrement (PMA, GPA) ; Paternité/maternité et migrations ; Paternité/maternité et maladie ; Paternité/maternité et conflit/enfermement/incarcération ; Déliaisons contemporaines conjugalité/filiations (familles recomposées, monoparentales, homoparentales) ; Genre et engendrement (Procréation dans  des situations transexuelles). Dans le cadre de ce programme transversal, Stéphanie Latte Abdallah a la responsabilité de l’organisation des journées sur les conflits et les situations d’enfermement e d’incarcération qui réuniront des travaux sur des situations conflictuelles ou carcérales en divers lieux du monde. Son travail personnel s’attachant à l’expérience carcérale des Palestiniens en Israël depuis 1967. D’une part il s’agit de s’intéresser aux modalités de prise en compte et en charge collective de cette parentalité par les autrités carcérales israéliennes d’un côté et par les ONG ou les partis plutôt palestiniens et parfois israéliens de l’autre. D’autre part de se centrer sur les façons d’être parent et sur les relations parents-enfants dans ce contexte d’incarcération politique.  4. POLE THEMATIQUE « COLONISATION / POSTCOLONISATION  »  « Colonisation / post-colonisation » ne renvoie pas seulement à une périodisation, par ailleurs charnière dans la construction des champs de recherche investis par les travaux du laboratoire. Le thème est avant tout réflexif, et quitte à affronter de façon critique des questionnements aujourd’hui  renouvelés qui bousculent non pas seulement les périoisations, mais aussi les frontières disciplinaires et les pratiques de recherche collective. Il se développera sous la forme de deux axes de recherche qui aborderont la question de façon distincte et complémentaire, la première sous l’angle d’une réflexion autour des effets d’héritage comme de leurs usages, la  seconde sous l’angle du renouvellement des études coloniales.  D’un côté, on interrogera, dans une perspective interdisciplinaire, la nature conflictuelle et les débats relatifs aux héritages historiques, en évaluant en particulier la place du moment colonial, dans les processus de construction des savoirs sur le monde arabe et musulman et des  imaginaires sociaux et politiques. D’un autre côté on visitera, à nouveau frais, la notion de « situation coloniale » en principe comme en pratique et dans une perspective comparative élargie à une grande variété de terrains, par-delà le quadrillage des aires culturelles. L’ouverture d’un tel chantier prendra la forme d’un réseau associant plusieurs laboratoires.  Axe 1 Héritages conflictuels :  colonisation, savoirs et imaginaires Au coeur de cet axe thématique se trouvent les enjeux et les héritages du fait colonial dans l’étude de sociétés couvertes par l’aire géographique du « monde arabe et musulman », que ces enjeux et héritages soient constitués en objets proprement dits, ou qu’ils s’imposent comme vecteurs de la construction d’objets pré ou post-coloniaux, et qu’ils affectent des sociétés qui ont eu des expériences diverses de la colonisation et du colonialisme. Ce travail sera opéré de façon pragmatique sur la base de la confrontation et de la discussion de recherches aussi bien indiviuelles que collectives, issues de disciplines différentes,et traitant d’objets très divers mais qui ont en commun d’être travaillés par la donne coloniale.   L’ambition de cette confrontation est de réfléchir aux  héritages de la colonisation à la fois sur les sociétés à l’étude, et sur les conditions de production des savoirs en sciences sociales. On cherchera  dans ces conditions à caractériser la nature et l’impact du fait colonial comme les enjeux de sa projection sur e temps présent, ou encore à analyser les apports et les limites du  questionnement post-colonial sur les sociétés concernées comme dans le domaine scientifique.  Seront ainsi analysées les modalités inégales de la circulation des savoirs, que ce soit à travers l’étude des trajectoires intellectuelles ou des processus de la traduction des textes aujourd’hui.  On interrogera également les conditions du phénomène récent de redécouverte du temps colonial associé aux sociétés du Maghrebet du Mashrek, sa portée discursive, sociale et idéologique, et les effets en termes de connaissance comme en termes d’imaginaires de cette « redécouverte ». On cherchera aussi à retracer et à évaluer l’impact du moment colonial dans sociétés à leur pr les constructions du rapport des opre passé, colonial et précolonial. La perspective ici, mais encore l’enjeu de l’entreprise, seront l’interdisciplinarité. Elle visera  l’élaboration d’objets et de paradigmes communs à partir du croisement des points de vue des études littéraires assi bien que sociologiques, historiens ou politistes.  Une interdisciplinarité adossée à la configuration particulière de notre laboratoire : ce travail en commun induira une réflexion plus générale sur le sens de la production scientifique à l’échelle d’un laboratoir « aire culturelle » comme le nôtre.  articipants : Grangaud, Guignard, Henry, Jacquemond, Latte Abdallah, Lorcerie, SeriHersch,  Siino  P  Axe 2 – De la « situation coloniale » revisitée. Proposition pour une approche socios   historique et anthropologique des pratique Réseau de recherche et séminaire inter-labos. Partant de la notion de « situation coloniale » telle que l’analyse Georges Balandier en 1951, il s’agit de réfléchir à ce que sous-tend et engage une approche fondée sur une « histoire sociale de  la colonisation » et ses effets. Le point de départ réflexif et méthodologique rigoureusement adossé à cette proposition aujourd’hui datée mais sur laquelle reiennent fréquemment les historiens, spécialistes de l’étude des processus coloniaux invite d’abord à réfléchir précisément sur ce que signifie et recouvre le mot « colonial », « l’histoire coloniale », « le fait colonial  ou encore la notion de « post colonial » très utilisée et pourtant ambiguë. Cette réflexion préalable dont on ne peut faire l’économie peut aller jusqu’à interroger la pertinence, dans l’enquête historique, d’un usage trop généralisé et prédéterminé du mot « colonial » qui finit par verrouiller la réflexion plutôt que de l’ouvrir. S’appuyer sur les perspectives et intuitions d’un George Balandier à la fin des années 1960, c’est affirmer d’entrée une approche résolument « située », intéressée d’abord par la sociologie ou l’anthropologie d’univers sociaux aux prises ou constitués par les processus de la colnisation européenne  tels qu’ils se sont déployés, en particulier, lors de la formation de ce que Leroy Beaulieu appelait « l’empire moderne », c’est à dire les empires constitués à partir de la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècles. L’approche via « la situation coloniale » permet d’affirmer un intérêt soutenu pour l’univers des pratiques, en concentrant l’attention sur la façon dont on peut appréhender ce que constitue une société coloniale, les  liens sociaux qu’elle recouvre, les conflits, violences, contradictions, ségrégations, collaborations, évitements ou adhésions, en articulant rigoureusement les échelles micro et macro. L’enjeu est  de revenir sur la complexité de pratiques quotidiennes, sur l’analyse  de situations précises ainsi que sur le problème de circulations d’hommes et de  46 femmes, de projets, d’institutions ou de dispositifs.  Il s’agit ici de dépasser les frontières d’une « aire culturelle donnée », en procédant par choix de lieux d’enquête pertinents dans différentes régions du monde dont, bien évidemment, l’Afrique  du Nord, le Moyen Orient mais aussi l’Afrique subsaharienne, l’Asie ou le Pacifique, sans oublier l’Europe, siège des anciennes métropoles impériales. Le choix des enquêtes sera fondé sur des objets ou des questions particulières, telles que propriété, citoyenneté et ses exclusions, le statut personnel, la salarisation et le monde du travail, l’éducation, les questions judiciaires et les questions sociales, permettant de sortir des frontières strictes du « colonial » et de penser en comparaison et en dynamique les processus qui ont pu jouer sur d’autres espaces, placés sous domination impériale non européenne, les marges de l’empire russe, l’empire ottoman ou  encore l’empire japonais.  Il s’agit aussi de porter une attention particulière aux continuités et discontinuités des effets d’héritage d’une « situation coloniale » passée sur les terrains anciennement colonisés, y compris dans les anciennes métropoles impériales, en privilégiant une perspective de longue  durée et une  attention aux contextes contemporains. La réflexion peut suivre ici deux logiques :  - Penser à partir de situations contemporaines et réfléchir au sens du qualificatif « colonial » et on pense ici à des cas de tension comme Israël, le Tibet et la Chine ou encore dans un autre registre, l’Irlande et son histoire complexe dans l’archipel britannique, les peuples du Sahara et  les espaces nationaux dans lesquels ils s’insèrent.  - Penser à partir de questions d’actualité qui font débat et qui renvoient directement aux héritages coloniaux, questions mémorielles, enjeux de patrimonialisation ou encore questions foncières, rapports à l’ancienne puissance coloniale, populations migrantes issues de l’empire,  d, les héritagesu droit les pratiques policières, etc…  - Penser la notion de « post-colonial » en travaillant très précisément ce que l’on peut comprendre des continuités et discontinuités des « héritages coloniaux » dans les anciennes métropoles et les anciens terrains de colonisation. Le débat, aujourd’hui, est d’actualité en France avec une multiplication des ouvrages s’interrogeant sur les ruptures post-coloniales, les études post-coloniales, la « question post-coloniale » (ainsi que la mobilisation du passé colonial de La République à l’aune dans une lecture de continuité et de renouveau d’une dénociation anti-coloniale autant de thèses et perspectives  qui méritent d’être soumises à examen et  réexamen. Cette proposition, prendra la forme concrète d’un séminaire expérimental ouvert dès septembre 2010 dans le cadre de la MMSH afin d’organiser et cnsolider les collaborations. Il est placé sous la responsabilité d’Isabelle Merle, chercheur associée à l’IREMAM et membre de l’IRIS (CNRS/EHESS/INSERM).   LES POGRAMMES EN PARTENARIATS  RLES PROGRAMMES TRANSVERSAUX DE LA MMSH  1. Maternité, paternité : métamorphoses et permanences de la différenciation sexuée( Coordonné par Laurence Hérault)  Participant IREMAM : Stéphanie LatteAbdallah  47 Axe 1. Différenciation sexuée  et parentalité Généralement calqués sur l’asymétrie des rôles féminins et masculins dans l’engendremen, les statuts et les rôles associés à la paternité et à la maternité se sont le plus souvent constitués dans la différence. S’inscrire dans la parentalité, ce n’est pas seulement s’engager dans un mode particulier de relation à un (ou des) enfant(s), c’est habituellement s’y inscrire de manière  sexuée. Ces façons sexuées d’être parent varient évidemment selon les contextes socio-historico-culturels mais elles déterminent habituellement les capacités et les possibilités de relations avec l’enfant à la fois dans lesregistres juridique, économique, émotionnel ou affectif. Pourtant dans certains contextes ou dans certaines situations (économiques, politiques, démographiques, etc.), cette distinction peut se brouiller, être questionnée ou malmenée. En partant de situations particulières, on s’attachera ici à comprendre les transformations et les redéfinitions, temporaires ou définitives, qui affectent les rôles paternels et maternels. On essaiera notamment de saisir ce qui change : quels sont les aspects de la « maternalité » et de la « paternalité » concernés par ces changements ? Quels sont ceux, au contraire, qui demeurent stables ? Est-ce que ces transformations renforcent la distinction sexuée, l’effacent ou l’atténuent, ou bien encore ébauchent de nouvelles « frontières ». On s’intéressera également à la manire dont ces transformations sont pensées et vécues par les individus : sont elles initiés, subies ou consenties ? Sont-elles revendiquées, discutées ou controversées ?  è  Axe 2. Différenciation sexuée et engendrement L’engagement des individus dans la procréation est bien évidemment étroitement lié aux apacités offertes par leur corps. Mais si l’asymétrie biologique est ici très prégnante, elle est cependant diversement vécue et appréhendée selon les contextes historiques et socio-culturels. Les théories et les usages vernaculaires concernant la sexualité, l’engendrement, la fécondité, la stérilité, offrent aux hommes et aux femmes des possibilités qui ne se réduisent jamais à leurs seules dispositions biologiques. On examinera ici la manière dont les conceptions et les pratiques autour de l’engendrement distinguent la maternité et la patenité.  Les capacités des corps (offertes par les corps mais aussi offertes aux corps), leurs usages, la manière dont ils sont pensés et mobilisés seront ici au centre de l’analyse. On pourra explorer ainsi la façon dont la fécondité et la stérilité sont envisagées et vécues par les hommes et par les femmes comment est gérée et négociée la contraception, comment sont conçues et vécues le début et la fin de la période de fécondité. Pour les sociétés contemporaines, on sera particulièrement attentif aux transformations liées à la déliaison sexualité/procréation/gestation (procréation médicalement ssistée et grossesse pour autrui).   a  2. MIMED : Lieux et territoires des migrations en Méditerranée, XIXeXXIe siècles   Participant IREMAM : Cédric Parizot, Ali Bensaad Responsables : V. Baby-Collin (Telemme), S. Mazzella (Lames), C. Parizot (CRFJ-Iremam) & S.  Mourlane (Telemme).Articulant des recherches effectuées dans 4 laboratoires de la MMSH (Telemme, Iremam, Lames, Idemec), le programme a pour ambition de construire un réseau de chercheurs issus de différentes disciplines et institutions sur les qustions de migrations en Méditerranée. Les « lieux et territoires » des migrations permettent d’envisager la recherche dans une perspective diachronique et géographique, intégrant également les dimensions sociologiques et  48 anthropologiques.  L’enjeu consiste à construire un réseau pluridisciplinaire de chercheurs en sciences sociales capables de confronter approche et méthodologies pour enrichir une pratique de recherche trop souvent disciplinaire et géographiquement ciblée. Il s’agit ici au contraire de réfléchir au sens de l’espace méditerranéen comme espace récipiendaire des migrations internatioales, en échangeant et croisant les postes d’observation (France, Espagne, Italie, Balkans, Maghreb, Moyen-Orient méditerranéen), tout en enrichissant les démarches d’analyse des disciplines (historiques, géographiques, sociologiques, anthropologiques ou issues des sciences politiques). En confrontant les travaux individuels ou de groupes, et en proposant des axes de réflexion  thématiques orientés sur quelques objets d’analyse, nous espérons ainsi contribuer à une recherche plus collective, qui donne lieu à un approfondissement des connaissances et à l’ouverture de nouveaux champs de recherches sur les migrations dns les mondes méditerranéens. De fait, le cadre régional doit être envisagé de manière renouvelée et replacé dans un espace méditerranéen élargi. Entre le XIXe et le XXIe siècle certains espaces d’émigration sont devenus des espaces d’immigration non seulement pour l’Euroe méditerranéenne (Espagne, Italie, Grèce), mais aussi pour la rive sud de la Méditerranée (Maghreb, Machrek) en provenance d’Afrique subsaharienne, tandis que les migrations se sont  complexifiées et accrues dans les Balkans et au Moyen-Orient.  e de la  Pour une présentation plus détaillée de ces deux programmes, on se reportera au sitMMSH ; http://www.mmsh.univ-aix.fr/pole-programmes-transvers/programmes-transversaux/  LES RESEAUX THEMATIQUES DE RECHERCHE    1. Droits de propriété et appartenance locale dans les sociétés de l’époque moderne  Coordination IREMAM : Isabelle Grangaud Ce réseau de recherche s’appuie sur une réflexion collective engagée  de longue date autour des droits assocés à l’appartenance locale dans les sociétés modernes au nord et au sud de la Méditerranée. Pendant longtemps, l’historiographie a privilégié le rôle de l’État dans la définition et les processus de l’appartenance, lui octroyant le monopole de la définition de la citoyenneté ou de sujet d’un État, négligeant ainsi le rôle fondamental et primordial des communautés locales dans l’intégration des nouveaux venus et des liens ui lient l’ensemble des individus qui les forment. Il s’agit donc ici de revenir sur la question de l’appartenance en privilégiant au contraire le rôle du local dans sa définitin et dans les processus d’intégration. Dans la définition des droits et privilèges des membres de la communauté, l’accession à la propriété apparaît comme un des ressorts les plus importants, et c’est ce lien que ce programme   de recherche se propose en premier lieu d’explorer, dans sa dimension comparative. Ce programme devrait prendre prochainement la forme d’un Groupe de Recherche International (GDRI) associant les 4 institutions de ses responsables : le laboratoire Diraset – Études maghrébines (Université du 8 avril, Tunis), le LaDeHiS (EHESS, Paris), l’IREMAM (CNRS,    Aix en Provence) et l’IFEA (Istanbul). Sami Bargaoui (Université de Tunis) -en-Provence)   Simona Cerutti (EHESS Paris),  Isabelle Grangaud (IREMAM, AixIsik Tamdogan (IFEA, Istanbul)    2. Un phénomène de société : les waqfs des musulmans et chez les chrétiens et les juifs du MoyenOrient des origines à nos jours  Coordination IREMAM : Randi Deguilhem  49 Angle d’approche : le waqf dans tous ses états  Volontairement large quant à son cadre temporel mais aussi géographique, ce réseau aborde le waqf en tant que phénomène de société. Le waqf est un phénomène complexe et évolutif : c’est un outil polyvalent, mobilisé par des individus, hommes et femmes, dans tous les secteurs des  sociétés musulmanes (sunnite, chiite, ibadite, zaydite, etc.) et des communautés druzes,  chrétiennes et juives du Moyen-Orient. Dans ces sociétés-là, des individus issus des milieux les plus aisés jusqu’aux personnes appartenant aux niveaux socioéconomiques les plus modestes ont appel au waqf soit au bénéfice d’une ou de personnes désignées expressément par le constituant en tant que bénéficiaire de a fondation (waqf dhurrî ou ahlî , traduit souvent par familial ou privé) ; soit au bénéfice d’une institution à vocation religieuse, charitable ou publique (waqf khayrî). ; soit encore au bénéfice d’une combinaison des deux (waqf mushtarak, mixte). Ces trois genres de waqf sont, en réalité, des versants de la même institution et ils sont tous gérés de la même façon par le droit religieux, le droit civil et le droit coutumier même si, aux époques coloniales et postcoloniales, ils feront l’objet d’une législation spécifique destinée à les abroger ou les  incorporer dans l’appareil d’État.  Une énorme quantité de documents juridiques de nature différente portant sur le waqf et ses opérations a été produite par desinstances judiciaires ou bureaucratiques dans les sociétés concernés du début de l’islam jusqu’à nos jours. Avec les renseignements venant également d’autres sources comme des chroniques locales mais aussi des poèmes et des traditionsorales, ainsi que des études de terrain (relevés des bâtiments et leurs inscriptions effectués par des urbanistes, enquêtes réalisées par des anthropologues, auprès des populations urbaines, rurales et nomades), nous possédons une véritable masse d’information de caractère très varié pour étudier ce phénomène de société.   2. Pourquoi une approche interdisciplinaire ?  L’intention de ce réseau est de fournir un espace qui permettra le croisement régulier, sur plusieurs années, de chercheurs de disciplines et de champs d’études différents dans l’objectif d’apporter des interrogations de nature diverse oncernant le fonctionnement du système de waqf sur la longue durée (à titre d’exemple, la Grande Bretagne reconnaît aujourd’hui le waqf dans sa législation comme une variante d’un trust) ainsi que dans l’ensemble des espaces géographiques concernés. Le questionnement mobilisera ainsi six approches disciplinaires  distinctes : —l’histoire, pour contextualiser les usages du waqf et pour étudier leur inflexion dans des moments spécifiques  (par exemple, pendant des crises à longue durée comme celle des  les c  Croisades ou, plus tard, pendantolonisations) ;—la sociologie, l’anthropologie et l’ethnographie, pour l’analyse du rôle des individus et des stratégies qu’ils mettent en oeuvre dans le choix des bénéficiaires de leurs waqfscomme dans  celui des administrateurs (méthodes d’analyse de réseaux) ; —les études juridiques, pour analyser, tant en théorie que dans la pratique, les formes judiciaires de l’encadrement des activités liées aux opérations de waqf dans le domaine du droit religieux canoniqu (musulman, chrétien et juif), du droit civil (promulgué par les États) et du droit coutumier (partiellement visible aux chercheurs par le biais des documents enregistrés  auprès des tribunaux musulmans) ; —la géographie urbaine, pour analyser la manière dont le waqf a été utilisé par des individus ou  par l’État pour structurer l’urbain.  — enfin, un regard genré traversera l’ensemble de ces approches méthodologiques pour voir dans quel mesure les usages du waqf et son évlution sont corrélés au sex du fondateur et / ou  du bénéficaire. Le réseau s’appuie sur un séminaire intitulé « Le waqf en Méditerranée : le droit, le social, l’espace », donné à l’IISMM-EHESS, Paris, en co-habilitation avec l’EPHE, Paris, dans le Master « Sciences de religions et sociétés ».   smes institutionnels associés au réseau    50   OrganiFrance  ne Alleaume s, dir. Pierre Lory   IREMAM – MMSH, Aix-en-Provence, dir. Ghislai IFPO, Damas, dir. François Burgat/ Etudes arabe IISMM – EHESS, Paris, dir. Bernard Heyberger  IFAO, Le Caire, Études arabes, dir. Sylvie Denoix t Universitaire de France, équipe de Bernard Heyberger – Université de Tours, EMAM  InstituÉtr (Équipe Monde Arabe et Méditerranée) UMR 6073, dir. Nora Semmoud  roor  anger Palestine : Université Birzeit, Ramallah, Département d’Histoire, dir. Musa STunisie : Laboratoire DIRASET, Université de Tunis, dir. Abdelhamid Henia    LES PROGRAMMES SUR CONTRAT : Réponses déposées aux appels d’offre 2010    1. La « question chinoise » en Méditerranée : enjeux migratoires, logiques ns urbaines (Med in China)  commerciales et recompositioANR Les suds aujourd’hui II, 2010  Pilotage :  IREMAM, Vincent Geisser   Partenaire : ESO (UMR 6590, CREAD (Alger), Université Hasan II (Mohamadia)  Ce projet part du constat d’un manque. En effet, malgré nos investigations, nous n’avons repéré qu’une seule étude de sciences sociales traitant, en tant que telle, des migrations chinoises touchant la rive sud de la Méditerranée. Cette absence scientifique tranchant avec l’ampleur du phénomène socio-économique, nous avons décidé, mus par le désir de savoir, de réunir plusieurs équipes autour d’un objectif commun : défricher un terrain encore vierge, grâce à  l’alliance de nos outils disciplinaires respectifs. Le projet proposé conjoint plusieurs acquis de recherches en faisant l’hypothèse que la question chinoise de part et d’autre d la Méditerranée renouvelle le regard porté sur l’espace migratoire euro-méditerranéen. Le bouleversement des dynamiques commerciales chinoises dans des villes comme Casablanca, Marseille ou Alger, entraine une série de préjugés à l’égard des migrants chinois, véhiculés par une partie de la population française et maghrébine locales. Le formidable accroissement du nombre de travailleurs contractuels chinois, notamment en Algérie, recompose les espaces urbains et commerciaux allant jusqu’à réorienter les filières trabendistes, de la Méditerranée, vers l’Empire du Milieu. Un traitement juridique privilégié favorise la sédentarisation d’une main d’oeuvre contractuelle chinoise, a priori transitoire, dans des nouvelles terres d’immigration (Algérie et Maroc). Et, alors que la figure du migrant chinois se féminise, la Chine déploie une stratégie économique à l’échelle du continent africain qui  interroge le futur visage de l’espace migratoire euro-méditerranéen. Tels sont, brièvement résumés, les principaux axes de ce programme de recherche, ambitieux, par les questions qu’il soulève, et, pragmatique par la méthode qu’il expose.     51 1.1. Contexte et enjeux economiques et societaux La densification des relations entre la Chine et l’Afrique (excepté l’Afrique du Sud) stimule la croissance du continent africain, attestant de la diversification des partenaires économiques et partant de l’émergence d’un monde multipolaire. Cette intensification des liens entre ces deux ensembles économiques est l’objet d’appréciations radicalement opposées. Sur le plan négatif, la Chine construirait un nouvel empire colonial, pillant les ressources économiques africaines. La carte des investissements recouperait celle des grands producteurs de pétrole (Beuret, Michel, 2008, p. 55). Ces relations de type économique pérenniseraient une spécialisation post-coloniale rappelant l’échange inégal des années 1960 décrit par Arghiri Emmanuel (Arghiri, 1969). Au-delà de la concurrence de ses marchandises pénalisant les entreprises  subsahariennes et maghrébines, la Chine utiliserait le marché africain émergent comme un laboratoire pour ses produits industriels en les présentant à une clentèle moins exigeante (Lafargue, 2005). Sur le plan positif, la présence chinoise en Afrique inaugurerait un nouveau dialogue Sud-Sud, prônant un mode de développement libéré de la tutelle impérialiste. Résumé sous l’expression « winwin» (gagnant-gagnant), la collaboration sino-africaine relèverait d’un partenariat équilibré sans perdant au cours des transactions économiques (Esoh, 2005), peu contraignant au niveau politique du côté africain, stipulant la rupture des relations diplomatiques avec Taiwan pour toute ingérence. Un transfert de technologie naturel aboutirait iesavi à la formaton de pôles de compétitivité n ymbiose ec les tssus productifs locaux et susciterait un effet d’entrainement sur l’esemble du marché africain. Quelle que soit la réalité ou l’imminence de ce cercle vertueux, l’introduction massive de marchandises chinoises en Afrique réorganise un nombre important de filières économiques et crée uneonde de choc dont la propagation déstabilise, à l’aube des années 2010, les sociétés  africaines en termes démographiques, culturels et sociaux. Car, la multiplication des échanges économiques sino-africains, l’arrivée grandissante de produits chinois et la multiplication des entreprises chinoises en Afrique vont de pair avec l’extenion des secteurs d’activité occupés par ces entreprises et last but not least l’augmentation progressive du nombre de ressortisants chinois sur le sol africain (Dupré, Shi, 2008). Corrélativement, tandis que la libéralisation des échanges commerciaux et des investissements stimule les migrations au lieu de les réduire (Mouhoud, 2005), « le nombre de créations annuelles d’entreprises chinoises s’accélère suivant le même rythme que l’accroissement  de la population chinoise dans les deux pays [Afrique, Chine] » (Dupré, Shi, 2008, p. 10). Ainsi, la question des nouvelles activités commerciales chinoises, et, partant des migrations en Afrique, cristallise à elle seule, la majorité des enjeux contemporains. Laboratoire des mutations actuelles, le continent africain qui se projette sur l’Europe par l’intermédiaire de son versant nord, interpelle, sinon les métropoles littorales du nord de la Méditerranée, les équilibres géostratégiques euro-méditerranéen et mondiaux. Les recompositions migratoires dont la Chine est le nom affectent la Méditerranée et ne sauraient faire l’économie d’un regardscientifique, transdisciplinaire dans son principe, comparatif en son essence et objectif dans sa  visée. Bien que la « question chinoise » en Afrique et en Méditerranée obsède la plupart des médias, des experts et des décideurs politiques à plus ou moins court terme, peu de données scientifiques ont été produites à ce jour. Une telle carence s’explique principalement certes,par le caractère récent des migrations asiatiques dans le bassin méditerranéen mais, aussi par un sentiment généralisé de difficulté à pénétrer une population réputée à la fois discrète et fermée au regard extéreur. De plus, dans les sciences sociales, la division en aires culturelles qui structure la recherche française depuis de très nombreuses années a contribué à approfondr ce c déficit de connaissances sientifiques. En effet, les spécialistes reconnus de l’immigration chinoise dans le monde éprouvent une certaine réticence à s’engager sur des terrain arabes et maghrébins, dont ils ne maîtrisent ni les codes culturels ni les compétences linguistiques. Du côté des spécialistes du monde arabe, on a pu relever une réserve scientifique comparable mais, cette fois-ci, dans l’autre sens. Bien qu’ils soient familiers des terrains méditerranéens, les spécialistes de la zone (Proche-Orient et Moyen-Orient) ont souvent concentré leurs recherches sur les réseaux migratoires maghrébins en Europe, les phénomènes liés au trabendisme (commerce informel, contrebande, etc.) ou, plus récemment, sur la problématique des migrations ouest africaines au Maghreb, laissant totalement de côté les migrants chinois perçus comme trop « exotiques » pour être vraiment pris au sérieux. Du coup, on se trouve dans une situation de déficit chronique de connaissances et de savoirs sur les réseaux migratoires chinois en Médterranée occidentale, contrastant avec la surproduction des analyses et des écrits scientifiques sur le trabendo, les harragas (les « brûleurs de frontières ») ou encore les migrants originaires d’Afrique de l’Ouest transitant par les pays du Maghreb central.  1.2. Positionnement du projet  Dans un contexte de déplacement du centre de gravité du capital vers l’Asie et partant de remarquables transformations à l’échele planétaire, la thématique de la gestion des flux de population revêt une nouvelle acuité. En septembre 2006, les Nations-Unies ont considérés que la question des migrations internationales devait faire l’objet d’une consultation mondiale (Saïb Musette, 2006 ; p.2). Toutefois, malgré leur importance, les migrations chinoises en Méditerranée, notamment en Algérie, demeurent invisibles aux yeux des scientifiques, alors même qu’elles mettent en jeu l’acteur le plus important en ce début de XXIe siècle : la Chine. Le rapport 2008-2009 (Migrations Méditerranéennes) du Consortium pour la Recherche Appliquée sur les Migrations Internationales ne mentionne pratiquement pas le cas des migratios chinoises. Ces migrations seraient-elles considérées comme une simple migration temporaire de travailleurs contractuels ? (Ma Mung, 2009). Sous-évaluée et sous-étudiée, contrairement aux mouvements migratoires nord-africains en Europe, il semblerait que ce type de mobilité humaine effraie. En ce sens, l’étudier reviendrait à ouvrir la boite de pandore contenant le spectre du péril jaune. De toute évidence, si les ressorts des migrations transnationales chinoises sont connus, un penchant de sens commun implicitement comparatiste consisterait à généraliser abusivement les logiques de leur fonctionnemet, transposant à des sociétés pourtant différentes les mêmes schèmes de pensée. Autrement dit, les migrations chinoises au Maghreb seraient les mêmes que dans le reste du monde, un Chinois restant un Chinois et un chinatown un chinatown. Ce reflexe stimulant la paresse intellectuelle gagne à être abandonné au profit d’une attitude résolument empirique traitant ls faits sociaux comme des choses une  fois les préjugés rangés au musée de l’obsolescence. A ce titre, l’appel d’offre « Les Suds II » de l’Agence nationale pour la recherche pose l’épineux problème de la rupture avec les paradigmes à la base de l’analyse des rlations Nord (s)-Sud(s) depuis le début des années 1980, ainsi que la nécessité de l’étude des migrations qui s’établissent entre pays des « Suds ». Articulant dans le même mouvement exhortation à la nouveauté conceptuelle et prise en compte des enjeux de société les plus cotemporains, cet appel encourage à renouveler les approches théoriques tout en forçant à considérer la pertinence sociale d’un objet. Notre projet, en portant un regard prononcé sur des tendances en émergence a pour ambition de contribuer à dissiper les raccourcis dans le dbat public ou bien académique sur les conséquences de la présence chinoise en Méditerranée. Même si la véritable signification de cette présence ne sera compréhensible qu’une fois les effets de ses ondes de choc économques et sociales dissipés. (Dobler, 2009), nous entendons profiter de l’apparition de ce phénomène « à chaud » pour nourrir nos intuitions scientifiques dans une optique  prospective. Sur le plan de sa thématique générale, ce projet se situe principalement dans le volet 2.4 Mobilités et migrations des « Suds » de l’appel d’offre. Les effets des recompositions migratoires sur le plan local et transnational font partie intégrante de nos tâches de recherche Au niveau international, enfin, notre programme rassemble dans la même équipe des chercheurs des deux rives de la Méditerranée (France, Allemagne, Italie, Espagne, Algérie, Maroc). Ses deux organismes publics partenaires ont une visibilité certaine au niveau européen en termes de collaboration avec des insitutions européennes ou de mobilité des chercheurs. Qui plus est, les équipes collaboratrices qu’il réunit privilégient les relations avec les organisations non gouvernementales européennes etaméricaines dans une optique de circulation des savoirs. Il va sans dire, que la visibilité européenne de notre thématique s’impose par les enjeux qu’elles l 53 soulèvent, les acteurs qu’elles convoquent et les intérêts de connaissance qu’ele suscite. Car, sur ce dernier point, poser la question des migrations chinoises, en relation avec les activités commerciales de l’Empire du Milieu, en Méditerranée, renouvelle le regard posé traditionnellement sur les espaces migratoires et les espaces urbains euro-méditerranéens. Nous le verrons, les circulations migratoires et économiques tendent à sortir de leur axe classique (Rive Nord-Rive Sud), bouleversant, les routes habituelles, malgré la profondeur de leurs sillons. L’économie informelle (le trabendisme) notamment, s’oriente vers la Chine (Nadi,2008). Les trabendistes algériens empruntant la voie ouverte, dans l’autre sens, par les migrations humaines et les produits manufacturés made in China, encouragés dans leur  entreprise par la fermeture croissante des frontières au niveau européen. Révélateur de cette dynamique, Beijing, qui a célébré en 2008 le demi-siècle de relations diplomatiques avec Alger, miserait sur la suppression des visas pour les ressortissants des deux pays (Métaoui 2009). Finalement, les migrations chinoises ne se contentent pas d’engendrer dans leurs pays d’installation des petites entreprises commerciales u artisanales en contact à l’échelle locale du point de vue de l’approvisionnement, du financement ou de la force de travail, constituant des agglomérats reliés à l’échelle internationale (Ma Mung, 2009). Les Xin Yimin (nouveaux migrants) par leur activité économique (Pina-Guerazimov, 2006) bouleversent la dynamique es migrations dans l’espace qu’ils investissent, transnationalisant, par ce fait même, les enjeux  d que leur présence illustre.   contrôle dans la globalisation (Enigmur)  2. Politiques du Mur : séparation /ANR « Espace et territoire », édition 2010  Pilotage : SPIRIT (Sciences Po Bordeaux) ; coordination. E. Ritaine  Coordination IREMAM : Cédric Parizot  t positioojet 1Contexte ennement du pr Notre projet Enigmur,  présenté dans l'axe 3 de l'appel à projets (Des espaces du mouvement aux espaces fermés et enfermés), part de la constatation suivante : dans la période contemporaine, marquée par l’intensification des flux d’échanges dans un monde globalisé, les dispositifs de séparation pour contrôle sont de plus en plus fréquents : blindage des frontières ou des limites territoriales de fait, centres de rétention des étrangers en situation illégale, urbanisme défensif (résidences fermées, enclaves urbaines fortifiées). Nous posons qu'une politique de séparation « contrôlante » se décline ainsi en de multiples logiques d’action, dont nous étudions les manifestations territorialisées.Nous ne cherchons pas à décrire les modalités matérielles des blindages, ni à mesurer leur impact sécuritaire : nous cherchons à comprendre les logiques politiques à l'oeuvre dans cette multiplication contemporaine des murs. Notre perspective de recherche consiste à considérer qu'il y a, sous ces logiques d'action diverses, un geste politique homologue, qui définit un intérieur (défendre « son » territoire) et un extérieur (contrôler les entrées, empêcher les intrusions). Nous définissons ce geste politique comme la notre objet de recherche.  politique du Mur (ou en abrégé le Mur) : cette politique du Mur est  L'opération de recherche se déclinera autour de trois thématiques : - Les conditions de la prise de décision : pourquoi/comment blinder la limite territoriale?  - La production d’un espace public asymétrique : quels sont les effets identifiants et les effets discriminants du Mur ? - La spatialisation du contrôle : quel est le sens politique d'un degré plus ou moins grand de territorialisation ou de virtualisation du contrôle ?Ce référentiel de contrôle par la séparation territoriale est-il seulement réactif (tenter de se protéger des incertitudes nées de la globalisation)? Ou bien manifeste-t-il l’émergence d’un ordre social différent, adapté aux enjeux globaux, fondé sur la différenciation et la hiérarchisation des statuts, l'émergence d'une  politique de triage généralisé ? Ce thème soulève des enjeux politiques (que se joue-t-il dans cette volonté biopolitique de blinder un territoire contre certains, jugés indésirables ?), des enjeux éthiques (la liberté de circulation est-elle en train de devenir un critère de hiérarchisation dans le monde global ?), des  54 enjeux scientifiques (ce dispositif de triage apparaît comme un analyseur pertinent des tensions de la globalisation). Au même titre que l'écologie (et souvent liée à elle, comme dans le cas des réfugiés climatiques), la liberté de circulation des personnes sera l'un des grands enjeux de demain. Il s'agit ici de contribuer à le penser dès à présent, en proposant une approche pluridisciplinaire (science politique, sociologie, anthropologie, géographie, urbanisme, sémiologie, architecture) du thème révélateur du Mur. Ce thème étant émergent, nous avons cherché à rassembler les meilleurs spécialistes français en la matière, en réunissant, autour d une problématique englobante, des chercheurs déjà engagés sur ces thèmes et prêts à travailler en réseau. Notre ambition ultime  est que cette approche, portée par un réseau de chercheurs, s'institutionnalise et perdure dans le temps, en synergie entre les deux sites de recherche (SPIRIT à Bordeaux, coordinateur du projet, et IREMAM à Aix-en-Provence, partenaire du projet).  2Description scientifique :  état de l’art et enjeux scientifiques. Les murs, archaisme ou  hypermodernite ? Dans notre univers de mobilité généralisée, l'érection de murs de séparation est devenue un dispositif fréquent, qui est toujours constitué de moyens d'empêcher la circulation des personnes (blindages matériels et immatériels, protection des voies de passage, contrôle des entrées par les checkpoints, centres de rétention). Il y a là, en apparence, une contradiction avec l’idéologie néo-libérale du laissez-faire et du laissez-passer. En pratique, pourtant, une grande incertitude se développe lorsque la mobilité s’intensifie (multiplication des échanges), lorsque la mobilité est revendiquée (migrations), lorsque la mobilité peut devenir massive (réfugiés climatiques). Alors le problème du contrôle devient aigu, et se transforme aisément en enjeu politique. C’est ainsi que, dans un monde défini comme un espace de flux et de risques globaux, se met en place une société de contrôle, dominée par la logique des nouvelles technologies, où « ce qui compte n'est pas la barrière, mais l'ordinateur qui repère la position de chacun, licite ou  illicite, et opère une modulation universelle » (Deleuze, 1990). Dans l'ère de l'espace, le territoire, et son éventuelle fortification, étaient garants de la sécurité collective et leur contrôle une prérogative régalienne, définissant le pouvoir politique : celui des anciens empires (muraille de Chine, mur d'Hadrien), celui des villes et seigneuries du Moyen Age (fortifications), celui des Etats modernes (lignes Maginot et ligne Siegfried), celui des blocs  militaires transnationaux (mur de l'Atlantique et mur de Berlin). L'intra-muros définissait une appartenance politique et une sûreté collective. Cette ère de l'espace, depuis longtemps minée par la globalisation, s'est symboliquement close le 11 septembre 2001, avec la révélation violente qu'il n'existe plus de refuge territorial : « les lieux ne protègent plus, quand bien même on les a armés et fortifiés. Force et faiblesse, menace et sécurité sont à présent devenues, essentiellement, des questions extraterritoriales (et diffuses) qui échappent aux solutions territoriales (et centrées) ». L'espace global est tout entier devenu un espace de "vulnérabilité mutuelle assurée" marqué par l'incertitude (Bauman, 2005). Dès lors, la société de contrôle global qui se met en place par l'utilisation des technologies de contrôle et par la convergence du civi et du militaire est adaptée à la surveillance de la multitude indépendamment de l'espace (l'enclosure des sociétés disciplinaires n'est plus nécessaire), par l'application des techniques de la biopolitique, par la surveillance des mouvements et des actes des individus selon des traces codées (le dressage des corps des sociétés disciplinaires n'est plus nécessaire). Il y a surveillance réticulaire globale : à l’intensification potentielle de la mobilité des populations répond une société de contrôle dématérialisée et déterritorialiée (Foucault, 1975, 2001 ; Mattelard, 2007). Dans ce contexte, l’érection de murs n’est-elle pas paradoxale, voire archaïque dans son ambition de  55 reterritorialiser le contrôle ? Ces murs contemporains n’ambitionnent pas de stopper des invasions ennemies, comme c’était le cas pour les fortifications anciennes. Ces murs ne prétendent pas empêcher les ressortissants de l’intérieur de s’enfuir, comme le faisait le mur de Berlin. Ces murs se préoccupent « d’enfermer dehors » les indésirables. En ce sens les murs, dont l’efficacité pratique peut toujours être discutée, sont politiquement et symboliquement décisifs : alors que la frontière ne désigne que l’étranger (symétriquement des deux côtés), alors que la ligne de cessez-le-feu est tracée d’un commun accord entre belligérants (symétriquement des deux côtés), alors que la différenciation entre quartiers obéit à une logique sociologique (symétriquement des deux côtés), le mur fabrique, asymétriquement, le suspect. Dorénavant la décision d’ériger un mur exprime l’asymétrie1, car elle ne dresse pas une barrière face à une partie équivalente, un autre Etat ou un autre groupe social, mais face à des risques d’intrusion de groupes peu identifiables : elle fonctionne à l’anticipation de la menace asymétrique, et correspond à une volonté de triage, qui loin d’être archaïque semble terriblement hypermoderne !  Les murs de séparation contemporains peuvent sembler très différents dans leurs caractéristiques empiriques. Ils sont en effet dotés de technologies de blindage plus ou moins élaborées, simple rangée de barbelés ou technologies de surveillance les plus sophistiquées, barrière de béton ou espaces maritimes blindés, voire surveillance offshore. Ils ont aussi des caractères juridiques et politiques différents (cf. ci-dessous Schéma 1 « Murs contemporains ») (Foucher 2007 ; Novosseloff, Neisse, 2007) Les murs de séparation les plus fréquents, les cas de blindage de frontière, relèvent d’un sécuritaire civil et militaire : dans un amalgame troublant, ils sont censés protéger un territoire national du terrorisme, des trafics, de l’immigration clandestine. Il s’agit d’un exercice de souveraineté étatique, puisque la barrière est construite sur le territoire de l’Etat décideur, dans un contexte de rapport de forces très déséquilibré avec le territoire voisin (Andreas, Snyder, 2000 ; Andreas, 2000). Ici les centres de rétention pour étrangers sont des annexes naturelles de la barrière, un deuxième filtre (Politix, 2005 ; Cultures et Conflits, 2005 ; Kobelinsky, Makaremi, 2009 ; Bernardot, 2008, 2009). D’autres cas relèvent d’un sécuritaire directement militaire : il s’agit de lignes de cessez-le-feu dont le tracé et la valeur juridique sont contestés par l’un ou l’autre des protagonistes. Imposer, par l’importance des dispositifs construits, des limites territoriales de fait semble bien être la stratégie sous-jacente à l’érection de ces murs : murs entre Israël et Territoires palestiniens (Dieckhoff, 1987 ;Ophir et al., 2009 ; Weizman, 2007 ; Cypel, 2005 ; Backmann, 2006 ; Salenson, 2009), entre Maroc et Territoires sahraouis, entre Inde et Pakistan au Cachemire (Racine, 2002). Dans ces cas, contrairement aux autres, il y a eu déplacement ou séparation des populations. Du sécuritaire militaire relèvent aussi les murs de séparation entre communautés, érigés dans des contextes de guerre civile par des forces militaires tierces, pour séparer les belligérants : peacelines de Belfast entre quartiers catholiques et quartiers protestants (Ballif, 2009 ; Ballif, Rosière, 2009), Bremer walls à Bagdad entre quartiers sunnites et quartiers chiites, gated communities militaires comme les camps retranchés américains en Irak (Chandrasekaran,  2009). Bien qu’apparemment éloigné de la logique qui préside aux cas précédents, le sécuritaire social atteste d’une logique de séparation homologue, à l’oeuvre dans les enclaves urbaines fortifiées (comme les barrios privados d’Amérique latine), dans la construction de barrières préventives en milieu urbain, et dans les gated communities, désormais répandues dans le monde entier (Blakely, Snyder, 1997 ; Caldeira, 1996 ; Le Goix, 2004 ; Donzelot, 1999 ; Low, 2003 ; Billard et al., 2005). Ces dispositifs de séparation urbains supposent en effet la permanente anticipation d’une menace extérieure, qui appelle le déploiement de techniques d’inspiration policière et militaire pour contrôler un territoire privatisé : « ces mesures de sécurité sont appelées "prévention de la criminalité par le design environnemental ". Elles vont des changements de design architectural, qui encouragent ou facilitent des comportements sociaux dissuasifs, à des mesures de « renforcement des cibles » (terme militaire employé pour le blindage des zones  vulnérables), qui utilisent des barrières matérielles et des technologies de surveillance » (Blakely, Snyder, 1997, p.162). Ces dispositifs de contrôle affichent toujours une fonction sécuritaire, dont les fins explicites - civiles, militaires ou sociales - sont différentes, quoique souvent emboîtées. Ils sont susceptibles d’une analyse spécifique à chacun, celle d’une sociologie politique des frontières, celle d’une géopolitique des contestations territoriales, celle d’une sociologie de la ségrégation urbaine. Cependant, peut-être ces différents cas ont-ils en commun une fonction de séparation politique inédite, et révélatrice des tensions contemporaines dans le contexte de la globalisation. Pour explorer cette idée, nous proposons de monter en généralité, en considérant le Mur (la majuscule désignant désormais, par convention, la politique du Mur, et non plus le mur physique) comme un dispositif politique caractérisé par la construction politique d'une opposition intérieur/extérieur, et homologue3 dans tous ces cas.  mur 56 3Programme scientifique :  la politique du  comme objet de recherche L'intégration scientifique de notre équipe se fait grâce à la réflexion sur une probématique commune. Celle-ci nous permet d'établir un dialogue constructif entre nos disciplines, dont l'éventail est large. Elle nous guide également dans le choix des processus que nous étudions, transversalement à différents terrains. En ce sens, nous ne cherchons pas à être exhaustifs sur  un ou des terrains, mais bien à explorer des processus homologues sur différents terrains :  notre équipe est d'entrée comparatiste. Dans un souci de cohérence scientifique, notre recherche porte sur les différents cas de blindage de frontières ou de territoires, donc de blindage entre entités politiques (reconnues ou non) ; elle intègre les centres de rétention (proches des blindages, éloignés sur le territoire, externalisés dans d'autres pays) qui en sont le prolongement dans notre problématique intérieur/extérieur : nous considérons que là où le blindage définit politiquement un intérieur et un extérieur, le centre de rétention maintient le clandestin dans une extériorité politique et  spatiale, un non-lieu. Nous ne traitons pas directement de l'urbanisme défensif, auquel on ne peut pas prêter le même type de logique politique ; cependant, grâce à la présence dans notre équipe d'architectes et d'urbanistes, nous restons réceptifs aux très riches enseignements de la sociologie des résidences et quartiers fermés, qui ne peut qu'être inspiratrice pour nous.   dispositif politique  31Le Mur comme a- Concept de base Nous considérons le Mur comme un dispositif politique qui se compose aussi bien de technologies complexes, de pratiques de contrôle et de surveillance policières ou privées, de réglementations et de législations sur l’accès au territoire, de discours professionnels et politiques sur la sécurisation de la limite territoriale. Cette façon de construire l’objet de recherche est inspirée du concept élaboré par M. Foucault : « Ce que j’essaie de repérer sous ce nom (dispositif) c’est, premièrement, un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, (...). Le dispositif lui-même, c’est le réseau qu’on peut établir entres ces éléments. Deuxièmement, ce que je voudrais repérer dans le dispositif, c’est justement la nature du lien qui peut exister entre ces éléments hétérogènes (...). Troisièmement, par dispositif j’entends une sorte de formation qui, à un moment donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une  donc une fonction stratégique dominante » (Foucault, 2001, p. 299).  urgence. Le dispositif a b- Hypothèse centrale Dans des contextes de forte incertitude sociopolitique, c’est autant l’identitaire comme enjeu politique que le sécuritaire comme question de défense qui produit la stratégie du Mur. Nous partons d’une conception constructiviste du sécuritaire, inspirée de l’école de Copenhague en relations internationales, et des travaux sur la construction du sécuritaire en politique  intérieure. Il y a, en effet, des enjeux de pouvoir dans la volonté de vouloir imposer telle ou telle pratique de contrôle d’un territoire, ici des pratiques de blindage, plutôt qu’une autre solution : l’acte de classification, le speech act qui fait considérer qu’un problème relève de pratiques sécuritaires (que ces auteurs nomment « securitization ») va bien au-delà de simples questions de sécurisation (Waever, 1998). Le scénario politique de « securitization » des limites territoriales se déroule en trois actes : il s’agit d’abord de construire la contiguïté comme risque, comme enjeu sécuritaire ; il s’agit ensuite de trouver un certain type de solution sécuritaire, ici l’érection de barrières et l’installation d’un dispositif de contrôle des déplacements ; il faut enfin élaborer une légitimation globale de cette entreprise politique. Le Mur, en supposant l’existence d’un danger extérieur, instaure ainsi un étonnant contexte de défiance au sein même de la société civile : en effet, il fonctionne sur le double principe de la dissuasion et du contrôle, de  57 l’obstacle et du triage. En ce sens le Mur est autant politique que sécuritaire : il n’est interprétable que dans la configuration des enjeux de politique intérieure, que peut révéler une analyse de la prise de décision, puis des différents moments de la mise en application (car la légitimation du blindage varie dans le temps, et la concrétisation de l’ouvrage peut être aléatoire). Cette politique semble en effet remplir une fonction politique interne importante, faite de réassurance collective et  territorialisation  d'identification territorialisée : le Nous désigne ceux de "l'intérieur". Ici la et la monumentalité du dispositif sont en cohérence avec la fonction politique : les technologies de contrôle dématérialisées ne peuvent, en effet, jouer pleinement ce rôle d'identification collective et de réaffirmation du contrôle politique sur  le territoire. Dans un contexte où les pouvoirs globalisés leur échappent, les pouvoirs politiques, par essence localisés, ne peuvent aujourd’hui tenter d’agir que sur l’incertitude sociétale, en la codant en termes de sécurité des personnes. Fondée sur la ré-affirmation d’une communauté politique territorialisée, cette stratégie explique le sentiment d’insécurité par des périls censés venir de l’extérieur (la mondialisation des échanges, les institutions supranationales, l’intrusion de mafias, de terroristes, d’immigrés clandestins, de délinquants). Articulée sur une stratégie défensive, elle préconise le renforcement de la sécurité publique et sociétale sur le territoire national (l’argument sécuritaire), la protection de l’identité culturelle nationale ou locale (l’argument identitaire, qui va souvent de pair avec le fantasme du risque de dilution démographique), la restriction de l’allocation des bénéfices sociaux aux seuls natifs (l’argument tix 21 de la protecon sociale eclusive) (Bauman, 1999 ; Betz,001 ; Walker, 993). Cependant, comme le mur matériel peut paraître archaïque en regard des nouvelles technologies de contrôle, cette stratégie défensive localisée peut sembler illusoire dans le maelström de la globalisation : le coût de cette « surcharge de sûreté » donne l’illusion de combattre des dangers extérieurs, alors même « qu’il n'y a plus d'en dehors » (Ceyan, 2001 ; Andreas, 2000 ; Andreas, Snyder, 2000). Cette stratégie d’exclusion a aussi de nombreux effets sur "l’extérieur", notamment des effets pervers sur les partenaires en matière économique et diplomatique. Elle est enfin bien moins exclusive qu’on ne le croit, car souvent poreuse et agitée d’échanges (Cultures et Conflits, 2008 ; Parizot, 2009a).  omme analyseur de l’asymétrie politique  32Le Mur c a- Concept de base Nous travaillons sur l’idée que le Mur constitue une « militarisation de la contiguïté » (Dal Lago, 2005). Il est susceptible d’une analyse en termes d’asymétrie, dans toutes les acceptions de ce terme. Le Mur constitue une réponse, parmi d’autres, à des « menaces asymétriques » telles qu’elles sont théorisées par les doctrines militaires : « l’évolution de la nature du système international (accroissement des « zones grises » de pauvreté et de conflit, amplification des inégalités et de l’exclusion, et diffusion des technologies) et de la nature des acteurs (multiplication des acteurs transnationaux insatisfaits et du sentiment d’exclusion, affaiblissement des États, relais de l’État par des groupes privés) a eu pour conséquence de modifier l’utilisation des moyens, en procurant aux acteurs du système des capacités  asymétriques pour compenser leur asymétrie de moyens » (Clément-Noguier, 2003). Le Mur relève aussi d’une analyse en termes d’asymétrie dans la globalisation : d’un côté une élite globale, extraterritoriale et mobile, caractérisée par l’aisance et la vitesse de ses échanges ; de l’autre, les dominés, « cloués au sol », empêchés d’aller et venir, tant par manque de moyens matériels que par contraintes juridiques. La lutte de ceux qui contestent ce confinement est alors de tenter d’atteindre malgré tout l’élite globale dans ses déplacemens et dans ses sanctuaires, ou du moins d’en montrer la vulnérabilité, par des moyens non conventionnels (non-violence, guerre de l’information, violence politique, sabotages, guérillas, actes terroristes). Une des tentations des puissances dominantes, face à la fluidité des réseaux adverses, est alors de vouloir reterritorialiser ces phénomènes : désignation d’Etats voyous, rétention des suspects de terrorisme, blindage des zones de passage (militarisation des  58 frontières, bouclage des zones de transit) (Bauman, 2005, 2006). Dans cette conception de l’asymétrie, l’acteur territorialisé et dominant en termes de moyens conventionnels peut, en prétendant prévenir des risques perçus ou supposés, choisir de sécuriser son territoire en excluant non pas des adversaires mais tous les suspects potentiels. L’érection d’un mur est une réponse asymétrique à un danger (à la perception d’un danger) asymétrique, qui n'est pas considéré comme pouvant être traité dans des relations bilatérales, d’Etat à Etat, de groupe à groupe.  Enfin, le Mur incarne une conception de l’asymétrie en termes sociologiques. L’ambiguïté sociale et politique du Mur est de reposer sur une anticipation de la menace au sein même des sociétés civiles : il n’y a pas deux protagonistes identifiés, mais un acteur territorialisé (Etat ou communauté locale) d’un côté, et toute une population suspectée de l’autre. Une décision étrangère a ainsi des conséquences majeures sur des personnes et des populations qui n’ont plus accès à une plein souveraineté : les voyageurs qui n’ont pas le « bon passeport », les Palestiniens ou les Sahraouis sans Etat, les travailleurs migrants, les pauvres et les marginaux, bref les « indésirables ». Exactement comme dans les gated communities, certains choisissent de  se séparer et d’autres sont séparés de fait. Cette façon politique de « faire mur » englobe les différentes techniques de blindage du territoire bien au-delà de strictes préoccupations de sécurité publique : elle vise à la réassurance sociétale par ique (Van Houtum, Van Naerssen, 2001).  le biais d'un travail polit b- Hypothèse centrale : voient leur  Les murs contemporains sont des frontières de statuts : intra muros, les personnes  statut reconnu et leur liberté de circulation assurée ; extra muros, les personnes sont suspectées et leur liberté de circulation est restreinte : le Mur fonde un espace public asymétrique. Dans un monde-frontière « parcouru par d’innombrables flux […], les frontières constituées par les statuts (économiques, sociaux, juridiques) apparaissent toujours plus comme les éléments […] qui permettent, entravent ou empêchent l’accès au réseau de flux. Les individus représentent en ce sens des manifestations éparses des frontières constituées par les statuts dont ils sont tituaires» (Cuttitta, 2007). Dans ce monde-frontière, la liberté de circulation, basée sur une discrimination statutaire, est un critère de stratification essentiel (Kalm, 2005). Le Mur révèle ainsi l’asymétrie intrinsèque des limites territoriales et statutaires contemporaines. Il est indifférent à la sortie et contrôle l’accès, laisse circuler les capitaux et restreint les mouvements des personnes, protège la communauté et réprime les outsiders, confronte richesse et pauvreté. La stratification s’opère sur les différences de droits à la mobilité et sur la détention du pouvoir de contrôler les déplacemnts. Qui contrôle l’accès – la possibilité d’accès - exerce le pouvoir : celui qui autorise à catégoriser les individus et à  hiérarchiser des statuts (Ritaine, 2009b) Le principe du Mur est une discrimination dans l’accès : il faut avoir le mot de passe, le code, les moyens financiers, le « bon » statut, etc., ou bien transgresser l’ordre établi par le Mur. L’espace public des échanges autour de ce blindage est donc asymétrique : il a une fonction performative active du côté intérieur : il est identitaire. Il a une fonction performative passive du côté extérieur : il est empêchement et humiliation ; il est aussi parfois mortifère, lorsqu'est tenté un passage en force ; enfin, il peut donner lieu à une multitude d'échanges informels et à une véritable "économie du passage". Ici on sera donc particulièrement attentif aux effets sociopolitiques sur "l’autre côté" du Mur (Parizot, 2009b) (cf. ci-dessous Schéma 2 : Catégories de l’espace public asymétrique du Mur).  mme territorialisation et/ou virtualisation du contrôle  33Le Mur co a- Concept de base : Nous n'éludons pas le fait qu'il y a mur et mur : barrière matérielle, et parfois contrôle virtuel par les smart technologies ; postes de contrôle, et parfois contrôle à distance ; contrôle physique, et parfois procédures bureaucratiques de triage. Le Mur peut être plus ou moins territorialisé, plus ou moins virtuel ; le Mur peut avoir des objectifs explicites variant de la fermeture au triage, puis à la "perméabilité contrôlée". Aussi nous interrogeons-nous sur les effets politiques de sa plus ou moins grande visibilité (monumentalité du blindage, inscription dans le paysage), de sa plus ou moins forte virtualisation (technologies optiques, électroniques, informatiques)  59 (Ritaine, 2009a). En ce sens, nous nous appuyons sur la notion générée par la situation israélo-palestinienne, et exportable vers toutes les situations de séparation/contrôle, celle de "matrice de contrôle" (Halper, 2008 ; Fouet, 2002), enchevêtrement de règlements bureaucratiques, d'opérations  militaires ou policières, de restrictions de circulation, d'infrastructures réservées, de  surveillances technologiques. Permettant la description des technologies mises en oeuvre au sein du « dispositif politique », cette notion autorise à étudier les processus de blindage quelle que soit leur visibilité : c'est ainsi, par exemple, qu'en Méditerranée, les barrières de Ceuta et Melilla sont visibles et remarquables, alors que la surveillance des eaux territoriales et des enclaves espagnoles par le SIVE4 repose sur des technologies virtuelle et discrètes (Ferrer Gallardo, 2008 ; Pollak,  Slominski, 2009)).  b- Hypothèse centrale Il y a un continuum entre technologies de blindage matérialisées et technologies de blindage virtualisées : celles-ci s'intègrent dans "un diagramme stratégique d'une grande richesse. Diagramme à partir duquel les choix concrets d'agencement de l'espace sont rarement univoques, mobilisent plusieurs formes de rationalités et plusieurs catégories d'outils" (Razac,  2009, p. 203). Nous nous intéressons ici à la dialectique gouverner par des instruments / être gouverné par des instruments. Les choix technologiques sont à l'évidence des choix politiques et professionnels (rôle des experts de la sécurisation). Ils entraînent ensuite les décideurs dans leur propre logique de surenchère technologique : le mur en dur produit le tunnel, qui lui-même appelle le détecteur de mouvements souterrains ; l'accentuation des contrôles en un point entraîne des contournements, qui à leur tour nécessitent le déploiement de techniques de repérage et d'interception plus puissantes (drones et patrouilles militaires), etc. Cette réflexion sur les technologies est pour nous transversale aux deux premières lignes de recherche. Elle cherche à comprendre la logique des acteurs qui interviennent dans les choix technologiques, et dans la mise en application des techniques : politiques, experts de la sécurité, forces armées et de police, lobbies économiques (marché de la sécurité), groupes de pression locaux, etc. Elle vise à mesurer l'effet des différentes technologies sur les populations concernées. Elle s'intéresse, enfin, à l'impact symbolique de ces différents ouvrages sécuritaires, en étudiant les ormes du Mur dans une approche sémiologique.  f  3.  Dynamique du Réseau des Agglomérations et du Système Urbain en Algérie. Métropolisation, Recompositions Territoriales et Sociales (DYRASA)  ANR Les Sud s aujourd’hui, II s du Vaucluse  Pilotage : UMR151 – LPED – IRD – Université de Provence niversité d’Avignon et des Paye au Développement – CREAD  Partenaires : UMR 6012 – ESPACE – CNRS – U Centre de Recherches en Economie AppliquéIREMAM – MMSH (coord. Saïd Belguidoum)  60 FRE 3226 – CNRS – Université Paris Diderot Le rapport du GEMDEV (Osmont et al. 2000) et les différentes interventions du colloque international du PRUD (Goldblum et al. 2004) ont montré la nécessité d’une recherche urbaine orientée vers l’étude des stratégies des acteurs et des logiques de l’action e de la gestion. La ville, dans sa diversité, est reconnue comme élément moteur de la croissance et du développement durable (Bailly et Huriot 1999; Tubiana 2000) mais elle concentre aussi la majorité des problèmes de pauvreté et d’environnement. Cet apparent paradoxe est le résultat, dans les pays du Sud, d’une croissance urbaine démesurée depuis les années 1980, et de l’absence de politiques publiques ajustées et de planification. La croissance urbaine est à ce titre le produit et le moteur de changements structurels profonds au niveau national et internaional, dans la structure et la dynamique des territoires, et dans les groupes sociaux qui composent la société ; dynamique complexe dont les mécanismes du « cercle vertueux de l’urbanisation » sont bien connus (Bairoch 1996; Bairoch 1999; Véron 2008). Elle est devenue à ce titre un objet  spécifique de recherche dont la vocation pluri-disciplinaire est avérée. Par ailleurs, comme le signale plusieurs auteurs (Pumain 1982; Guerin-Pace 1993, 2001; Bretagnolle et al. 2009), on ne peut considérer la relation urbanisation – développement qu’à partir de la conception de système de villes (Pumain 1995). Dans ce concept de système, trois idées essentielles s’appliquent parfaitement aux villes (Walliser 1977) : l’idée de système ouvert en relation avec son environnement ; celle de l’interaction du système avec des sous-systèmes « régionaux » lui donnant sa cohérence ; celle de système adaptatif complexe subissant des modifications de structure et de propriétés. Le concept de système est par ailleurs indissociable du concept de modèle, « conçu comme système représentatif d’un système concret » (Walliser 1977), que les géographes et les économistes ont enrichi ces dernières années, en introduisant la perspective dynamique et la notion d’auto-organisation, améliorant la prospective des politiques d’aménagement (Pumain et al. 2009).  Une approche système En dépit d’une remarquable continuité des travaux de Batty sur les modèles d’extensions urbaines (Batty 1985-2005) et ceux de Clarke avec son modèle UGM et son programme SLEUTH (Clarke 1996 – 2000) par exemple, peu de travaux concernent la modélisation de systèmes de peuplement. On peut citer néanmoins les travaux de Denise Pumain et Lena Sanders qui étudient la dynamique d’un système de peuplement sur u temps long, dans le cadre du programme SIMPOP project. Ils constituent le meilleur exemple de l’approche de l’étude de la dynamique d’un système de ville à travers les théories de l complexité avec des résultats très aboutis tant au niveau et théorique que méthodologique. Denise Pumain en a tiré un modèle théorique qui « rend compte de la persistance de l’organisation hiérarchique et de la trame spatiale des systèmes de villes, ainsi que de la relative durabilité des spécialisations fonctionnelles entre les villes, à partir de leurs relations de concurrence et d’émulation ». (Pumain 1997, 1998, 2008 ; Pumain et al, 1995, Bura et al, 1996, Sanders et all, 1997). Cette réflexion conceptuelle novatrice, qui préfigure de l’intérêt des géographes pour les systèmes dynamiques et les théories de la complexité par des approches « individus centrés » (AC et SMA), débouche sur l’élaboration de modèles de simulation formalisés autour du modèle SIMPOP et SIMPOP2 (Bretagnolle et al. 2006, 2008, 2009) ou EUROSIM (Sanders et al, 2007). L’équipe PARIS a ainsi contribué à de nombreuses recherches sur la hiérarchie et l’organisation du système, principalement sur les pays européens (Rosenblat et Pumain 1993; Offner et Pumain 1996; Pumain et Godard 1996; Pumain et al. 1996; Cattan et al. 1999; Pumain 2006; Pumain et al. 2009). En ce qui concerne l’Algérie, les recherches sur les systèmes de peuplement sur du temps long restent rares faute de pouvoir disposer de données exhaustives à l’exception notable des travaux de Redjimi, de Rousseau (Rousseau 2001), de Kateb (Kateb 2003) ou de  61 Kouzmine (Kouzmine 2005) qui lui ne traite que de la partie saharienne du pays. Ces recherches ont aussi contribué à formaliser cette relative durabilité des structures, soit en changeant d’échelle, comme pour le cas de la base e-geopolis et des travaux de Moriconi (Moriconi, 1994), soit en modélisant les extensions des agglomérations pour en comprendre les mécanismes. Ces travaux ont commencé par être traité de manière statique à partir des méthodes d’analyse morphologiques à partir d’images atellitaires (références) avant d’être abordé par des approches dynamiques à base d’automates cellulaires. L’utilisation des Automates Cellulaires (AC) en géographie remonte aux années 70, avec les travaux Tobler (Tobler, 1970) et surtout un article précurseur titrant « Cellular Geography » (Tobler, 1979). Mais ce sont assurément les modèles d’extension urbaine de White et Engelen qui préfigurent d’un modèle géographiquement élaboé utilisant la logique des AC (White, Engelen, 1993a, 1994a) avec des études sur l’extension de l’agglomération de Cincinnati (White, Engelen, 1994b et Engelen, White, Uljee, 1997). Au cours des années quatre-vingt-dix, les modèles cellulaires commencent à intégrer un certain nombre de contraintes destinées à les rendre plus applicables aux prolèmes géographiques. Ils sont toujours utilisés pour simuler la croissance du bâti  urbain (Batty, Xie, 1994 ; Xie, 1996) (Portugali, Benenson, 1995) (Clarke et al., 1996a, 1996b) ((Engelen, White, Uljee, Drazan, 1995 ; Engelen, 1995 ; White, Engelen, Uljee, 1996) (Phipps, Langlois, 1997 ; Ellerkamp, 2000).  Système d’agglomérations et accessibilité L’influence de l’agglomération sur la croissance économique est lié, depuis Pigou (Pigou, 1932) et Marshall (Marshall, 1890), aux « économies externes d'agglomération ». L’urbanisation est probablement la manifestation la plus visible du processus d’agglomération : industrialisation et urbanisation ont progressé de concert. Dès 1963, Kansky a mis en évidence la corrélation positive entre la qualité des réseaux de transport, décrit à l’aide d’indices simples de la théorie  des graphes, tels que, la connectivité et le développement économique des régions américaines. Si depuis de nombreux auteurs ont montré que ce lien n’est pas mécanique, puisque la construction d’infrastructures constitue avant tout une opportunité dont les acteurs locaux se saisissent ou pas (Offner, 1990 ; Plassard 1992), il n’en reste pas moins que la place occupée par les villes au sein des grands réseaux en termes d’accessibilité constitue à l fois le signe de leur puissance (puisqu’elles sont parvenues à polariser les réseaux autour d’elles) et le moyen de leur développement futur, comme en témoigne par exemple la volonté affirmée des villes françaises d’être des gares pour le train à grande vitesse (TGV) ou d’être dotées de lignes  aériennes les connectant aux grands pôles de développement économique. Quelques auteurs (Rozenblat et Pumain 1993 ; Grasland, 1999 ; Chapelon, 1997) ont illustré l’importance de l’accessibilité dans ses différentes dimensions (accessibilité nodale, centralité etc.) sur le développement tant quantitatif que qualitatif des villes.  structura Croissance et tion de l’espace Une réflexion pertinente en économie spatiale passe par la considération de rendements croissant, idée maintenant largement admise et parfaitement illustrée par Krugman dans un ouvrage associe la géographie et de l’économie  travers le thème du développement (Krugman 1995). En particulier, le rôle des villes dans la croissance économique a été souligné tant par les économistes du développement (Williamson, 1988), que par les économistes urbains (Henderson, 1988), ou les économistes de la croissance (Lucas, 1988 ; Fujita et Thisse , 2002) qui résument simplement ces idées en affirmant que l’ « on peut penser l’agglomération comme croissé la contrepartie territoriale de la ance conomique ». La recherche francophone en économie urbaine s’est développée tardivement en dépit de l’importance des travaux pionniers de J.F. Perroux et J.-R. Boudeville des décennies 50 et 60. P.-H Derycke distingue trois phases dans l’établissement de l’économie urbaine en tant que discipline autonome : l’ « âge d’or » de l’émergence, la phase d’approfondissement, les nouvelles problématiques (Derycke, 2009). Les premiers efforts théoriques se fondent sur les théories de localisation optimale fondées sur le comportement microéconomiqe des agents. Mais, les hypothèses sur l’espace isotropique brident ces modèles des années 60. En élargissant l’analyse aux entreprises (concurrence spatiale), aux stratégies de catégories d’agents particuliers (promoteurs immobiliers) et au rôle des infrastructures, la « nouvelle économie urbaine » relance l’intérêt des études urbaines sous l’angle économique. Les travaux pionniers influenceront les politiques urbaines en particulier dans la direction de l’armature urbaine (les métropoles d’équilibres ; les villes nouvelles). L’hypothèse de la monocentricité est rapidement abandonnée et à partir des années 80, l’économie urbaine approfondit ses hypothèses (polycentralité, suburbanisation, métropolisation) et s’ouvre à d’autres approches spatiales  62 comme l’économie régionale (Aydalot, 1985) et l’économie industrielle (Rallet, Torre, 1995). L’influence réciproque entre la croissance et le fait urbain peut être appréhendée à travers la prise en compte simultanée desphénomènes d’agglomération et de croissance (Polèse 1994, Baumont et Huriot, 1999). Une approche synthétique des nouvelles analyses de la croissance et des théories de la structuration de l’espace permet de founir un cadre d’analyse commun à  deux processus cumulatifs : celui de l’accumulation des activités économiques dans le temps et celui de l’accumulation des activités économiques dans l’esace.    Urbanisation et croissance dans lesSuds Deux visions s’opposent, concernant la relation entre l’urbanisation et la croissance dans les pays en développement. La position de Tordaro postule la sur-urbanisation des pays en développement (Tordaro,1995), tandis qu’un courant considéré comme moderniste affirme que les grandes agglomérations sont indispensables aux économies d’échlles (Wheaton et Shishido, 1981). Mais le débat manque d’exemples empiriques ayant une profondeur historique suffisante. Les rares travaux traitant du thème sont le plus souvent fondés sur des analyses en coupe transversale, ou alors sur des panels trop limités pour appréhender la nature dynamique du phénomène. Moomaw et Shatter testent l’idée selon laquelle l’urbanisation influence la croissance (Moomaw et Shatter, 1993). Ils montrent que la concentration métropolitaine a un impact positif sur la croissance, tandis que la population de la plus grande ville a un impact négatif. Ces travaux ne peuvent, pour des raisons méthodologiques, appréhender l’importance de la dimension temporelle. (McCoskey et Kao, 1998), en introduisant des données de « panel non-stationnaires » se sont interrogés sur le rôle que l’urbanisation peut jouer sur les niveaux de développement, tant pour les pays développés que pour les pays en développement. Ils montrent que si l’urbanisation est un élément crucial de la croissance, son impact varie grandement selon les pays et qu’il est ainsi délicat de déterminer clairement les signes des effets  de long terme de l’urbanisation sur la croissance. Situation de la problématique Ce cadre théorique nous situe dans une approche générale de système de ville reconnu comme ouver et plurifonctionnel, qui impose au moyen de sa configuration (trame spatiale et hiérarchie), de sa dynamique (processus d’agglomération) et de la propriété de ses éléments (accessibilité, centralité) des modalités de croissance et des dynamiques économiques régionales spécifiques. L’ensemble du système se structure et fonctionne grâce aux stratégies sociales, souvent multiples car elles concernent la pratique individuelle, les relations entre les groupes sociaux, la relation aux institutions, la construction de politiques à divers niveaux, et la relation entre le politique et les pratiques collectives ou individuelles. Nous appuierons par conséquent ce projet sur cette approche générale du système de villes, autour de quatre thèmes a fois aux mécanismes de l’urbanisation et  reconnus (Goldblum et al. 2004) qui font référence à l aux transformations sociales et économiques:  - Les configurations spatiales et sociales du système ; -  Les mécanismes et déterminants de l’urbanisation dans sa dimension dynamique ;  flux, les relations de dépendance, de centre  - Les interactions entre les éléments du système : les périphérie, de viabilité économique ; -  Les stratégies des acteurs et les actions publiques. Cette orientation nous permet également de pouvoir situer les spécificités du système dans les Suds et des Suds par rapport à es modèles généraux de relation croissance – agglomération. Les modalités de fabrication de la ville algérienne sont à chercher dans les processus de recomposition sociale qui produisentet accompagnent la production et la distribution des territoires de la ville. (Belguidoum, 2009. Madani, 2002). C’est l’interaction entre ces formes de ecomposition sociale et les formes de croissance urbaine et économique qu’il sera intéessant e comprendre et de modéliser.  rd  4. Knowledge, Education and Cultural Production in the Nile Valley. Entangled  63 Histories from Modern Egypt and Sudan The modern history of the Nile Valley offers important insights into the evolution of nowledge, education and cultural production in the interrelationships of different historical, social and geographical contexts. A study of the diverse social realities of modern Egyptian and Sudanese  societies contributes to an innovative re-conceptualization of the production, transmission and validation of knowledge and its relation to power. The profound historical ruptures and political transformations of Egyptian and Sudanese societies in the 19th and 20th centuris provide an additional historical perspective on the adaptability and continuity of ideas, values and beliefs in cross-cultural settings. This project therefore reveals critical interdisciplinary insights that are invaluable for current debates on the concept of mdernity and the evolution of knowledge in its relation to political, religious and social power.  a. State of the Art and Objectives The study of the evolution of knowledge and cultural production remains central to historical, anthropological and sociological research. The aim of this research project is to identify the social, political, ideological and economic processes that have shaped knowledge and the modes of cultural production in Egypt and Sudan during te 19th and 20th centuries. The project highlights the evolution of intellectual premises and ideological visions in the fields of education, professional training and higher education, municipal and state administration, literature and art and political culture. Moreover, the investigation focuses on the possible interconnection of these premises and visions with the narratives of the nation and he state. Key actors are also identified in the development and transmission of knowledge. In this regard, the project reconstructs the reflexive relation of knowledge and power, highlighting the importance of scientific knowledge, education, literature and the visual arts for ideological  reflections about the self, society and the state as well as for state politics. A central paradigm, which for many decades has influenced the available literature on Arab and Islamic societies, highlights the importance of external influences on cultural and intellectual spheres and their evident impact on social and plitical change. Echoing the dominant position of modernization theories in the broader field of Middle East Studies since the early 1950s, this paradigm considered local societies as mere recipients of outside, i.e. European or “Western” inspirations; knowledge was perceived as imported. Moreover, change was associated with the politics of external actors. The present study calls this paradigm into question, by providing original and innovative readings of modern Egyptian and Sudanese history and societies. Focusing on the pluralist character of the local experiences of societies in the Nile Valley over a ies with theoretically  period of two centuries, this project combines detailed empirical case studinformed analysis and interdisciplinary explorations.  Three main research questions guide the project and related case studies: tjie 1. Re-evaluaing the impact of maor events in modern Egyptan and Sudanes history on relations between knowledge and power  Despite theprominence of Egypt in historical research into colonialism and postcolonial transformations, few studies have attempted to trace the interconnection of knowledge and culture and the development of modern societies in Egpt and Sudan in the medium term. The modern period is taken as a broad definition of the temporal scope of this project which aims to iaectories  reconstruct mportant social nd intellectual trajacross major events during the last two centuries. Considering major historical events as crossing points rather than as lines of division, the project therefore aims to reshape established narratives that depict Egyptian and Sudanese history as a succession of clea-cut periods narrowly defined in terms of political power. The concept of modernity, for instance, will be assigned renewed meanings through the  investigation of social, intellectual and educational processes peculiar to the Nile Valley region. el 64 2. Reconstructing the fragmentation and ntanglement of knowledge and cultura production across diverse geographical spheres and scial milieus The particular geographical position of Egypt and Sudan in-between various presumably distinct spaces and spheres is a key element for this project. Considering the location of the Nile Valley at the intersection of the Mediterranean, the Mashreq, the Red Sea and Africa, a simple centre/periphery framework does not reflect the peculiarities of these societies. Furthermore, the sharp contrast between urban and rural areas, both in Egypt and Sudan, and the local particularities contradict any essentialist narrative of shared intellectual legacies and cultural  practices. The project thus researches the translocal dynamics of knowledge and cultural production in each country and traces the emergece and interaction of conflicting ideologies and identities. Moreover, a study is made of regional flows of ideas in conjunction with identifying the specific interconnection of intellectual phenomna across geographical borders. In this sense, the concepts of Kulturtransfer, transnationalism and entangled history are relevant to the investigation into the particularities and communalities of the locl appropriation, transformation and actualization of knowledge, cultural production and value  systems. gproduction  3. Identifyin the relationship between the of knowledge and culture, the evolution of national narratives and the processes of state formation The project aims to identify the impact of knowledgeand culture on the construction of the nation and the legitimization of the state. Focusing on early childhood and primary school, secondary and higher education, academic scholarship, administration and governance, the arts and literature, as well as political culture, a study is proposed of the use and manipulation of knowledge for the formation of identities and state policies. Processes of identity making and the creation of socially cohesive groups are considered in association with the emergence of he social sciences, arts and literature. Equally, they are connected to the elaboration of shared narratives and representations of imagined communities. The need to negotiate shifting loyalties and approaches to society is one key factor in the historical development of increasigly vibrant local political cultures, with features deriving from local and non-local  intellectual traditions. A team of young scholars with outstanding academic records will conduct the research for this project. The team comprises a wide range of backgrounds, reflected in the collaborators’ various academic fields of specialization. Their research interests respectively include a broad spectrum of disciplines in the humanities and social sciences: political, social and intellectual history; political science; sociology; architecture; language and literature. The project will be based on eight individual studies; however, these studies are closely related due to shared research interests and theoretical considerations. Overall, the research project and individual studies  were developed through close the cooperation of the project team members. Charlotte Deweerdt will complete a study of the urban history of Alexandria between 1855 and 1905. Her study is to concentrate on three fields: the relationship between urban administration and political power, the evolution of social morphology and the transformation of the land ownership market. Based on micro-historical investigations into the socially complex area between the Esplanade, Bab al-Bahr and Minshiyya, this enquiry challenges established narratives on Alexandria’s history in the late Ottoman context and contributes to historicl  studies of local administration and urban planning. A second study by Malak Labib deals with the emergence of state statistics and the development of social sciences in Egypt befre and during the colonial era (1870-1940). Statistical knowledge and techniques became increasingly institutionalized in the 1870s; they were then turned into instruments of the state apparatus to control and administer state institutions. The analysis of issues relating to statistics and social sciences provides an original insight into the mechanisms  and dynamics of local and colonial rule. An additional study by Annalaura Turiano examines the production and transmission of technical and professional knowledge in Aexandria between 1890 and 1950. The focus is on private secondary schools in the city, which filled an important gap in the state education system, by imparting technical knowledge to urban workers and craftsmen. Based on interviews with former pupils, official statistics, school directories and schoolbooks, this study will scrutinize the evolution of technical and professional training and its impact on social  65 dynamics and change. Iris Seri-Hersch analyzes the production, representation and transmission of historical knowledge in Sudanese schools during the late Condominium period and the early pst- independence era. The evolution of historical knowledge in and about the Sudan is examined both in the educational and academic sphere. Combining micro-level investigation of individual trajectories with a broader analysis, the study identifies flows of knowledge, people and procedures between intellectual/academic milieus and the school system. Based on a wide range of previously unexploited written sources, this investigation considers the impact of political, ideological and economic transformations upon the production and diffusion of  historical knowledge in the Sudan. A study by Chiara Diana focuses on the emergence of early childhood education in Egypt in the 1980s and 1990s. This is set in the context of the growing participation of women in the labour market, the decline in birth rates and the commercialization of education. With emphasis on anthrophological and historical perspectives, the focus is on the motivation and conditions for the evolution of new educational paradigms and institutions. In addition to interviews and official sources from local, government and international institutions, pedagogical treaties, schoolbooks and syllabuses will be scrutinized to identify the various dynamics at work in this  sector. The main focus of a study by Götz Nordbruch is the transformation of intellectual approaches to society and politics in Egypt rom the mid-19th to the mid-20th century. Intellectual production during this period will be assessed in the context of the wider social and economic transformations whch were not necessarily triggered by outside interventions. Hence, this study reconstructs the development of concepts such as “civilization”, “reform” and “constitution” in terms of their indication of immediate local concerns and challenges. Highlighting the relevance of local contexts and traditions, the study will call into question the  established peridodizations of Egyptian intellectual and political history. Another study by Elena Chiti analyzes multilingual literary works produced in Alexandria from 1890 to 1940. The aim of this study is to reconstruct the city’s literary production in various languages and to trace the impact of the autors’ personal background and sociabilities on the production, dissemination and reception of their literary works. In contrast to an existing historiography, this study will not consider Alexandria’s cosmopolitanism as a given and obvious context; instead, it is this very image of cosmopolitan Alexandria that is scrutinized and  explored in further detail. Artistic expressions in sculptures and paintings are the focus of a final study conducted by Elka Correa. She investigates the influences of historicist and nationalist ideologies on Egyptian modern artistic production between 1900 nd 1936. This research considers art as reflecting ongoing cultural and technical changes in society. In this sense, the modernization of Egyptian society was echoed in far-reaching technical, political and ideological innovations, such as industrialization and nationalism, and thus profoundly transforming the forms and content of cultural expression. This study aims to scrutinize the ambivalent relations between art, nationalism and modernity in early 20th century Egyptian art.  b. Methods The aforementioned case studies will be conducted on the basis of close coordination and continuous exchange. This will be institutionalized in the form of regular research project  meetings.  These will facilitate the (re-)focusing of respective research perspectives and the development of coherent answers to the project’s objectives. As a starting point, the case studies in this project will draw upon three epistemological insights  outlined by Carlo Ginzburg, which highlight the possibilities and limits of historical enquiry: uth.  1. Historical evidence pertains to the sphere of probable truth, as opposed to absolute tr2. Any point of view on society is necessarily selective, partial and conditioned by existing systems of power. This is valid for all points of view, whether they are held by historians or their subjects of enquiry (historical agents).  3. A productive way to write history today is to find a middle way between 19th century naïve positivism and late 20th century pot-modern scepticism, thus considering sources as useful  documents that do not speak by and for themselves. Historians need to “make them talk” through answerable research questions. (Ginzburg 2003) The last few decades have witnessed an ongoing debate about the presumed benefits and shortcomings of historical studies focusng alternately on macro- or micro-levels of analysis. In this context, our study adopts the principle of scale variation as a central heuristic tool. (Revel 2006) At the micro-level, the focus on singular actors or specific urban settings serves to highlight both the particularity and diversity of historicalexperience, revealing the plurality of  possible individual destinies and approaches to society.  Among recent approaches to history, the concept of entangled history (histoire croisée) is of particular relevance for this project. This concept emerged in the context of renewed debates on globalization and critical re-readings of global and transnational history. (Kocka 2003) Scholars situating themselves within the fields of global history and postcolonial studies strove to “reconnect” histories that had been separated by national historiographies, thus pointing to  links and exchanges across geographical, ethnic and religious borders. The concept of entangled history aims at unearthing real or projected connections between historically constituted entities. It focuses on various types of entanglement or intersection through a multidimensional approach. (Werner/Zimmermann 2003) Nevertheless, instead of mechanically following through these considerations, the present project will empirically test  the premises of the concept and suggest modifications in accordance with its findings. In addition, the multiple time periods involved in the research process are taken into account through a triple historicization. The objects of study, the analytical categories and the relations between scholars and their objects are scrutinized in order to explicitly represen the  ach itself.   problematic aspect of the historicity of theapproHistory is an interdisciplinary discipline with Annales, microstoria, Alltagsgeschichte, or oral history echoing different epistemological assumptions and involving specific methods. As an academic discipline, history is subdivided into a wide range of fields referring to various spheres of human activity (political history, social history, economic history, cultural history, intellectual history, arts history, to name merely a few examples). This diversity of possible disciplinary approaches and methodological choices will also be reflected in the research project. Drawing on insights from geography, sociology, anthropology, linguistics and political science, the project combines crucial perspectives on the diverse social realities in the region under consideration.  c. Academic output and impact The primary goal of this project is to advance historical knowledge on modern Egypt and Sudan by folowing a multidisciplinary approach to the above-mentioned research questions. These findings will also be reflected in original and innovative theoretical contributions to contemporary historiographical dbates about key concepts and notions: representation and politics of representation, transmission of knowledge and culture, construction of identity, borders/frontiers, translocality/transnationalism, cosmopolitanism, heritage and memory politics. As such, the project’s objective is to influence both regional historiography as well as  theoretical discussions in the respective disciplinary fields. The empirical findings and theoretical considerations of the project will be presented in individual and collective publicatios. In addition, project members will engage in an ongoing critical reflection and evaluation of the project’s respective stages. As part of the discussion and evaluation, three workshops and an international conference with participants from East Asia, Latin America, Africa and the Middle East will allow discussion of the research process and its main findings from an interdisciplinary and cmparative perspective.  Moreover, the proposed project explicitly aims to appeal to a non-academic audience and to foster interest in the Nile Valley region across wider sections of the public. The aim is to engage in a fruitful dialogue with interested audiences through a website, public lectures, film screenings and photos exhibitions. These activities will deal with topics such as memory politics, ethnic and religious minorities, identity and society, colonial history and legacy and ontemporary migration.  c  5.  Représentation, participation et militantisme politique au Maghreb : pouvoirs et sociétés en réseau  PICS entre l’IREMAM/CNRS (UMR 6568, France) et l’IESA/CSIC (Espagne)  : Coordination IREMAM  Éric Gobe La représentation, la participation et le militantisme politiques ordonnent la vie politique moderne. Logiquement, ces objets sont depuis les débuts de la sociologie politique au centre de la discipline. Or, ils sont de plus en plus fréquemment présentés comme des problèmes publics relevant du registre de la crise de la démocratie. Ces questions ne concernent pas que les démocraties dites avancées (européennes et nord-américaines). Des régimes considérés comme hybrides ou autoritaires, tels que ceux des États du Maghreb sont eux aussi aux prises avec des questionnements semblables. Dès lors, les concepts de représentation, participation et militantisme constituent des objets de recherche d’une grande pertinence tant du point de vue de la disciplin (apport théorique et accumulation des études de cas) que de l’aire d’étude (le Maghre b).  Si l’autoritarisme marque la trajectoire des régimes du Maghreb central (Algérie, Maroc, Tunisie), les énoncés officiels continuent à inscrire les divers projets politiques dans le cadre de la démocratie comme réalité ou comm horizon. Toutefois, l’institutionnalisation croissante des élections pâtit de la pérennité de la manipulation des urnes (Tunisie, Algérie) et de l’augmentation progressive des taux d’abstention (Algérie, Maroc), alors que l’engagement militant peut être catégorisé comme opportuniste quand il concerne des partis du champ politique officil ou subversif quand il se rapporte à des formations non reconnues. Ce faisant, les discours des représentants suprêmes de la nation et des médias apostrophent la « classe politique », la sommant de se mettre à niveau afin de répondre aux attentes de leurs populations (consommation) et aux défis que doivent affronter leurs pays (modernisation des infrastructures et de l’économie). Les appels à la mobilisation et à la participation lancés par les régimes se fondent sur le double impératif de légitimation d l’ordre politique en vigueur et de renouvellement du personnel politique à travers un processus de rajeunissement, de féminisation et de sélection des compétences. À ces exhortations, répondent en écho les appels au boyc ds ottes oppoants.  Ce faisant, les différents régimes innovent nolens volens sous la pression des conjonctures et l’état des rapports de forces. Ils ouvrent ou restreignent la circulation des élites, dont ils tentent de s’assurer le contrôle : en organisant des élections plus ou moins verrouillées ; en instaurant une deuxième chambre parlementaire ; en introduisant des quotas (femmes) ou des critères corporatistes (collèges professionnels) dans diverses organisations ; en créant de nouvelles institutions souvent consultatives (Conseil économique et social, conseil sur les droits de l’homme, institut sur le monde amazigh, conseil des résidents à l’étranger, etc.) ; et, last but not least en favorisant les espaces de concertation durant les phases successives de discussion, d’élabor 68 ation et de mise en oeuvre de politiques publiques.  Les questions de la représentation, de la participation et du militantisme dépassent le champ politique institutionnalisé ou formel pour interpeller la société ciile. Elles sont également en prise avec le changement social et les innovations technologiques. Elles se rapportent aux rôles et aux usages des technologies de l’information et la communication.de la  même façon, qu’elles transcendent le territoire national pour s’immiscer dans les dynamiques de l’émigration, Enfin, on retiendra qu’elles peuvent renvoyer à des acteurs qui s’érigent en porte-parole de groupes avec parfois pour objectif d’impulser des actions collectives. On s’interrogera dès lors sur la nature de ces processus dialectiques et dialogiques souvent pacifiés, mais non dénués de conflits ; sur leur contribution à la fabrique du lien social et à la construction de la société en réseaux sociaux ; sur les effets de la dénonciation de la « classe politique » et de l’apologie de la société civile ; sur l’articulation entre la montée de l’expertise et le développement des dérives populistes, ainsi que sur le renouvellement du militantisme et de la trans formation des régimes. Ce sont les différents aspects du militantisme, de la participation et de la représentation dans le sens de leur objectivation et structuration collective (mouvement social, association, syndicat, organisation corporative, réseau social, etc.) ou institutionnelle (parlement, commission, conseil, etc.), qui forment l’objet central de ce projet de collaboration. En réfléchissant sur les modalités du militantisme, de la participation et de la représentation des Maghrébins, autant au sein de leurs pays respectifs que dans la diaspora, on s’attachera plus particulièrement aux manières de faire, aux pratiques et aux tactiques des acteurs, ainsi qu’à leur forme d’expression, leurs supports et aux canaux institutionnels qu’ils empruntent. In fine, on formulera l’hypothèse qu’en approfondissant la connaissance des sociétés maghrébines à partir de problématiques et d’objetsde recherche qui sont pertinents dans d’autres régions du monde, on envisage la possibilité d’un futur élargissement géographique du champ de recherche contribuant ainsi à sortir les sociétésmaghrébines d’un certain exceptionnalisme culturel.   O B) bjectifs préliminaires: 1) Renforcer et institutionnaliser la collaboration entre l’IESA et l’IREMAM autour des recherches en sociologie politique sur le sociétés maghrébines contemporaines et leur système  relationnel (l’Union européenne). 2) Mener une recherche exploratoire sur la problématique choisie qui devrait permettre de faire un état de l’art, d’affiner les questionnements et la définition de l’objet, ainsi que d’ouvrir  de nouvelles pistes de recherche. 3) Créer un réseau de chercheurs euro-maghrébins travaillant sur des problématiques proches,  en fonction de démarches plurielles et pluridisciplinaires. 4) Monter un projet de recherche pour le programme cadre de l’Union européenne.  C) Activités : 1) Organiser deux réunions annuelles entre les chercheurs de l’IESA et de l’IREMAM impliqués dans le projet afin, d’une part, de discuter de l’avancement des travaux de la recherche naire annuel.  exploratoire et, d’autre part, de préparer un sémi 2) Visiter les partenaires potentiels au Maghreb. 3) Organiser deux séminaires visant à mobiliser (1er séminaire) et sélectionner (2ème séminaire) de possibles partenaires des pays du Maghreb et de plusieurs pays de l’Union Européenne dans la perspective du montage d’un prjet de recherche euro-maghrébin. À titre indicatif, on prévoit d’aborder des études de cas dans les pays suivants de l’Union européenne: Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal et Royaume Uni, Suède ; et du Maghreb : Maroc, Algérie et Tunisie.  4) Organisation d’une réunion de travail afin de rédiger l’avant-projet de recherche euro-maghrébin.  n D) Résultats attedus : 1) Présenter un projet de recherche dirigé et coordonné par l’IREMAM et l’IESA au VIIe programme cadre sur la problématique discuée lors des réunions et avec des partenaires déjà sélectionnés dans les trois pays du Maghreb et dans une dizaine de pays de l’nion européenne.  On prévoit que la problématique embrasse des études de cas des différents pays participants. 2) Former un groupe de recherche de haut niveau composé de chercheurs confirmés et de jeunes chercheurs européens et maghrébins sécialistes du Maghreb et des pays de l’Union uropéenne.   e